La transition écologique, une opportunité stratégique pour les entreprises françaises

OPINION. À la veille de la COP28, l'atteinte des objectifs de l'Accord de Paris est un défi. La transformation de nos modèles économiques est certes engagée, mais d'indispensables mutations restent à accomplir. En dix ans, les entreprises ont certes pris la mesure de l'enjeu, et pour beaucoup engagé leur transition. Mais une ligne de démarcation persiste entre celles qui considèrent cette transition comme un handicap à leur compétitivité, et celles qui l'abordent comme une opportunité. Par Sylvain Waserman, Président directeur général de l'ADEME
(Crédits : DR)

Ma thèse est simple : l'entreprise qui prend un temps d'avance sur la transition écologique bénéficiera d'un avantage compétitif stratégique. À contrario, celle qui attend de subir à reculons les inéluctables normes souffrira d'un handicap concurrentiel sévère sinon fatal, avec deux risques majeurs.

Le premier est d'être exclue aussi bien de la sous-traitance des grands groupes industriels que des marchés publics. En effet, ces grands groupes comme les collectivités territoriales ont amorcé un mouvement qui n'ira qu'en s'amplifiant : déterminer leurs politiques d'achats au prisme de leur empreinte carbone. Comme il est plus facile de mettre la pression sur ses sous-traitants que sur soi-même, nul doute que cette tendance sera rapide.

Le second risque est de manquer de financements. En effet, les acteurs de la finance orientent plus en plus leurs fonds vers les entreprises vertueuses ou en transition. La règlementation européenne sur l'extra-financier évolue vite, avec la directive CSRD et une orientation claire vers plus d'exigences en matière de transition. Et la Banque de France lance son indicateur climat pour chaque entreprise, sur la base de la méthodologie ACT développée par l'ADEME, offrant aux acteurs financiers un premier outil simple pour flécher leurs financements.

Or les entreprises françaises ont des atouts majeurs face à leurs concurrents internationaux.

En premier lieu, elles bénéficient d'une électricité largement décarbonée grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables. Sauf à investir massivement dans une production d'énergie renouvelable en autoconsommation, une entreprise électro intensive chinoise, polonaise ou même allemande n'atteint pas la performance carbone de ses concurrents français.

De plus, l'État français investit massivement pour accompagner la décarbonation des entreprises -avec l'ADEME comme bras armé : plus de 4 milliards d'euros en 2024, et des programmes majeurs comme France 2030. Ces investissements publics de lutte contre le réchauffement climatique accélèrent la transition écologique de notre économie.

Enfin, la France dispose de la méthodologie reconnue comme la plus robuste au niveau international pour évaluer les plans de transition des entreprises : la méthodologie ACT, développée par les ingénieurs de l'ADEME, qui s'impose comme un standard. De plus en plus de consultants, de bureaux d'études et d'entreprises de tous types se sont formés à cette méthodologie open source, pour évaluer de façon fiable et indiscutable l'avancement de nos entreprises sur le chemin de la transition écologique. ACT constitue ainsi un différenciateur sur lequel nos entreprises peuvent compter.

En somme, pour partir à la conquête des marchés internationaux publics ou privés, les entreprises françaises peuvent se saisir de ces trois atouts nationaux pour faire mieux que leurs concurrents et développer un avantage décisif dans tout marché intégrant l'impact climatique dans son équation.

Nos entreprises ont l'opportunité unique d'être à l'avant-garde de la décarbonation sur les marchés nationaux et internationaux. La décarbonation est pour chacune d'entre elles une chance à saisir, qui peut leur donner une impulsion inédite et constituer un virage stratégique pour créer un différenciateur dont il faut se saisir avec rapidité et agilité. J'ai commencé mon mandat à l'ADEME par un tour de France : j'y ai rencontré beaucoup de chefs d'entreprises de toutes tailles qui ont parfaitement compris la nouvelle donne qui se présente à eux.

C'est ce message offensif et positif d'une économie française engagée dans la transition écologique que je porte, en tant que Président de l'ADEME et ancien chef d'entreprise qui a vécu ces mutations profondes. Un message de mobilisation et d'action immédiate en faveur d'une décarbonation qui constitue une opportunité unique pour la réussite économique française.

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Commentaires 2
à écrit le 14/11/2023 à 11:57
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Vous avez soit la transition énergétique, soit l'adaptation écologique mais pas la "transition écologique" qui ne peut être qu'un dogme !

à écrit le 14/11/2023 à 9:21
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Le paradigme financier a bouleversé l'écosystème entrepreneurial générant des comptables à la place des preneurs de décisions. Logiquement, la peur au ventre de perdre, ils ne cherchent pas à être les premiers mais à assurer des revenus toujours plus...

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