Jouons collectif et bâtissons "l'Eurosphère"

De l'anthroposphère à la blogosphère... avec cette courte histoire de l'humanité, l'auteur nous propose ce qui est pour lui une évidence : il faut jouer collectif et bâtir l'« Eurosphère ». Par Didier Schmitt, conseiller scientifique et coordinateur de la prospective auprès de la conseillère scientifique principale et dans le bureau des conseillers de politique européenne auprès du président de la Commission européenne.
Didier Schmitt, conseiller scientifique auprès de la Commission européenne./ DR

L' Homo sapiens est au chamboulement de notre planète ce que le big bang est à l'Univers. L'un étant une conséquence inéluctable de l'autre. Forts de leur bagage génétique exceptionnel, seuls les hominidés ont réussi à s'installer dans toutes les zones habitables de la géosphère.

Ceci a conduit, in fine, à la création d'une anthroposphère. Celle-ci étant l'expression de la domination d'une unique espèce grâce à son ingéniosité et à la transmission de ses savoirs. Nous n'avons laissé aucun recoin de la planète inexploré, du fond des océans aux sommets des montagnes, jusqu'à la conquête de l'exosphère.

La sphère "bleue"

Soyons honnêtes, les deux hémisphères que nous avons entre les oreilles ont leurs limites, car l'évolution nous a fait compétiteurs et non clairvoyants, bien qu'il y ait des mutants. Ainsi l'homme a changé considérablement « sa » sphère bleue, en commençant par l'utilisation de la lithosphère, depuis l'âge de pierre jusqu'à l'exploitation de minerais, charbon, pétrole, gaz, et terres rares.

Chemin faisant, nous avons créé une technosphère d'une complexité inouïe, du premier chariot au TGV. Il suffit de contempler la « photosphère », immortalisée par les images satellitaires nocturnes de nos villes, pour s'en rendre compte.

Par conséquent nous avons fini par endommager notre atmosphère. Il s'ensuit un réchauffement climatique qui altère notre cryosphère : les glaciers et les calottes polaires ! Par ricochet, l'hydrosphère va être dans tous ses états, conduisant à des pénuries ou des excès de précipitations. Et comme nous ne sommes pas (encore) prêts à changer nos habitudes, la biosphère va continuer d'être malmenée !

Les sphères de la techno-communication

D'autres facettes de la technologie nous permettent d'assouvir notre soif insatiable de savoir et de communiquer. Et voilà que nous baignons littéralement dans une « infosphère » : du télégraphe au téléphone et autres « télésphères » à venir. À terme nous pourrons partager tous nos savoirs dans une « blogosphère » - Facebook, Twitter, etc.

Si bien qu'une cybersphère fait irréversiblement partie de notre existence. De plus, nous voulons être dans l'instantané et nous vivons déjà dans une « chronosphère » où le temps ne cesse de s'accélérer. Et voici l'heure de la surinformation, où la quantité remplace souvent la qualité.

Divergences utiles et valeurs communes

Oui, le monde est devenu fragile et virtuel. C'est bien pour cela que le « politique » doit se doter d'une vue à long terme. En Europe nous n'avons plus le luxe de préparer l'avenir. Au jour le jour et de façon cacophonique, chacun est pris dans sa petite « égosphère ».

Au moment où notre écosphère et notre « éconosphère » sont en danger, au moment où certains sont en proie aux sirènes du repliement sur soi et de la discorde, au moment où le village Europe et le village étasunien s'apprêtent à rapprocher leurs échanges commerciaux, renforçons nos fondements européens.

Renforçons cette « Eurosphère » qui est la seule à pouvoir nous aider à trouver un équilibre - une « homéosphère ». C'est bien ce que nous a déjà appris le projet européen : un équilibre entre des divergences utiles et des valeurs communes. Par rapport au monde extérieur (qui comptera 9 milliards d'individus en 2050), ne nous payons pas le luxe d'être naïf ; soyons même égoïstes, mais tous ensemble, en bâtissant une Eurosphère durable, seul garant de notre identité et de nos valeurs dans un monde en mutation.

Faisons en sorte que notre compétitivité, à l'échelle européenne et vis-à-vis des autres acteurs mondiaux, continue d'être fondée sur l'innovation scientifique et technologique. Mais ne laissons pas la technosphère s'emballer toute seule, réalisons « notre » vision de société, dans le cadre d'une prospective commune et cohérente. Soyons courageux en jouant collectif et collaboratif.

Ainsi nous bâtirons une société où la connaissance et la maîtrise des technologies seront pleinement au service du citoyen.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 03/02/2014 à 19:22
Signaler
"conseiller scientifique et coordinateur de la prospective auprès de la conseillère scientifique principale et dans le bureau des conseillers de politique européenne auprès du président de la Commission européenne."l'europe est pleine de ressources p...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.