Fisher Investments France s’intéresse au lien entre introductions en Bourse et sentiment

Après une année record en 2021, les introductions en Bourse ont nettement ralenti cette année, ce qui peut être perçu comme un problème par certains, sachant que de nombreux commentateurs que nous suivons voient dans les introductions en Bourse un facteur d’optimisme et d’espoir. Cependant, l’étude de l’évolution des marchés menée par Fisher Investments France laisse à penser qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter de ce fléchissement. Selon nous, l’évolution des introductions en Bourse – à la hausse ou à la baisse – peut faire office d'indicateur de sentiment utile pour les investisseurs.
(Crédits : DR)

Une introduction en Bourse consiste pour une société privée à émettre des actions dans le public, afin de lever des capitaux ou de racheter les actions souscrites par les premiers investisseurs (ou les deux). Selon nous, il est utile de suivre l'évolution des introductions en Bourse, dans la mesure où elles influent sur l'offre d'actions, mais aussi car elles constituent, au même titre que la demande, un indicateur clé de l'orientation des marchés actions. L'étude de l'évolution historique des marchés menée par Fisher Investments France montre que le processus se déroule généralement comme suit : plus le sentiment est solide, plus les investisseurs sont enclins à faire monter les prix des actions. Une forte demande encourage les entreprises à se lancer en Bourse, sachant qu'elles cherchent selon nous à bénéficier de la meilleure valorisation possible pour lever des capitaux. Comme nous l'avons vu, une introduction en Bourse consiste pour les privés à vendre des parts de leur entreprise. Par conséquent, les introductions en Bourse peuvent être plus rentables pour les premiers investisseurs, qui, à terme, tireront profit de la hausse des cours sous l'effet de la demande.

Cependant, un sentiment d'euphorie, marqué par une frénésie d'achat, peut être le signe avant-coureur d'un repli du marché. Comme le montre notre étude, les succès considérables remportés par des entreprises nouvellement cotées peuvent contribuer à améliorer le sentiment. Ces succès peuvent par ailleurs encourager des entreprises de moindre qualité - auxquelles certains fondamentaux, par exemple une équipe de direction chevronnée ou un bilan solide, font défaut - à faire elles aussi leur entrée en Bourse afin d'engranger des revenus tout aussi élevés. Dans un contexte d'optimisme croissant, un afflux d'actions émises par des entreprises de qualité inférieure peut peser sur les cours. La demande peut alors chuter dès lors que les cours ne répondent pas aux attentes ambitieuses des investisseurs, ce qui, par ricochet, peut selon nous entraîner un effondrement du marché actions. La meilleure description de ce processus a sans doute été donnée par le légendaire investisseur John Templeton : « Les marchés haussiers naissent dans le pessimisme, grandissent dans le scepticisme, mûrissent dans l'optimisme et meurent dans l'euphorie. »[i]

L'analyse de l'évolution des marchés menée par Fisher Investments France, y compris en 2022, illustre ce phénomène. La frénésie des introductions en Bourse dans le secteur des technologies à la fin des années 1990 constitue un bon exemple d'euphorie. À cette époque, de nombreuses entreprises technologiques américaines ont fait leur entrée en Bourse à la faveur d'une envolée de leurs valorisations (calculs de la valeur actuelle ou projetée d'actions). Une étude réalisée par Jay Ritter, un professeur de finance à l'Université de Floride, montre qu'entre 1990 et 1998, les actions des entreprises américaines introduites en Bourse ont enregistré une hausse moyenne de 14,8 % en USD lors de leur premier jour de cotation, soit une progression moindre que leur moyenne à long terme, qui s'établit à 18,9 %.[ii] Ensuite, à la veille du marché baissier du début des années 2000, les revenus des introductions en Bourse ont atteint des sommets, de concert avec le nombre d'entreprises nouvellement cotées. Le rendement des introductions en Bourse lors du premier jour de cotation a atteint en moyenne 71,2 % en 1999 et 56,3 % en 2000.[iii] Autant de signes d'euphorie selon Fisher Investments France. Les investisseurs ont vu dans ces introductions en Bourse une opportunité de gains rapides et ont plus volontiers payé des primes énormes pour investir dans ces entreprises - même celles de moindre qualité - afin de tenter de bénéficier des solides rendements qu'elles offraient. En outre, les revenus des introductions en Bourse lors de ces deux seules années (1999 et 2000) ont représenté près de 40 % du rendement total généré par ces opérations entre 1990 et 2000.[iv] Pourtant, la plupart de ces entreprises présentaient des perspectives limitées. L'un des exemples les plus marquants à nos yeux est le cas désormais notoire de Pets.com, dont l'aventure en Bourse a tourné court en raison d'un modèle d'affaires peu viable et du manque de compétence de son équipe de direction. L'entreprise a été radiée de la cote quelques mois seulement après son entrée en Bourse à la suite d'importantes pertes.[v] Selon nous, la réalité n'a pas été à la hauteur des attentes élevées, ce qui a entraîné un plongeon des actions.

L'étude du professeur Ritter montre que les introductions en Bourse et les revenus en découlant ont chuté à l'issue du marché baissier qu'ont connu les valeurs technologiques, ce à quoi une baisse de la demande dans un contexte de pessimisme généralisé a selon nous contribué.[vi] Du point de vue de Fisher Investments France, le ralentissement des introductions en Bourse en 2022 s'inscrit dans un contexte similaire, notamment en ce qui concerne le sentiment. Tout d'abord, les introductions en Bourse sur le marché européen ont été beaucoup moins nombreuses qu'en 2021. On n'en a recensé que 29 au deuxième trimestre 2022, contre 142 au deuxième trimestre 2021.[vii] Les revenus des introductions en Bourse ont en outre été nettement moindres en 2022. Les 2,1 milliards EUR récoltés au deuxième trimestre de cette année font pâle figure au regard des 23,1 milliards EUR enregistrés au cours de la même période l'an passé.[viii] Sur l'ensemble du premier semestre 2022, selon la publication financière Bloomberg, les revenus des introductions en Bourse en France ont baissé de 88 % par rapport à 2021.[ix] Cette tendance se vérifie également au niveau mondial : les revenus des introductions en Bourse dans le monde ont atteint un creux de cinq ans au deuxième trimestre 2022 - inférieur même à celui enregistré au deuxième trimestre 2020, au plus fort des craintes liées au COVID.[x]

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Selon Fisher Investments France, les introductions en Bourse peuvent s'avérer être un indicateur de sentiment utile pour les investisseurs. Une faible activité dans ce domaine peut être le signe d'un pessimisme généralisé. Or, dans un contexte marqué par des attentes faibles du fait de l'inquiétude ambiante, il est selon nous plus probable que les cours des actions progressent à la faveur de bonnes surprises. De la même manière, une hausse du nombre d'introductions en Bourse peut traduire un regain d'optimisme. Dans un cas comme dans l'autre, il y a tout lieu selon nous d'analyser si des entreprises nouvellement cotées disposent de solides fondamentaux et si elles offrent des rendements nettement supérieurs à la moyenne à long terme. Si tel est le cas, elles peuvent présenter de belles opportunités pour les investisseurs, si tant est qu'ils agissent avec prudence.

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Ce document reflète les opinions générales de Fisher Investments France et ne doit pas être considéré comme une recommandation personnalisée ou comme un reflet de la performance obtenue par ses clients. Rien ne garantit que Fisher Investments France maintiendra ces opinions, qui sont susceptibles de changer à tout moment si de nouvelles informations ou analyses lui sont communiquées ou en cas de réévaluation de celles-ci. Les informations contenues dans le présent document ne constituent en aucun cas une recommandation ou une prévision quant à l'évolution des conditions de marché. Elles sont fournies à titre purement indicatif. La situation actuelle ou future des marchés peut différer considérablement de celle présentée ici. De plus, aucune garantie n'est donnée quant à l'exactitude des hypothèses formulées à des fins d'illustration dans le présent document.

[i] "The Maxims of Wall Street," Mark Skousen, « The Maxims of Wall Street », Mark Skousen, Regnery Capital, 2017.

[ii] « Initial Public Offerings: Updated Statistics », Jay R. Ritter, Warrington College of Business, Université de Floride, 20/06/2022. La moyenne à long terme reflète les rendements de 1980 à 2021.

[iii] Ibid.

[iv] Ibid.

[v] "10 Big Dot-Com Flops," David Goldman, « 10 Big Dot-Com Flops », David Goldman, CNN Business, 06/11/2015.

[vi] Voir la note iii.

[vii] Voir la note i.

[viii] Ibid.

[ix] "Startups Binge on Private Money as Public Market Appeal Fades," Swetha Gopinath, « Startups Binge on Private Money as Public Market Appeal Fades », Swetha Gopinath, Bloomberg, 23/08/2022. Consulté via le Financial Post.

[x] Source : PwC. « Global IPO Watch », consulté le 31/08/2022.

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