Air France, aviation : faire sans le gouvernement...

Le rétablissement des comptes d'Air France est artificiel, il tient à la baisse du prix du pétrole. En réalité, la compagnie ne se porte pas bien, structurellement, et le gouvernement ne fait rien pour l'aider. Par Franck Proust, député européen (PPE)

L'arrivée de Jean-Marc Janaillac marque une nouvelle étape pour notre pavillon national. Même si les chiffres sont au beau fixe pour notre compagnie, l'équilibre est fragile et les turbulences encore en vue. Il a perdu beaucoup ces dernières années face à la concurrence de plus en plus dure venue de l'étranger. Alors que fait le gouvernement français ?

Inconsistance, incohérence, et aujourd'hui absence : voilà le constat que je dresse sur la non-stratégie du gouvernement pour défendre les intérêts nationaux.

En 2014, M. Le Roux présentait un rapport pour redonner de l'air aux compagnies françaises. Des mesures « urgentes »...qui n'ont pour la plupart jamais vues le jour. Les compagnies françaises continuent à avoir un niveau de charges parmi les plus élevées du monde, grevant mécaniquement et inutilement un peu plus leur compétitivité. Où se cache le gouvernement?

Un sursaut artificiel pour Air France

Air France tente de se restructurer. Malgré des bénéfices dans le vert, ce sursaut est pour partie artificiel mais surtout précaire  (remontée prévue du baril, négociations de restructuration toujours en cours). Le gouvernement est muet sur le fond du dossier. Il est pourtant actionnaire, il décide des nominations. Il est le premier intéressé à maintenir une compagnie nationale puissante avec une base forte. Aurait-il peur de ceux qui crient les plus forts, comme certains syndicats, ou bien de ceux qui ont raison?

L'actionnaire étatique fait encore pire : il annonce geler des droits de trafic pour les compagnies du Golfe pour se protéger d'une concurrence déloyale. Mais M. Hollande négocie en sous-main la vente au Qatar d'avions Rafale contre des créneaux. Et la SNCF passe un accord pour amener des passagers à Emirates (concurrent direct de nos compagnies) depuis des villes de province que cette compagnie ne dessert pas. La SNCF n'est-elle pas une société publique, dont les dirigeants sont nommés par le gouvernement ? Où est la logique en matière de politique de transports et de soutien à nos entreprises ? J'en reste pantois...

Une inaction qui pèse lourd

Il n'est pas question d'interventionnisme public. La concurrence étrangère n'est pas en cause. Et si la compagnie nationale traverse une période difficile : c'est aussi à cause de soucis internes, des restructurations non-abouties. Mais l'inaction de ce gouvernement pèse lourd. Lorsque l'on est une puissance publique, de surcroit propriétaire en partie (Air France) ou de la totalité (SNCF) d'une entreprise, qu'on en nomme d'ailleurs les dirigeants : nous avons le devoir d'orienter les opérations.

On peut critiquer les pays du Golfe sur certaines pratiques, mais ils ont raison sur un point: avoir fait du transport aérien le bras armé de leur politique commerciale. C'est un pourvoyeur de connectivité, et donc de croissance et d'emplois (5 millions en Europe). La Commission, pourtant grande tenante du non-interventionnisme économique, agit et lance une stratégie pour l'aviation. Quand la France agira-t-elle? »

Eurodéputé (PPE) du Sud-Ouest depuis 2011, Franck Proust siège en commission du commerce international et en commission des transports. Il est vice-président de l'intergroupe «Ciel et Espace» du Parlement européen et a reçu le prix du meilleur eurodéputé de l'année 2015 (MEP Award) dans la catégorie « transports ».

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Commentaires 3
à écrit le 07/06/2016 à 10:24
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Ne pas oublier le passage de Janaillac à AIR LIB il en a été l'un des fossoyeurs donc rien de bon pour AIR FRANCE hélas !

à écrit le 07/06/2016 à 9:57
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Suite. En fait, cela correspond à répartir les charges sociales sur le travail et sur l'énergie. Cette taxe sur l'énergie est une idée de notre prix Nobel d'économie pour protéger le climat. C'est très difficile à comprendre.

à écrit le 07/06/2016 à 9:49
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La solution consiste à prévoir le financement des retraites par une taxe sur l'énergie. Mais les Français n'en veulent pas, ni la DGAC, ni personne. Cela s'applique aussi à la SNCF et à toutes les entreprises. Alors!!!

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