Il y a en tout cas aujourd'hui une constellation tout à fait exceptionnelle. Une constellation qui pourrait signer, pour ces paradis fiscaux - la Suisse, le Lichtenstein, les îles Caymans ou Jersey, sinon leur mort, en tout cas le début de leur déclin. Et ça pourrait venir vite. Jamais, en effet, on a vu autant d'étoiles, de stars dans le monde politique, au sommet, se mobiliser contre ces zones de non-droit, ces centres offshore où il est possible de cacher son argent, ses profits, ses opérations pour échapper aux règles et aux impôts surtout de son pays d'origine.

Aujourd'hui, et c'est spectaculaire, que ce soit l'américain Obama, le britannique Brown, l'allemande Merkel ou le Français Sarkozy, ils sont tous très déterminés à s'attaquer, vraiment, à ces paradis fiscaux. Un consensus, parmi ceux qui comptent dans la régulation mondiale, est en train de naître, autour du sujet. C'est vraiment nouveau...

Une manière pour ces dirigeants de montrer qu'ils travaillent à « moraliser le capitalisme »...

Oui, bien sûr, il y a dans leur combat un aspect moral. Les scandales, en Allemagne, autour des comptes ouverts au Lichtenstein ou aux Etats-Unis autour d'UBS, la banque suisse, ont profondément choqué. Les politiques se doivent de réagir.

Il y a aussi des aspects économiques. Ces paradis fiscaux, en facilitant le travail des spéculateurs de tous poils, ont aussi largement contribué à la crise financière actuelle.

Ils sont surtout une source d'évasion fiscale. Les recettes qui échappent aux Etats, du fait de ces paradis là, ce sont des montants considérables. 100 milliards de dollars pour le budget américain chaque année, 15 à 20 milliards d'euros pour le budget français. Aujourd'hui, pas la peine d'insister, les Etats, on le sait, ont besoin d'argent. Ils peuvent en trouver en luttant contre ces paradis fiscaux.

Ils vont, cette fois-ci, vraiment réussir à se mettre d'accord, à interdire ces paradis fiscaux ?

A les interdire, peut-être pas. A leur faire vivre un véritable enfer, oui, ça, c'est sûr. Il y a encore et toujours une sacrée dose d'hypocrisie dans les propos des uns et des autres. Gordon Brown, par exemple, est un peu coincé aux entournures. La grande bretagne est, avec ses dépendances, Guernesey et Jersey, un paradis pour les paradis fiscaux. La France, elle joue le pionnière. Elle n'a pas conditionné ses aides aux banques à une interdiction de travailler dans ces paradis fiscaux. C'était pourtant facile.

Cela étant, avec la crise, on a changé d'époque. Cette hypocrisie, elle va perdurer. Une dynamique est pourtant en train de se créer. Elle pourrait, cette fois-ci, avoir la peau de cette hypocrisie, et avec elle, de ces soit disant paradis.