Quel partage de la richesse ?

Nicolas Sarkozy veut changer le partage des profits en France, il l'a promis lors du dernier sommet social. Le patron de l'Insee, Jean-Philippe Cotis, a été chargé d'établir un état des lieux. Le rapport est remis cette semaine. Polémiques assurées...

Oui, polémiques au pluriel ! Le sujet est bien sûr très sensible. Il nous concerne tous. Il est aussi très compliqué. Personne ne parle de la même chose. Exemple : Nicolas Sarkozy avait évoqué un partage en trois tiers : un tiers pour les salariés, un tiers pour les actionnaires, un tiers pour l'entreprise. Il a lui-même compris que cela ne voulait rien dire. Il a, heureusement, renoncé à cette idée. Reste que le partage de la richesse, c'est évidemment un thème essentiel. Il y a en réalité en économie deux sujets. Un. La production de la richesse. Deux. Son partage. Alors, sur le partage, le rapport Cotis, établi avec les partenaires sociaux, fait ressortir trois certitudes, trois éléments incontestables. Un. La part de la richesse que perçoivent les salariés n'a fondamentalement pas varié depuis le milieu des années 80, depuis plus de vingt ans donc. On entend dire que les entreprises s'en mettent plein les poches, aux dépens des salariés. C'est faux. Entre entreprise et salariés, la répartition globale n'a pas changé.

Le Medef applaudit. C'est ce qu'il a toujours prétendu, non ?

Oui, satisfaction du Medef, si l'on veut. Le reste du rapport lui plaît moins. Deuxième certitude : une explosion des inégalités salariales. Sur les dix dernières années, les très hauts salaires se sont envolés, les très bas salaires ont plutôt résisté, en revanche, les salaires moyens ont souffert. Bref, on a assisté à une forte augmentation des inégalités. Inégalités de salaires, inégalité de revenus, inégalités aussi de niveau de vie, comme l'a montré une autre étude, récente, de l'Insee.

Le rapport montre enfin que les dividendes distribués par les entreprises ont beaucoup augmenté ?

Oui. C'est vrai. Les entreprises ont davantage distribué de dividendes ces dernières années - de l'argent pour leurs actionnaires donc. C'est qu'elles se sont de plus en plus financées pour leur développement en faisant appel aux marchés, à la bourse, qu'elles ont dû pour cela suivre la hausse des cours, verser des dividendes de plus en plus élevés pour attirer les investisseurs. Ce sera sans doute l'un des points les plus débattus. Ce qui est pour le moins paradoxal au moment où les profits des entreprises baissent, où les cours en bourse se sont déjà effondrés.

Cela étant, dans le débat qui va s'ouvrir, le problème, le vrai problème, c'est qu'on va s'appuyer sur des généralités pour traiter de cas qui sont en réalité à chaque fois différents. Quoi de commun entre l'employé unique d'un artisan et le salarié d'une multinationale ? Rien. On va pourtant en parler de la même manière ! Le salarié de la multinationale, défendu par ses syndicats, y gagnera sûrement. L'employé du petit artisan, c'est moins sûr !

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