Sauver l'emploi, à tout prix

La production industrielle est en chute libre en France : - 16,5% sur un an ! On n'a jamais vu cela. Les entreprises ne sont pas toutes comme Total. Beaucoup hésitent à supprimer des emplois, à se séparer de leurs salariés...

Oui, tout sauf le chômage, tout sauf les licenciements. C'est, dans beaucoup d'entreprises, grandes ou petites, dans la majorité des entreprises en réalité, le mot d'ordre du moment. Les carnets de commande se vident ; la trésorerie s'épuisent. Les entreprises ne veulent pas néanmoins se séparer de leurs salariés, de leurs « ressources humaines », comme on dit. Leurs salariés, ce sont leurs actifs les plus précieux. C'est une culture, un savoir faire, des compétences... Elles savent que, à la reprise, elles en auront le plus grand besoin. Alors, elles ont, dans une première étape, procédé au « plus facile ». Elles ont renoncé à leurs intérimaires et CDD. Elles ont supprimé primes et heures supplémentaires, quand il y en avait. Tout cela ne suffit plus. Elles sont à la recherche d'autres recettes.

A lire, ce matin, l'enquête de « La Tribune », on comprend que les DRH ne manquent pas d'imagination ?

C'en est même assez spectaculaire. Pour conserver leurs salariés même quand il n'y a plus rien à faire, elles font feu de tout bois. Il y a bien sûr des trucs classiques. Certaines entreprises obligent leurs salariés à épuiser leur RTT ou leurs congés. D'autres les incitent à prendre des formations, à consommer leur crédit dès maintenant. D'autres encore reviennent aux 35 heures, voire à la semaine de quatre jours !

Il y a aussi des solutions plus originales. Chez

Renault

par exemple, c'est le « chômage partiel solidaire » : les cadres vont offrir leur RTT pour financer le chômage partiel des ouvriers. Chez GFI, une société informatique, tous les salariés, du haut en bas de l'échelle, sont mobilisés à la vente. Objectif : faire rentrer des commandes. Il y a des entreprises qui proposent de prêter, de louer, leurs salariés à d'autres ! Bref, face au cataclysme, c'est la grande débrouille.

Certains patrons envisageraient de baisser les salaires de leurs personnels ?

Une entreprise ne peut pas, unilatéralement, baisser le salaire de ses collaborateurs. C'est illégal. Ce serait une rupture abusive de contrat. Ca pourrait pourtant venir. Sur une base volontaire. Hewlett Packard, le fabricant d'ordinateurs, l'a fait aux Etats-Unis. Et pourrait le faire en France.

Tout cela montre que les entreprises sont conscientes de l'importance de leurs collaborateurs ; qu'ensuite, le système social français n'est pas aussi rigide qu'on le dit parfois. Ces solutions, malines parfois, ne sauraient néanmoins durer. Tous ces subterfuges face à la crise, ils ne peuvent être que provisoires. Le pari, c'est qu'ils vont permettre de passer le gros de la tempête sans perdre trop de forces. Un pari qui vaut d'être tenté. Qui doit être tenté.

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