Bertrand Piccard en direct de la COP26 : « Enfin mettre en œuvre des accords déjà presque obsolètes »

LES TOPS ET LES FLOPS DE LA COP26. La COP26 travaillera cette semaine à la mise en œuvre technique des accords de Paris. Les actions doivent devenir concrètes car les engagements de 2015 ont déjà pris du retard sur la réalité climatique. Par Bertrand Piccard, Président de la Fondation Solar Impulse.
(Crédits : REUTERS)

Bertrand Piccard, président de la Fondation Solar Impulse, psychiatre et explorateur, auteur du premier tour du monde en ballon (1999) puis en avion solaire (2015-2016), tiendra durant cette quinzaine une chronique quotidienne des succès et des déceptions de ce rendez-vous crucial pour l'avenir de notre planète. Une exclusivité pour La Tribune et le quotidien suisse Le Temps.

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Les défis techniques commencent à Glasgow. Après une semaine de négociations entre les chefs d'État, l'heure est maintenant à l'application des accords de Paris. Finis les beaux discours, place aux chiffres, aux rapports et aux décisions. Il était temps ! La mise en œuvre effective de l'accord de Paris datant de 2015 est en retard sur la réalité environnementale. En six ans, la situation s'est largement dégradée : inondations, sécheresses, incendies, rien que l'été 2021 a montré l'ampleur dramatique du dérèglement. Ce ne sont plus seulement les générations futures qui seront touchées, mais déjà la nôtre.

En fait, l'écart entre ce que nous faisons et ce que nous devrions faire augmente tous les jours. Les discussions techniques sur ce que l'on appelle le « Paris Rulebook » peuvent sembler moins passionnantes que les promesses tape-à-l'œil d'objectifs zéro, de milliards de dollars de financement et de limitation du réchauffement climatique à 1,5 degrés Celsius. Il s'agit pourtant de la base sur laquelle construire tout le reste.

Les questions à résoudre demeurent nombreuses, complexes et techniques. Parmi elles, trois se détachent : les délais, la transparence et le marché du carbone.

Le sujet des délais semble être la plus simple. Les parties doivent « simplement » se mettre d'accord sur un calendrier approprié pour vérifier les progrès d'un pays par rapport à son engagement climatique. Or, jusqu'à présent, aucun accord n'a été trouvé. Cinq ans ? Dix ans ? Des délais flexibles ? Cette interrogation montre à quel point même les questions les plus simples font l'objet de marchandages à la COP26.  

L'accord de Paris exige également plus de transparence de la part des pays, ce qui signifie des règles plus strictes pour rendre compte des progrès réalisés, mais aussi plus de bureaucratie. Un travail facilement gérable pour nos démocraties occidentales, mais une tâche écrasante pour les pays du Sud dont les ressources sont déjà fortement sollicitées.

Enfin, il reste l'épineuse question du marché du carbone. L'objectif, honorable à première vue, est de permettre aux pays riches de réduire leurs émissions de CO2 en investissant dans les pays en développement, où chaque tonne d'abattement coûtera moins cher. Cependant, certains pays veulent jouer avec les chiffres en appliquant une double comptabilité. L'amélioration écologique compterait alors à la fois pour l'investisseur et pour le pays bénéficiaire, ce qui est absurde. Si l'objectif de la COP26 est de mettre enfin un terme à la tricherie en introduisant des délais et des mesures de transparence, le marché du carbone ouvre grand la porte à d'autres moyens de tricher.

Six ans se sont écoulés depuis l'Accord de Paris. Pourtant, nous sommes toujours en train d'en négocier le cadre de mise en œuvre. Les États doivent absolument accélérer le rythme pour garantir que cet accord ne soit pas dépassé par la réalité et ne devienne obsolète. Pourvu qu'ils ne donnent pas raison aux pessimistes...

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Commentaires 3
à écrit le 09/11/2021 à 13:48
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Triste constat de l'échec commun et échec personnel de ceux qui "causent dans le poste" et bavent dans les "médias".

à écrit le 09/11/2021 à 13:15
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chaque jour un article avec le bobo piccard, latribune a la recherche de financement se transforme en tribune de propagande pour bobos adeptes de cocktails.

à écrit le 09/11/2021 à 9:05
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"Si l'objectif de la COP26 est de mettre enfin un terme à la tricherie" Vous êtes un grand naïf en fait car autant vous dire qu'à Davos ils s'en tapent de ce que leurs médias et leurs politiciens racontent et promettent vu que c'est leur taf de bavar...

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