Campagne de Brousse : le froid hiver de Blanquer

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. En cette année présidentielle, il tient dans La Tribune une revue de la crise politique et sanitaire, intitulée comme il se doit Campagne de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

Brrrrrr, il commence à faire froid. Madame Hiver se rappelle à nous, histoire de nous inviter à ne pas tout de suite espérer trop du réchauffement climatique ... Mais pas forcément de l'oublier, et certainement pas assez pour décourager les enseignants et les parents d'élèves excédés de dénoncer leur désarroi, voire leur colère, face aux directives imprécises, incompréhensibles et mouvantes de l'Education nationale et du Ministère de la santé.

Quels protocoles dans les classes face aux contaminations par le méchant Omicron ? Un test - auto, antigénique ou PCR, lequel ? - puis deux autres, à deux et cinq jours, ou sept si l'on n'est pas vacciné, ou moins si le premier, etc. ... Qui peut y comprendre quelque chose ? Quand la directive arrive un dimanche soir et qu'il faut l'appliquer le lendemain à huit heures. Quid des cas « contact », et des contacts de ces cas « contact » ? Quand par ailleurs les centres de test ou les pharmacies sont engorgés, quand les « packs » de tests manquent. Les enseignants privés de leur rôle premier jonglent, et les parents confondent à l'envi négatif ou positif, qu'il s'agisse de l'état sanitaire de leur progéniture, ou de leur résultat au dernier devoir sur table. Ils prennent le carnet de vaccination pour le bulletin de notes et les chères têtes blondes ne savent plus ce qu'est une école.

Quand par ailleurs, hors les alarmes alarmantes des virologues télévisuels - il faudra songer à en faire une spécialité ! -, il semble que ce variant conciliant ne provoque pas le drame hospitalier annoncé. Pour l'instant qui le sait ? Et la foison de débats sur les chaines d'information ne contribue pas à rasséréner le bon peuple, embarqué dans ses doutes légitimes et peu enclin dans cette ambiance à se passionner pour les borborygmes de la campagne présidentielle, logée sur nos écrans entre quelques publicités pour « Comme j'aime », pour le monte escalier « Stannah » et pour « Carglass » ... N'oubliez surtout pas le « .fr », s'il vous plait !

Quelle campagne ? Blanquer déstabilisé ? Nous oublierons vite l'épisode et le chouchou s'en sortira ... Pécresse imprime-t-elle sa marque, un mix de Ciotti et Juvin mâtiné de Tatcher et Merkel ? Rien n'est moins sûr... Les noms d'oiseaux fusent. Monsieur Z propose une blouse dans les écoles, le retour du latin et du grec ancien en sixième... Anne Hidalgo veut mettre le Smic à 1500 euros. Le casting, que nous croyions à peu près stable, s'enrichit : Guillaume Pelletier vient au secours de monsieur Z, Christiane Taubira s'infiltre et le libéral Gaspard Koenig annonce sa candidature avec un projet simple, simplifier nos vies administratives. Un suspens   « Netflixien » s'installe dans la campagne. On alerte, avec plus ou moins de crédibilité, puisque ceux qui les méritent et le savent les obtiendront, le difficile accès aux cinq cent parrainages.

On en appelle à la démocratie, quand la « primaire populaire », qui ne demande pas aux candidats leur avis, propose un nouveau « scrutin majoritaire » qui les évalue plus qu'on les choisit, promettant ainsi de mieux tenir compte des opinions des électeurs que notre bon vieux scrutin uninominal à deux tours. Il était enfin temps de s'en préoccuper ! N'oublions pas d'y penser avant les prochaines élections ! Pas sûr : les questions de fond pâtissent souvent de la vie courante.

LCI publie chaque jour, à dix-sept heures, les résultats de son « rolling », un sondage permanent supposé indiquer heure par heure les fluctuations de opinions. Les politologues avertis s'en donnent à cœur joie pour commenter les variations, jour après jour, de quelques « dixièmes de points », des intentions de vote. « Politique quantique » et temps réel à l'œuvre. Quid des incertitudes statistiques ? Et si, lassés de ce vacarme stérile, nous étions tentés par l'abstention ?

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