Le « toujours plus d'argent public » qui arrose les quartiers prioritaires est contre-productif (Agnès Verdier-Molinié)

OPINION. Les émeutes signent l'échec des politiques sociales dispendieuses dans les quartiers prioritaires. S'il faut rebâtir les écoles, les mairies et les transports rapidement, les installations culturelles et sportives détruites devraient l'être sur option, en fonction des fonds récupérés sur les aides sociales retirées aux familles des casseurs. Par Agnès Verdier-Molinié, directrice du cercle de réflexion iFrap.
Agnès Verdier-Molinié, directrice du cercle de réflexion iFrap.
Agnès Verdier-Molinié, directrice du cercle de réflexion iFrap. (Crédits : Reuters)

En 2020, la Cour des comptes chiffrait à 10 milliards d'euros les dépenses consacrées annuellement par l'État à la politique de la ville. À cela, il faut ajouter les dépenses du programme national de rénovation urbaine : environ 600 millions d'euros par an supplémentaires. Malheureusement, il n'y a pas de chiffrage global pour l'ensemble des administrations publiques, notamment par les collectivités locales.

Néanmoins, on peut considérer que, depuis le début des années 2000, ce sont plus de 150 milliards d'euros qui ont été dépensés pour la politique de la ville. La France compte 1.514 quartiers prioritaires avec 5,4 millions d'habitants (dans 859 communes) dans lesquels le taux de chômage des femmes est de 16,5 % et de 19,6 % pour les hommes (moyenne nationale à 7,1 %). 75% de ces quartiers sont constitués de logements sociaux. Et aux milliards de la politique de la ville, il faut ajouter une partie du coût des minima sociaux comme le RSA et les APL car un habitant sur cinq des quartiers prioritaires est bénéficiaire du RSA.

Est-ce que cela fonctionne ? Non, car l'essentiel a été oublié : le travail. Quoi qu'on en dise une école, ce n'est pas gratuit, une médiathèque ne se finance pas toute seule, pas plus que les aides sociales. Derrière tous les services publics et la générosité de notre système de protection sociale, il y a des ménages et des entreprises qui paient des impôts, des taxes et des cotisations sociales.

Dans le nord de l'Europe, la place centrale du travail n'a pas été oubliée et un nombre important de nos voisins européens subordonnent aides sociales et indemnités chômage à la recherche active d'un emploi. Nous en sommes loin et, à force d'oublier que le mot droit va avec le mot devoir, nous avons laissé se développer l'idée que tout est dû gratuitement et qu'on peut cumuler aides et travail non déclaré en toute impunité.

Le « toujours plus d'argent public » des politiques de la ville et de la politique sociale qui arrosent les quartiers prioritaires de la ville est largement contre-productif. Les émeutes récurrentes, de plus en plus violentes, avec pillages, vols, attaques ciblées sur les forces de l'ordre en sont la preuve tangible. Les chiffres de ces derniers jours ? 2.508 bâtiments incendiés, 105 mairies incendiées ou dégradées, 168 écoles objets d'attaques et plus de 12 000 véhicules incendiés. Pour le pays qui dépense proportionnellement à sa richesse nationale, le plus en dépenses et logements sociaux, ça fait mal.

Au lieu d'arroser de milliards, il serait urgent de doper la responsabilité sociale : cela impliquerait de priver en partie de RSA, d'allocations logements ou d'allocations sociales en général les pillards et leurs familles s'ils sont mineurs, à hauteur de 50%. Au Royaume-Uni, les membres d'une famille au comportement antisocial grave peuvent perdre leurs allocations. Les économies faites grâce à ce mécanisme « pilleurs-payeurs » permettraient d'alimenter des caisses de réparations. S'il faut rebâtir les écoles, les mairies et les transports rapidement, les installations culturelles et sportives détruites devraient l'être sur option en fonction des fonds récupérés sur les aides sociales non versées aux familles des casseurs.

La loi française de 2010 (supprimée ensuite par le gouvernement de François Hollande) qui supprimait les allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire avait été validée par le Conseil constitutionnel. Aucune raison qu'une loi supprimant tout ou partie des aides sociales, voire les logements sociaux aux familles de casseurs mineurs et majeurs, dont les méfaits vont coûter aux assureurs au moins 650 millions d'euros pour les dégâts sur les entreprises et les biens des particuliers, et des centaines de millions aussi en bâtiments et transports publics non assurés, soit retoquée. Cela ferait réaliser à ces derniers la valeur réelle des choses et surtout que l'argent public ne tombe pas du ciel. Que c'est notre argent.

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Commentaires 25
à écrit le 01/09/2023 à 18:54
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J’apprécie les informations de cet article et partage l'essentiel des propositions. Je pense par exemple que faire payer sur le allocations diverses les - ou une partie des - dégâts causés serait plus facilement accepté par l'opinion publique que l...

à écrit le 19/07/2023 à 19:16
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Il serait pertinent que vous citiez l'origine de vos sources, vous n'êtes pas sans savoir que votre institut n'a pas une très bonne réputation concernant la fiabilité de ces dernières, elles n'ont d'ailleurs aucun fondement scientifique, et n'ont jam...

à écrit le 19/07/2023 à 8:38
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cot cot cot cot cot cot cot cot cot cot cot cot" Souchon, désolé j'avais oublié la fin de la chanson ^^

à écrit le 19/07/2023 à 7:39
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J'ai 15 ans de carrière (Ed Nat) en ZEP (REP aujourd'hui), je confirme la véracité des propos tenus par Mme Verdier et approuve le bon sens de ses propositions. Il est urgent d'avoir pour ces cités un discours binaire, c'est permis/c'est interdit! Et...

le 19/07/2023 à 8:33
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Hum... est-ce bien objectif ça aussi ? ^^

à écrit le 19/07/2023 à 0:16
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Parce qu’en Allemagne on embauche pour ce que vous savez faire et vos diplômes pas comme en France ou on regarde d’abord le nom sur le CV et ajouter y le piston.

le 20/07/2023 à 20:00
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Encore qu'en France, un diplôme dans une filière recherchée peut pallier à l'absence de piston alors qu'en Italie, en Grèce ou en Espagne...

le 21/07/2023 à 8:25
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"un diplôme dans une filière recherchée peut pallier à l'absence de piston alors qu'en Italie, en Grèce ou en Espagne... " Ouais enfin c'est au prix d'un surplus de travail et d'un salaire moins bon que le pistonné, toujours, car ceux qui sont parven...

à écrit le 18/07/2023 à 9:36
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Donner de l'argent sans fermer le robinet de l'immigration est un mirage, un puits sans fond ou les prestations sociales et les subventions de l'état ne font qu'alimenter la pauvreté et l'appel d'air des plus miséreux du monde.

à écrit le 18/07/2023 à 9:03
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"Dans les poulaillers d'acajou, Les belles basses-cours à bijoux, On entend la conversation De la volaille qui fait l'opinion. Ils disent On peut pas être gentils tout le temps. On peut pas aimer tous les gens. Y a une sélection. C'est normal....

à écrit le 17/07/2023 à 17:55
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Oui bonne idée ça, privons des centaines de milliers de personnes de service public pour donner une bonne leçon à quelques centaines de casseurs

à écrit le 17/07/2023 à 17:54
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Oui bonne idée ça, privons des centaines de milliers de personnes de service public pour donner une bonne leçon à quelques centaines de casseurs

à écrit le 17/07/2023 à 11:10
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Agnès dit des/ ses vérités depuis des années mais personne ne fait mine d'écouter. Si nous avions une ( première) ministre de cette trempe , il y a fort à parier que ça bougerait ... et dans le bon sens.

le 17/07/2023 à 14:46
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Hum... est-ce bien objectif ça ? ^^

le 20/07/2023 à 20:17
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Elle dit une partie de la vérité, mais si elle commençait à dire TOUTE la vérité, elle prendrait ses sponsors à rebrousse-poil et sa carrière ne serait alors bientôt qu'un souvenir... Quand ce n'est pas un syndicat patronal, le donateur type de cette...

à écrit le 17/07/2023 à 10:55
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Ma chère Agnès, la question est plus simple encore que ce que beaicup de Français contribuables pensent: la France est pauvre comparée à 2005, très endettée, les collectivités locales ne peuvent pas avoir de budgets en négatif contrairement à l'Etat...

à écrit le 17/07/2023 à 7:32
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"cercle de réflexion iFrap." Ah c'est ça que vous appelez "réflexions" ? LOL ! C'est bien c'est ambitieux ! Vous arrêtez surtout pas ^^

à écrit le 16/07/2023 à 23:24
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Il est évident que le MEDEF (dont l'iFrap est la bras armé) préfère l'argent dans le poche des actionnaires expatriés que dans celles des habitants de France, que ces derniers soient pauvres ou très pauvres.

à écrit le 16/07/2023 à 19:11
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Vous avez raison...!! Continuer a ne plus donner à consommer et ils se serviront eux mêmes... Vous avez intérêt à interdire la publicité pour ne pas pousser au vice ! ;-)

à écrit le 16/07/2023 à 18:12
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Mais où trouvent-ils tout cet argent? Benêt que je suis: dans mes poches, évidemment!

à écrit le 16/07/2023 à 13:56
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Le problème n'est pas l'immobilier, mais les habitants. Les banlieues sont et resteront un puit sans fond pour le contribuable français.

à écrit le 16/07/2023 à 11:40
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Une belle partie de ces enveloppes vont dans les poches de quelques cabinets d'architectes et d'études bien triés Le problème n'est pas "les habitants" ni "l'argent", ce sont des conséquences Traitons la raison, la racine n'est ce pas. Accepto...

à écrit le 16/07/2023 à 11:40
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Une belle partie de ces enveloppes vont dans les poches de quelques cabinets d'architectes et d'études bien triés Le problème n'est pas "les habitants" ni "l'argent", ce sont des conséquences Traitons la raison, la racine n'est ce pas. Accepto...

à écrit le 16/07/2023 à 11:33
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Verdier Molinie, une integriste qui s'arrange avec la vérité pour apporter de l'eau aux moulins que sont le FN/RN et Zemmour.

le 16/07/2023 à 16:31
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Dès que quelqu#un dit une vérité en France, il faudrait immédiatement l'associer á Zémmour et FN, pour le discréditer et vite le tour est joué!!!! Quand est ce que le Francais va regarder la vérité en face et sortir du déni??? Il faudrait regarder t...

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