Il y a quelques jours avait lieu la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
À cette occasion, des citoyens engagés, des élus et des associations se sont mobilisés pour dénoncer des mesures inefficaces ou budgets insuffisants pour combattre ce fléau.
Dans le même temps, certains de nos dirigeants s'enorgueillissaient des actions entreprises pour lutter contre ces violences. Pourtant, beaucoup reste à faire.
Des négociations houleuses
Des négociations houleuses sont en cours entre le Parlement européen et les représentants des États membres sur la toute première loi européenne visant à lutter contre les violences faites aux femmes et les violences domestiques. Aujourd'hui, alors qu'en Europe 7 femmes meurent encore chaque jour sous les coups de leur conjoint, où en sommes-nous?
Là où le Parlement est ambitieux, les États membres bloquent, voire reculent sur des mesures pourtant essentielles pour la protection des femmes. La France fait malheureusement partie de ceux-là.
- Sur le viol
100 000 femmes en sont victimes chaque année dans l'Union européenne. Le Parlement européen et la Commission souhaitaient donc en donner une définition claire : un rapport sexuel sans consentement est un viol. Les États membres ne sont visiblement pas de cet avis puisqu'ils ont tout simplement supprimé le viol du texte. Ils n'ont même pas tenté de proposer une définition alternative. Résultat : ni définition commune, ni sanction commune, ni protection commune.
- Sur les mariages forcés
Le Parlement souhaitait que le mariage forcé soit inclus dans la première législation européenne de lutte contre les violences faites aux femmes, qu'il soit défini au niveau européen et qu'il soit également puni dans l'ensemble de l'Union européenne. Là encore, les États membres ne souhaitent pas le pénaliser.
- Sur le harcèlement sexuel au travail
Il s'agit d'une réalité à laquelle bien trop de femmes sont encore confrontées au quotidien. Le Parlement a donc demandé que ces comportements, soient incriminés. Une mesure essentielle, mais là non plus les États membres ne souhaitent pas l'inclure dans le texte.
- Sur la protection des victimes
Sur les places d'hébergement, indispensables pour protéger les femmes victimes de violences. Le Parlement a souhaité augmenter leur nombre en instaurant un quota de places d'hébergements par nombre d'habitants. Avec cette proposition, le nombre de places en France augmenterait de presque 70%. Une avancée encore, pourtant les États membres n'en veulent pas.
Enfin, en ce qui concerne les moyens mis en place pour protéger les victimes, le Parlement a insisté sur l'utilisation par les États membres d'outils technologiques performants comme les bracelets électroniques, les téléphones « grave danger ». Ces outils sont nécessaires pour surveiller les auteurs de violences, garantir qu'ils ne s'approchent plus de leurs victimes et éviter ainsi les risques de récidive. Une proposition de bon sens... Pourtant, les États membres ne le souhaitent pas.
L'Europe est souvent accusée de tous les maux
En réalité, ce n'est pas l'Europe qui est paralysée, ce n'est pas le Parlement européen, ce sont les chefs d'États et de gouvernements réunis au Conseil qui bloquent et refusent d'avancer, par manque de volonté politique.
Nous n'accepterons pas une loi au rabais. La directive visant à lutter contre les violences faites aux femmes ne peut et ne doit pas être une simple déclaration d'intention. Elle doit mettre en place des mesures concrètes pour protéger les femmes victimes. Nous ne pouvons continuer à débattre, défiler, et nous mobiliser chaque année le 25 novembre, si nous n'agissons pas.
Assez de paroles, il est temps de passer aux actes.
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