Donner du sens à son épargne

OPINION. Pour beaucoup d'épargnants, les décisions de placement ne sont plus uniquement guidées par des impératifs économiques. Des considérations extra financières entrent désormais en jeu et les possibilités de donner du sens à son épargne se multiplient. (*) Par Stéphanie Allory, Directrice de l'Offre Financière de l'UFF.
(Crédits : DR)

Avec la prise de conscience des grands enjeux environnementaux et sociétaux, le rapport des Français à leur épargne a considérablement évolué. Selon une étude IFOP réalisée pour l'Union Financière de France (UFF) en mai 2020, 61% des personnes interrogées déclarent accorder une place importante aux impacts environnementaux dans leurs placements.

En parallèle, l'analyse de la rentabilité des entreprises a connu une véritable révolution. Il y a encore une dizaine d'années, les analystes financiers épluchaient les comptes et les business plan d'une société pour en évaluer les projections de rentabilité et de génération de profit à long terme. En d'autres mots, l'aspect financier était le seul élément étudié. Depuis, est venue se greffer une autre analyse, celle des éléments extra-financiers via les critères ESG.

En matière d'environnement, la pérennité de l'entreprise va dépendre de sa capacité à s'inscrire dans la durée et des questions liées à la gestion des déchets, à la consommation d'énergie et à la pollution vont faire leur apparition dans cette analyse. Au niveau social, la capacité d'une entreprise à respecter les normes sociales et le droit du travail sera prise en compte. Pour la gouvernance, la lutte contre la corruption et l'attention portée aux sujets liés à l'égalité femmes-hommes et à la diversité seront étudiées. Il s'agit désormais de partir du principe que les entreprises ne pourront pas avoir une bonne performance économique sur le long terme si elles ne respectent pas ces critères.

Les labels, un outil pertinent pour guider les épargnants

Les critères ESG sont donc devenus tout aussi importants que les critères financiers ; ils agissent comme un deuxième filtre lors de la sélection des entreprises sur le marché. Et les fonds orientés ESG ont des rendements bien souvent meilleurs que les autres fonds car en appliquant ce filtre, ils éliminent les entreprises les plus exposées aux risques (climatique, environnemental, social, etc.).

Ce changement de paradigme a permis le développement de nombreux produits financiers responsables et vertueux et l'épargnant peut donc aujourd'hui s'engager facilement, par son argent, pour des causes qui lui tiennent à cœur. S'il souhaite se lancer spontanément et seul, la notion de label sera utile car en allant sur un fonds estampillé ISR, il saura que les entreprises dans lesquelles il place son épargne répondent à un certain nombre de critères. Mais il pourra aussi dialoguer avec son conseiller et rentrer dans des niveaux de détails plus importants, savoir plus précisément dans quels secteurs, dans quelles entreprises il investit, etc.

Donner du sens autrement

Le label qui vient d'être promu par le ministère de l'Économie, dévoile une approche intéressante et novatrice. Le Label Relance est là pour mobiliser l'épargne accumulée pendant la Covid mais il propose de le faire en l'orientant vers des fonds qui ont une dimension ESG et qui investissent dans les PME/ETI en France et en Europe. Il peut en effet exister chez l'épargnant une volonté d'investir « local » et de contribuer à la relance économique de son pays ou de sa région.

Les fonds d'investissement de proximité permettent par exemple d'aider le financement des entreprises d'une région. Car donner du sens à son épargne ne se limite pas aux thématiques écologiques ou sociales, cela veut aussi dire investir dans du concret, des choses proches de chez soi. Ainsi, il est tout à fait possible de choisir des investissements « passion », qui correspondent à une sensibilité propre à l'épargnant. Féru de cinéma ? Vous pouvez œuvrer au financement de cet art en plaçant une partie de votre épargne dans une SOFICA. Concerné par le développement et la préservation des forêts ? Vous pouvez vous diriger vers les GFF et GFI. Ces dispositifs - exemples parmi tant d'autres d'investissements passion ou plaisir - sont en place depuis longtemps et offrent la possibilité de financer des projets tangibles, proches de nous.

Toutefois, il est important de rappeler que les placements qui ont du sens ne doivent pas faire perdre à l'épargnant les principes fondamentaux de la gestion de patrimoine. Même si on est passionné de cinéma, il ne faut pas investir toutes ses économies dans les SOFICA, ces placements rares comportant souvent un niveau de risque assez élevé et un blocage de l'épargne sur un horizon moyen terme. Il existe désormais de nombreuses façons de donner du sens à ses placements et c'est à l'épargnant d'en profiter, tout en gardant la tête froide et en se tournant, dès que nécessaire, vers un expert à même de l'aviser.

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Commentaires 2
à écrit le 21/08/2021 à 8:20
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La France n’est pas un pays qui aime les épargnes privés et l’évolution des populations, c’est un pays avec un système qui puisent l’effort des populations pour accueillir toujours d’autres populations pour bloquer le système , c’est une sphère sans ...

à écrit le 15/06/2021 à 12:44
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Difficile de donner du sens dans cette conjecture économique ! En prenant l’une empile du promoteur Kauffmann et Board qui fait un lancement le 18 juin , des lots sont desks vendus donc non disponibles ( achat par les banques et les agences immobili...

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