Les dernières prévisions économiques présentées la semaine dernière par la Commission européenne présagent de mois difficiles à venir. Et la multiplication des reconfinements qui a lieu sur l'ensemble du continent ne risque pas d'éclaircir ce tableau pessimiste. Déjà, dans sa dernière note de conjoncture publiée début octobre, l'INSEE annonçait un nouveau tassement du PIB français sur le dernier trimestre 2020, conduisant à une récession de 9 % sur l'année. Comme l'écrit l'office statistique, nous sommes actuellement « une économie diminuée ».

Évidemment, il peut difficilement en être autrement dans le contexte que nous traversons. La seconde vague épidémique nous frappe de plein fouet, la consommation pâtit des nouvelles mesures sanitaires et, en l'absence d'un vaccin, l'avenir reste - c'est peu dire - incertain. Pour autant, je demeure convaincu que le découragement n'est pas une fatalité. La confiance est une dynamique auto-entretenue que nous pouvons recréer. Et si la persistance du virus reste un obstacle, les conditions peuvent être réunies pour relancer notre économie, en particulier via l'investissement industriel.

Réinventer nos industries pour sortir de l'ornière

L'urgence pour les entreprises tient en un mantra : investir, investir, investir. L'INSEE ne dit pas autre chose quand elle pointe que 20 à 25 % de la récession provient de la baisse des investissements du privé. L'affectation de ces investissements me semble toute trouvée : alors que nous sommes à un moment charnière de la crise environnementale, notre priorité doit être de mettre à niveau nos outils de production pour diminuer notre empreinte environnementale dans les territoires.

Depuis trop longtemps, nous avançons à petits pas vers la transition écologique. Il est temps d'accélérer dans cette voie et de faire d'une pierre deux coups : en investissant massivement pour réinventer nos industries à court-terme, nous nous donnerons les moyens de bâtir une nouvelle donne industrielle durable et de retrouver ainsi une trajectoire de croissance véritablement pérenne. En d'autres termes, de transformer la crise que nous traversons en opportunité de sursaut collectif en faveur d'un modèle productif réinventé.

Reconquérir une autonomie stratégique durable

Par ailleurs, au-delà des questions économiques et écologiques, c'est également un défi stratégique que nous pourrions relever. Plutôt que de délocaliser les pollutions industrielles avec les emplois comme nous le faisons depuis 40 ans, nous pouvons aider nos industries à construire des modèles de développement qui soient à la fois ancrés dans les territoires et conformes aux impératifs de durabilité écologique qui s'imposent à nous. Et ainsi rapatrier en Europe des activités stratégiques et les postes qui vont avec !

En engageant la transformation écologique de notre outil de production, nous pouvons donc atteindre l'autonomie industrielle de l'Europe, son autonomie environnementale et recréer des emplois dans la durée. Le tout en plaçant nos expertises à la pointe de la grande transformation mondiale qui se profile.

Retrouver le chemin d'une croissance harmonieuse

Quelle meilleure preuve de la complémentarité entre économie et écologie pourrions-nous apporter à l'heure où certains prônent la décroissance ? Quelle meilleure voie pourrions- nous emprunter alors qu'une telle démarche permettrait de créer des emplois pour de nombreuses années ? Faire le pari de la transition écologique de nos industries dès aujourd'hui permettra de lancer un véritable élan collectif qui, seul, pourra nous préserver d'une économie durablement diminuée.

Nous vivons un moment historique, avec une mobilisation sans précédent des sociétés et des autorités dans toute l'Europe, sachons le mettre à profit. Sachons mettre nos compétences, nos savoir-faire et nos moyens au service du grand défi du 21e siècle: passer d'une économie de prédation des milieux de vie à une économie qui aille au-delà d'un modèle passif de préservation de nos ressources, une économie positive bâtie sur la défense active de l'environnement et de nos territoires. Nous ne pourrons pas y arriver si nous ne faisons de l'industrie européenne la pionnière de ce nouveau paradigme productif.