A bâtons rompus avec Chris Rowen (Tensilica)

Tensilica possède une technologie de rupture : le processeur configurable. Sa gamme Xtensa s'est imposée dans plusieurs industries. Pour convaincre certains acteurs, la société a lancé des blocs complets et standardisés pour l'audio ou la vidéo. Sa technologie permet aux entreprises du monde de l'électronique de concevoir des circuits puissants, différenciés et à faible consommation. Récemment, Tensilica a lancé une nouvelle gamme de solution pour la radio numérique. Pour ce marché, elle s'est associée au laboratoire Dolby.

 

Tensilica a presque 12 ans. On trouve aujourd'hui vos puces un peu partout dans le monde. Quelles ont été les étapes importantes de la société ?

D'abord, il faut avoir une vision et, pour la faire connaître, il faut assembler une équipe. Ensuite, il faut créer le premier produit et gagner le premier client. Ensuite, il faut développer un business model capable de monter en puissance. Ensuite, il faut trouver d'autres clients qui ont suffisamment de problèmes de conception pour devoir considérer des solutions alternatives. J'ajoute que ces problèmes doivent être assez douloureux pour qu'ils puissent acheter nos circuits sans rechigner sur les prix.

D'abord la preuve que le concept fonctionne, ensuite les réunions avec les prospects et, si tout marche bien, ils essayent puis ils deviennent clients.

C'est le cheminement logique. L'idée est venue en premier mais il nous a fallu identifier ces concentrations de problèmes de conception pour lancer Tensilica.

Comment  vous est venu l'idée ?

C'est la synthèse de mon expérience professionnelle. J'ai travaillé dans les processeurs pendant longtemps mais aussi dans conception assistée par ordinateur pour circuit. J'ai conçu la société dans ma bibliothèque. J'ai fourni le premier round de financement avec Harvey Jones, l'ancien directeur général de Synopsys (conception assistée par ordinateur de circuit), qui est maintenant président de Tensilica. Puis nous avons sollicité des gens comme Andy Bechtolscheim (co-fondateur de Sun Microsystems) et les venture capitalist.

 

Qui furent vos premiers clients ?

Cisco, Zilog et une petite société de la Silicon Valley, Silicon Spice, qui a été rachetée par Broadcom. Cela a conforté notre démarche. De plus, nous nous sommes rapidement aperçu qu'un nombre intéressant de sociétés avaient besoin de le nos processeurs programmable et de la capacité d'automatisation de nos outils de développement.

En quoi êtes-vous différents des entreprises qui vendent des licences d'utilisation pour leur propriété intellectuelle ?

Une entreprise remarquable comme ARM vend sa propriété intellectuelle mais elle ne fournit pas de possibilité de différentiation. Avec nos processeurs Xtensa, nos clients peuvent configurer leurs circuits pendant la période de design et ajouter des éléments de différentiation, qui sont importants pour la commercialisation.

Cependant, vous avez mis au point Diamond, une ligne de produits standards. Pourquoi ?

Nous avons remarqué il y a quatre ans que certains prospects étaient intéressés par notre vision et par le concept de la différentiation dynamique. Cependant, ils avaient un peu peur de sauter le pas, d'apprendre les traits de notre nouvelle architecture. Pour les aider, nous avons lancé des cœurs logiques préprogrammés. Cela dit, nous n'aurions jamais pensé qu'ils puissent représenter un pourcentage significatif de notre chiffre d'affaires (un peu plus du cinquième). Au fil du temps, ces clients passent sur les processeurs configurables.

Quand avez-vous signé vos premiers clients dans l'électronique grand public ?

Assez rapidement, avec les fabricants d'imprimantes et de caméras. A nos débuts, nous vendions beaucoup au monde des télécommunications puis le pourcentage a diminué. Maintenant, une grande partie de notre activité est liée aux communications sans fil et à l'électronique grand public.

Comment envisagez-vous les cinq prochaines années ?

Les prochains six à neuf mois vont être certainement difficiles. Cela dit, les grandes tendances ne vont pas être remises en cause. Je fais allusion à la mobilité, à l'objet portable multimédia, aux besoins de faible consommation et à la connexion Internet. De nouvelles plates-formes vont voir le jour et elles devront supporter non pas un, deux ou trois standards mais une dizaine, voire une vingtaine de standards. Et elles devront pouvoir se parler et se comprendre entre elles.

Que représente Tensilica aujourd'hui ?

Nous comptons 120 employés, nous venons de passer le point mort et nous enregistrons une bonne croissance. Nos clients livrent 200 millions de processeurs par an. Un  tiers de notre chiffre d'affaires est fourni par les royalties et le solde par des licences et la vente d'outil de développement.

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