Un Président n’aurait pas dû dire ça...

OPINION- Selon Patricia Chapelotte, fondatrice du Prix de la Femme d’Influence, et quinze signataires issus notamment du monde de la culture, la défense de Gérard Depardieu par Emmanuel Macron abime les efforts entrepris depuis 2017 en faveur de l’égalité.
Patricia Chapelotte, fondatrice du Prix de la Femme d’Influence, et quinze co-signataires, regrettent dans une lettre ouverte le soutien accordé à Gérard Depardieu par Emmanuel Macron.
Patricia Chapelotte, fondatrice du Prix de la Femme d’Influence, et quinze co-signataires, regrettent dans une lettre ouverte le soutien accordé à Gérard Depardieu par Emmanuel Macron. (Crédits : Juliette Jem)

Chaque fin d'année porte son lot de polémiques. Cette fois-ci, c'est une affaire plus sensible qui a agité nos dîners de famille. Sept jours se sont écoulés et, de manière apaisée mais convaincue, nous pensons que le Président n'aurait pas dû s'exprimer de cette manière sur l'affaire Depardieu.

On ne doit pas juger l'homme Depardieu parce qu'il est un grand artiste qui fait rayonner les beaux textes de la littérature française à l'international. On doit le juger parce qu'il est un homme comme les autres. Point !

En défendant cet homme, le Président amenuise tout le travail qu'il a entrepris avec ses
équipes gouvernementales successives depuis bientôt 7 ans, notamment en choisissant
l'égalité femme-homme comme grande cause de son quinquennat.

Conviction ou communication?

Beaucoup de choses ont été faites par les ministres respectifs en charge de ce portefeuille, mais aussi par tous les autres, aussi bien au ministère de l'Économie, qu'au ministère de la Culture, ou même au Parlement en votant notamment la loi visant à l'émancipation économique des femmes, de la députée Marie-Pierre Rixain.

Comment le Président, sous couvert de faire respecter - à raison - la présomption d'innocence, ne se rend-il pas compte qu'il abime le travail réalisé depuis le début de sa présidence ? Au fond, cette prise de parole est-elle le reflet d'un problème de conviction ou d'un problème de communication ?

Nous croyons que le Président considère toujours que la grande cause de son quinquennat
reste une priorité, mais que les conséquences de cette intervention ont été mal anticipées.
Peut-être n'y avait-il que des hommes autour de lui pour trouver les mots à mettre sur cette
affaire ? Il a pris la parole publiquement devant plusieurs millions de personnes, ses propos
ont été relayés sur les réseaux sociaux dans le monde entier. Pourquoi cette séquence n'a-t-elle pas fait l'objet d'une plus grande prudence en matière de communication et de choix
d'éléments de langage, comme on le dit dans le milieu des communicants politiques ?

Un sujet aussi polémique que des accusations de violences sexuelles méritait sans doute une autre approche, pour que le message présidentiel n'offense personne et ne prête pas à
confusion. Sans le vouloir, le Président a desservi la cause qu'il souhaitait porter au plus haut niveau et beaucoup de femmes se sont senties trahies par celui qui veut les défendre.

Parce que la communication, c'est aussi l'art de la répétition, alors M. le Président, nous
souhaiterions vous entendre à nouveau, pour rappeler que votre combat plus qu'utile sur la
lutte contre les violences faites aux femmes reste votre priorité. Et pourquoi pas lors de la
traditionnelle séance des vœux ? Votre parole trouvera un écho auprès des Français... Pas
ceux qui signent une tribune pour tenter à tout prix de faire survivre l'ancien monde, mais
tous les autres !

Cosignataires:
Sarah Barukh, auteure
Valérie Bonnement, directrice générale d'Hopscotch
Agnès Bricard, présidente d'honneur du Conseil Supérieur de l'Ordre des Experts-
Comptables, présidente de la Fédération Femmes Administrateurs
Sylvie Casenave-Péré, présidente de Posson Packaging 
Marie Cluzet, cheffe d'entreprise événementielle
Gilbert Désveaux, metteur en scène
Vanessa Djian, réalisatrice et productrice
Isabelle Filliozat, psychothérapeute
Mohamed Gastli, médecin, cofondateur de Nextprotein
Angélique Gérard, conseillère spéciale du président et membre du comité exécutif du
groupe Iliad
Linda Kebbab, syndicaliste policière
Carolina Ritzler, créatrice de mode
Anne Roumanoff, humoriste
Marianne Sébastien, musicienne
Barbara Thomas-David, notaire, présidente de la commission communication à la Chambre des notaires de Paris.

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Commentaires 9
à écrit le 31/12/2023 à 11:04
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Je rejoins l'approche de Mme. Chapelotte. Mais je mettrais moins de gants pour le dire. Quelles ont été les motivations du Prèsident Macron ce jour-là ?... Pas celles d'un chef d'Etat au-dessus de la mêlée en tous cas. Il suffit de voir toute la col...

à écrit le 31/12/2023 à 8:51
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Ben oui mesdames, ce système dans son ensemble à besoin que vous vous soumettiez. Réfléchissez y, sans changement de système l'égalité vous ne l'aurez jamais. C'est surtout cela que cela dit Macron n'étant que l'écho de la gestion financière de nos v...

à écrit le 30/12/2023 à 16:35
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Pour une fois Macron a dit ce qu’il fallait dire et tant que la Justice n’est pas passée il n’y a pas de culpabilité avérée sinon on est dans le lynchage…….

à écrit le 30/12/2023 à 15:42
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Depuis qu'il est président, Macron se croit "malin" d'intervenir dans nombre de domaines, où compte tenu de sa place, il ne devrait pas. Il devrait se tenir sur une certaine réserve et se taire souvent. A force de parler de tout, il dit beaucoup de c...

le 31/12/2023 à 15:07
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Pas faux. Mais est ce "Macron" qui agit/réagit ? Ou bien son entourage qui, dans l'air du temps, l'incite à se vautrer dans des réseaux (a)sociaux pour le "bien" de son image médiatique ??? Le "buzz", de nos jours, il n'ya que ça qui compte; même si ...

à écrit le 30/12/2023 à 14:26
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Ca devient de plus en plus comique, ces pseudos querelles de bourgeois propagées par les reseaux sociaux et les medias. Pendant ce temps la, les pauvres luttent pour survivre et n'en ont rien a cirer, de Depardieu

le 31/12/2023 à 10:59
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#Charlie Vous aurez noté que les problèmes sociaux n’intéressent plus du tout les médias et les seuls sujets qu’ils traitent jusqu’à saturation sont le dérèglement climatique et les violences faites aux femmes et aux LGBTQ+…………

à écrit le 30/12/2023 à 14:11
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Macron veut jouer au beauf pour séduire un électorat machiste , proche de l'extrême droite. .

à écrit le 30/12/2023 à 13:54
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Ce que l'on déplore le plus, c'est que les polémiques prennent le dessus sur la Justice, et cela nous le devons à nos "chers" médias subventionnés et à la pub ! ,-)

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