Rencontre avec Béchir Mana, le patron de Kroll en France et dans toute la zone EMEA. L'homme a aisément quitté la tenue de haut fonctionnaire, ancien de l'Elysée sous Chirac, puis membre de l'équipe d'Alain Juillet, Haut responsable à l'intelligence économique, pour endosser le costume de manager d'une multinationale et pas n'importe laquelle. Kroll reste le géant de l'enquête et de la maîtrise des risques, avec ses brillantes réussites et ses zones d'ombres, comme la Tribune l'avait montré dans une longue enquête (la Tribune 21 décembre 2004).
Béchir Mana apparaît détendu. Les affaires semblent bien se porter. Certes, en période de crise, le fond de commerce de Kroll - les enquêtes préalables aux fusions et acquisitions - est plutôt en mauvaise forme. Mais une autre activité progresse vivement depuis septembre 2008 : la traque des escrocs de la crise.
C'est d'abord le soutien à la « litigation », le soutien à la recherche d'actifs disparu par des procédés criminels, des actions engagées et menées par des avocats d'affaire. C'est ensuite l'aide aux entreprises qui mettent en place ou resserrent les contrôles internes, après l'insouciance des années d'expansion. C'est l'affaire de cette employée d'une filiale d'EADS qui détourne 13,5 millions d'euros sur laquelle il semble bien que Kroll ait enquêté même si Béchir Mana dément fermement s'être intéressé au dossier.
A côté du curatif, Kroll surfe sur le préventif, notamment évaluer les risques de désengagement d'un associé du capital d'une grande entreprise. Ces grandes enquêtes mondiales sont menées avec vérification de terrain. Bref, Kroll surfe sur les effets criminels que génère la crise. Béchir Mana peut envisager l'avenir avec un relatif optimisme.
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