Feux de Brousse : « Dedans avec les miens »...

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. Il tiendra dans La Tribune une revue du couvre-feu devenu reconfinement, intitulée comme il se doit Feux de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

« Dedans avec les miens », sans les tiens, sans les siens, en parler pradois. Chacun chez soi. Pour être dedans, on est vraiment dedans. Tout ça pour remplacer « freiner sans enfermer », que l'on pouvait confondre avec « fermer sans refréner ».

Pour convoquer « le poids des mots  ... », Monsieur le Premier ministre. « On pouvait dire... Oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme... » :

Enarchique : « Castex prépare, Castex paperasse ».

Énergique : « Castex est là, et l'corona s'en va »

Athlétique : « Tout le monde se lève pour dosette »

Sympathique : « Caprice à deux, caprice de vieux »

Clinique : « ouvre un Astrazeneca, ouvre du bonheur »

Nostalgique : « Parce que nous le valons bien »

Technique : « Ca coule de source »

Pathétique : « What else ? »

Malheureusement ni Edmond Rostand, terrassé par la grippe espagnole, ni Jacques Séguéla, pourtant pharmacien de son état, n'étaient disponibles. Alors obéissons : « dehors en citoyens », fermez vos postillons.

Et fourbissons nos attestations, ces monuments uniques de créativité bureaucratique, spécialité de la haute administration française que le monde entier nous envie.

Attention ! Munissez-vous d'une carte d'État-Major, d'un podomètre, d'un GPS et peut-être d'une collation. Ne pas dépasser de quelques mètres les 10 kilomètres autorisés, ou les 30 si votre herboriste préféré exerce dans un département frontalier et si vous résidez à moins de 10 kilomètres de ladite frontière, ou seulement 1000 malheureux petits mètres si vous n'avez pour alibi que votre caniche nain pressé d'en découdre avec le marronnier du coin. Coincés loin de chez vous par les nouvelles directives à usage imminent, aucune case ne vous autorise à rejoindre votre domicile. On n'était pourtant pas à une case près ! Le roi Carnaval en glose à Marseille.

Le confinodrome se perfectionne, mais le premier qui prononce le mot « confinement » en prendra pour 135 euros. Attendons maintenant avec impatience la publication par la Documentation Française de la notice explicative de 48 pages sur l'usage orthodoxe de l'attestation. Heureusement qu'il y a de Grandes Écoles pour former nos élites. "La simplicité n'a pas besoin d'être simple, mais du complexe resserré et synthétisé (Alfred Jarry, La chandelle verte, le Castor Astral, avril 2007) "

La courbe du ras-le-bol épouse soigneusement les méandres de celle du taux d'incidence.

Pour nous distraire, et rappeler l'échéance, Xavier Bertrand se lance et,  costume sombre sur fond noir, déclare officiellement sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Jean-Luc Mélenchon tremblerait.

La France, courageuse face au variant écossais, ne gagnera pas cette année encore le Tournoi des Six Nations. Elle aura quand même il y a huit jours bouté les anglais loin de Calais.

La semaine sainte s'annonce rude. Les cloches, au retour de Rome, auront-elles leur passeport sanitaire ? Où pourrons-nous faire la chasse aux œufs, dimanche prochain ? Là encore, il manque une case. La police est sur les dents.

Bertrand Tavernier a pris un mauvais « coup de torchon ». La fête s'est arrêtée.

Ainsi, « Le temps passe alors que tout s'arrête » (Claude Sérillon, Journal 2020, centmillemilliards, mars 2021).

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