Les systèmes européens de protection sociale sont-ils suffisamment solides ?

OPINION. L'ambition de l'Union européenne (UE) de devenir plus compétitive et plus résiliente ne se réalisera que si nous reconnaissons que notre économie, notre industrie, notre marché du travail et notre système social se renforcent mutuellement. Par Nicolas Schmit, commissaire européen à l'Emploi et Droits sociaux, et Anna Diamantopoulou, ancienne commissaire européenne chargée des Affaires sociales.
Nicolas Schmit et Anna Diamantopoulou.
Nicolas Schmit et Anna Diamantopoulou. (Crédits : DR)

Alors que nous sommes engagés dans une course vers la neutralité climatique et la transition numérique, nous devons nous assurer que nos systèmes de protection sociale s'adaptent à ces grandes tendances. Le modèle européen d'économie sociale de marché a résisté à l'épreuve du temps, mais face aux défis immenses que nous devons relever, est-il suffisamment solide, non seulement pour aujourd'hui, mais pour l'avenir ?

L'économie européenne a fait preuve d'une résilience remarquable face aux multiples chocs de ces dernières années, mais les consommateurs et les entreprises sont à présent confrontés à la flambée des prix de l'énergie et des denrées alimentaires. Si les niveaux de pauvreté ont diminué au cours de la dernière décennie, ce n'est pas le cas des inégalités. Ainsi, la pandémie de Covid-19 a exacerbé les inégalités existantes, révélant les lacunes dans la couverture sociale.

L'État-providence a joué un rôle crucial

Au début de la pandémie, l'État-providence a joué un rôle crucial avec l'introduction en urgence de dispositifs de chômage partiel alors que le recours aux solutions numériques permettait le travail à domicile et l'enseignement scolaire. Tandis que des vaccins efficaces étaient développés, les travailleurs essentiels ont pu continuer de fournir leurs services indispensables, notamment en matière de transport et de soins.

Lors de la réunion des ministres européens de l'Emploi et des Affaires sociales qui s'est tenue à Stockholm ce jeudi, nous avons discuté des défis et des opportunités de l'évolution démographique et du vieillissement de la population, ainsi que des manières d'assurer une protection sociale durable. Nous avons examiné les conclusions du groupe de haut niveau sur l'avenir de la protection sociale et de l'État-providence dans l'UE, qui réunit des universitaires et chercheurs européens en économie et sciences sociales. Leur rapport décrit l'impact des évolutions économiques et démographiques sur nos systèmes de protection sociale et leur financement.

Ce rapport souligne l'importance de continuer à fournir de solides filets de sécurité contre les chocs économiques et d'investir dans la formation et l'accompagnement professionnels, y compris lors du passage de la vie active à la retraite. Il conclut qu'une éducation et des formations de qualité, des soins abordables, des services à la petite enfance, ainsi que des politiques inclusives en matière de sécurité sociale et de santé publique seront des éléments essentiels de la future résilience économique et sociale de l'Europe.

Chaque euro dépensé sera un investissement dans l'avenir

Ces ambitions nécessiteront des financements durables et de nouvelles sources de financement seront indispensables pour faire face aux nouveaux besoins. Mais chaque euro dépensé sera un investissement dans l'avenir.

Nous devons continuer à protéger les plus vulnérables, mettre fin au cercle intergénérationnel de la pauvreté et aider ceux qui sont déjà pris dans ce cycle à en sortir. Selon une récente enquête, moins de la moitié des Européens estiment que leurs chances de réussir dans la vie sont devenues plus équitables. Une personne sur cinq dans l'UE est exposée au risque de pauvreté et d'exclusion sociale. Nous n'avons pas de temps à perdre !

Avec le socle européen des droits sociaux, l'Europe est déjà à l'avant-garde des efforts d'amélioration de la protection sociale, guidée par sa promesse de construire une Union de l'égalité. Au cours des deux dernières années, les États membres de l'UE ont adopté de nouvelles politiques communes pour des soins de longue durée, des revenus minimums adéquats, la lutte contre le sans-abrisme, ainsi qu'une garantie européenne pour l'enfance qui fixe des objectifs ambitieux en matière de garde d'enfants.

Les grandes tendances qui affectent nos systèmes de protection sociale sont bien connues : le vieillissement de la population, le changement climatique et la transition verte, l'évolution du monde du travail et la transformation numérique. Les gens sont touchés par ces grandes tendances de différentes manières et à des degrés divers, de sorte que nos systèmes de protection sociale doivent être aussi dynamiques que robustes.

Des politiques sociales bien conçues peuvent absorber les chocs économiques et s'assurer que les gens bénéficient de services sociaux de qualité à tous les stades de leur vie. Il n'existe pas de solution miracle. Mais de nombreuses idées sont sur la table et le rapport du groupe de haut niveau nous offre des pistes de réflexion pour les mois et les années à venir.

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Commentaires 7
à écrit le 06/05/2023 à 9:48
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L'UE nous parle......

à écrit le 05/05/2023 à 21:40
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@marc469 : la sécurité sociale sert à payer les retraites et la CSG sert à boucher les trous tant bien que mal, les retraités actuels touchant des pensions en moyenne deux fois trop élevées par rapport aux moyens du système...

à écrit le 05/05/2023 à 19:23
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Jeter l'argent par la fenêtre n'amène que des pbs, alors avant de se poser toutes ces questions faut apprendre à gérer et ca tombe bien, c'est aux antipodes des fonctionnaires européens et des syndicalistes qui gerent les systèmes sociaux en France

à écrit le 05/05/2023 à 18:43
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On se demande a quoi rime une UE compétitive sinon à être une région consommatrice ! ;-)

à écrit le 05/05/2023 à 18:33
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Comment peut on vouloir être plus compétitif avec de la résilience et être plus résilient par le compétitif... seulement dans un monde virtuel ! :-)

à écrit le 05/05/2023 à 16:24
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Il est illusoire de persister à vouloir financer notre protection sociale sur les seuls revenus du travail ,c'est à dire les salaires et les revenus des travailleurs indépendants .La csg y pourvoit déjà mais en partie seulement .

le 05/05/2023 à 18:53
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La CSG finance la sécurité sociale, pas les retraites. Faire financer par d'autres moyens ce ne serait plus un système de répartition. Augmenter la CSG c'est la solution proposé par la Nupes alors que nous sommes les champions en prélèvements de tout...

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