Feux de Brousse : Bon (dernier ? ) week-end libre ?

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. Il tiendra dans La Tribune une revue du couvre-feu devenu reconfinement, intitulée comme il se doit Feux de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

On fatigue grave ! Sempiternel rendez-vous du jeudi 18h, l'heure du couvre-feu, John Castex - Saison 1, Episode x - dorénavant super Premier ministre du virus, et Olivier Véran, ministre vacciné de la Covid, "sonnant une alerte essoufflée", prennent la parole, à nouveau pour ne rien dire, et persistent avec scrupule dans l'exercice indigeste du manger de chapeau. Toutes les chaines de télévision arrêtent leurs programmes pour ce moment crucial de liturgie républicaine, entre deux spots pour les monte-escaliers « Stannah », « Comme j'aime », les précontrats d'obsèques et les protections contre les fuites urinaires.

LCI titre : « Virus, le tournant ». Le peuple des télévores halète. C'est plutôt « Véran, le tournis ». La situation se dégrade, maudit variant anglais, mais la vaccination bat son plein, tous producteurs inclus, et les traitements arrivent. Dormez tranquilles, braves gens. Ca rassure. On sort Alain Fischer, nobélisable français scrupuleux. « Mais qu'allait-il faire dans cette galère ?». On confirme des « frappes ciblées » quasi soldatesques, selon l'expression du sage docteur Blachier. Pas de confinement, certes, mais une sévère astreinte à résidence les week-end de mars pour les départements défaillants. Quelques-uns pour l'instant, vingt ou plus la semaine prochaine. Reprenez-vous et soyez sages ! Sinon... Madame Hidalgo sacrifierait Paris sur l'autel de sa notoriété. Confiner Paris... ALlons, une simple "hypothèse" rétropédalée.

Au fond, rien de nouveau. Les inévitables commentateurs tous plus usés les uns que les autres tournent en boucle. « Je ne suis pas médecin, mais je pense que ... Je ne suis pas au gouvernement, mais ... ». Les autorités scientifiques, si formelles il y a quelques jours avancent avec timidité, terrorisées par les choix politiques: « Je crois que ... ». Ainsi, « L'ultracrépidarianisme, ou tendance à parler avec assurance de sujets que l'on ne connaît pas le dispute à l'ipsédixitisme, tendance à ne pas discuter ce que le maître a dit (*)».

« Pour peu que leur égo ait atteint la bonne surdimension, certains accordent à leur ressenti un crédit suffisant pour trancher d'un simple coup de phrase des questions vertigineusement complexes». Comme le dit, consterné, l'excellent David Pujadas : « On voit mal où on va ». Comme on dit en Auvergne : « J'y vois pas bon ».

Les exclus de la discussion y voient mal, eux aussi. Les restaurateurs et hôteliers, les artisans et les artistes, Les saisonniers, les étudiants privés d'amphis, les animateurs culturels, acteurs et musiciens, éleveurs et agriculteurs, tous ceux qui ne gagnent leur vie, enrichissent et nourrissent celle des autres, que par la reconnaissance trébuchante de leurs talents, tous attendent avec angoisse que le rideau se lève enfin.

On ne sait rien non plus des savoureuses discussions de nos parlementaires. Où en est le projet de loi sur « le séparatisme » ... pardon, « les principes républicains » ? Quel laboratoire étudiera la propagation du gauchisme islamique ou de l'islamo-gauchisme à l'Université ? Le projet de loi « Climat et résilience », la proportionnellev? Surtout, quelles nouvelles directives vont imposer à nos jeunes têtes blondes masquées et leurs « professeur.e.s » l'usage si nécessairement urgent de l' « écriture inclusive » : « puissent les vacciné.e.s contre la (le ?) Covid rentrer rassuré.e.s chez eux et chez elles, tous.tes, sages-femmes.hommes, maîtresses chanteuses et sapeuses pompières ! »

Un parfum de printemps trompeur s'exhale. On reçoit les premières cartes postales de Persévérance. Comme les réseaux sociaux le craignent : « On est plus près de boire un café sur Mars que l'apéro, en mars, au café du coin ».



(*) Source : Etienne Klein, Le goût du vrai, Tracts Gallimard n°17, juillet 2020

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