Epargne : vos clients trop frileux pour 2012 ?

En ce début d'année, les épargnants sont tentés d'attendre une meilleure visibilité et refusent de se positionner dans la perspective de jours meilleurs.
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Depuis quelques mois, les Français opèrent un véritable détournement de fonds ! La principale victime en est l'épargne de long terme. En effet, des décollectes sont enregistrées sur tous les fronts, notamment sur l'assurance-vie et les fonds d'investissement.
Même les livrets, pourtant historiquement très prisés des Français, font les frais d'une crise de confiance et enregistrent une baisse de la collecte.
Pourquoi une telle désaffectation sur les produits d'investissement et de placement traditionnels ? Plusieurs grandes tendances expliquent ce phénomène.
La principale cause de ce détournement est l'aversion au risque grandissante des investisseurs. De la décennie perdue dénoncée par les investisseurs en actions, aux dangers qui continuent de peser sur les emprunts d'État, les Français ne savent plus à quel saint se vouer et privilégient donc l'épargne de précaution.
La crise de confiance à l'égard des banques incite même de nombreuses personnes à conserver leurs économies bien au chaud dans leur bas de laine.
"Nous avons déjà connu cela en 2008 et 2009. Les clients indécis se contentent de conserver une partie de leurs économies sous le matelas", note un conseiller. Mais alors, comment expliquer que même les livrets, le livret A en tête, ne fassent plus recette ?
Les Français se désendettent
Il semble bien que les fêtes de fin d'année aient donné l'occasion de dépenser en partie l'argent qui n'a pas été investi. En effet, plutôt que d'épargner pour gagner peu, les ménages français ont décidé de mener à bien leurs projets et de réaliser enfin l'achat si souvent reporté.
Bref, alors que la morosité est de mise, les Français compensent en consommant, mais sans nécessairement s'endetter plus. Le montant global des crédits à la consommation accordés est d'ailleurs en baisse. Les conseillers en gestion de patrimoine observent même une nette tendance au désendettement.
L'heure est en effet au remboursement des dettes, au moins pour ceux qui en ont les moyens. Compte tenu de l'actualité forte sur l'endettement des États, et grâce aux effets de la loi Lagarde sur le crédit, les ménages français sont davantage conscients des dangers que fait peser sur la cellule familiale un recours trop important au crédit.
Dans ce contexte, l'investissement à long terme, qui a tant déçu depuis dix ans, peine aujourd'hui à retrouver sa place dans les choix finaux d'allocation des clients.
Pourtant, la progression du début de l'année confirme que, aux niveaux actuels, les marchés boursiers ont, malgré le pessimisme ambiant, des ressources haussières. Vous, conseillers, l'avez bien compris. Sans "mettre tous ses oeufs dans le même panier", quatre grandes pistes d'investissement qui restent les piliers fondamentaux de l'épargne continuent de s'offrir à vos clients : l'assurance-vie, les livrets, l'immobilier et la Bourse par le biais du plan d'épargne en actions (PEA).
 

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Quatre pistes privilégiées

1 - L'assurance-vie, en perte de vitesse, reste incontournable

L'assurance-vie est le placement favori des Français et le restera durablement même si, comme le soulignait récemment dans nos colonnes le directeur exécutif de Suravenir, Bernard Le Bras, "les Français préfèrent aujourd'hui racheter partiellement leurs contrats d'assurance-vie que recourir au crédit à la consommation pour leurs besoins courants". Car, en période de crise, la liquidité prime.
Les incertitudes fin 2011 sur le respect des exigences réglementaires de solvabilité d'une grande société d'assurance ont pu par ailleurs susciter l'inquiétude des épargnants.
Mais les retraits effectués ne manifestent pas forcément un désamour pour le produit. "Certains rachats s'expliquent par des arbitrages opérés par des clients qui délaissent les contrats les plus coûteux en frais pour des contrats d'assurance-vie, tout aussi efficaces, mais bien moins onéreux", observe Yohan Boukobza, le fondateur du cabinet B&Z Associés, qui précise qu'il est ainsi possible de mieux diversifier ses avoirs tant du point de vue des actifs que de celui des contrats et des compagnies d'assurances.
L'assurance-vie reste donc le placement à proposer en priorité notamment pour ses atouts fiscaux et la diversité des supports d'investissement disponibles. Par ailleurs, au regard des modifications fiscales qui touchent les intérêts, priorité est donnée, dans le cadre de ces modifications, aux véhicules d'investissement qui permettent de capitaliser des plus-values sur la durée.


2 - Le livret au secours des épargnants en mal de repères

La baisse des indices boursiers au mois d'août dernier a bouleversé la donne. "Depuis l'été, le comportement des clients a effectivement changé. Ce fut probablement la baisse de trop. Ceux-ci sont devenus extrêmement frileux vis-à-vis du risque et beaucoup plus exigeants", observe ce conseiller parisien qui a par conséquent développé, au sein de son cabinet, une nouvelle activité de diversification.
Comme c'est le cas désormais chez la plupart de ses confrères depuis un an ou deux, des comptes sur livret sont proposés aux clients pour qui la liquidité et la sécurité priment sur le rendement.
Pourtant, les livrets ont globalement connu une fin d'année moins fructueuse que prévu. Comme le montrent les statistiques : les collectes mensuelles sur les livrets réglementés ont quasiment baissé de moitié entre l'été et l'automne.
Il faut dire que les versements de l'été avaient été impressionnants : pas moins de 6,2 milliards d'euros collectés au total en juillet, août et septembre, notamment du fait de la décollecte enregistrée en assurance-vie. Sur l'année, ce sont près de 20 milliards d'euros qui ont convergé sur ces comptes.
L'attrait des livrets pourrait se poursuivre d'autant que les taux de rendement vont prochainement progresser. Au 1er février, le taux du livret A est attendu en hausse. Il pourrait passer de 2,25 % à 2,5 %, voire à 2,75 %.
 

3 - L'immobilier : un marché à deux vitesses, toujours plébiscité

C'est bien connu, la résidence principale est le premier bien patrimonial des Français et l'immobilier s'impose à ceux-ci comme une valeur refuge. Il n'est dès lors pas surprenant que l'épargne s'oriente naturellement vers la pierre en période de crise.
Pour preuve, la production de crédits immobiliers est d'ailleurs en progression. "Non seulement, les rachats sur les contrats d'assurance-vie permettent, dans certains cas, de constituer un apport personnel, mais ils peuvent aussi financer l'intégralité d'une acquisition immobilière", a pu constater le conseiller en gestion de patrimoine Yohan Boukobza (B&Z Associés) en 2011.
Certes, globalement, les perspectives sur l'immobilier ne sont plus aussi positives que par le passé. Une baisse générale de l'ordre de 10 % n'est pas à exclure en 2012. Mais, comme le rappelle Hervé de la Tour d'Artaise, fondateur du cabinet A2PF, "l'emplacement fait tout" et le marché immobilier est désormais à deux vitesses. "Il y aura toujours de la demande pour les biens de qualité correctement situés", confirme le dirigeant de B&Z Associés qui souligne que, au cours des derniers mois, des appartements à Paris et à Boulogne (dispositif Scellier) ont été vendus au prix de 9.000 euros le mètre carré. "Ce qui est surprenant, c'est que ces lots n'ont fait l'objet d'aucune négociation", précise le conseiller qui mentionne également les nombreuses SCPI disponibles pour leur rendement, soit en direct, soit dans le cadre de l'assurance-vie.
 

4 - La Bourse, via un PEA, pour diversifier ses positions

"Au regard des niveaux de valorisation et dans une perspective de long terme, il est opportun aujourd'hui de penser à redynamiser son portefeuille en donnant un peu plus de poids aux actions", tel est le leitmotiv actuel de la plupart de vos confrères qui recommandent d'utiliser, lorsque c'est possible, l'enveloppe fiscale du plan d'épargne en actions (PEA).
Bien entendu, la part du portefeuille consacrée aux actions doit dépendre de l'horizon d'investissement choisi, mais, quoi qu'il en soit, "elle ne doit pas, pour le moment, excéder un quart de l'encours global du portefeuille du client", recommande de son côté Yohan Boukobza de B&Z Associés.
Quant aux pistes de diversification, telles que les marchés émergents, les mines d'or ou encore les matières premières, elles ne doivent pas être négligées. "On peut y allouer jusqu'à 5 % du portefeuille", estiment la plupart de vos confrères, qui sont également réticents à proposer à leurs clients des fonds structurés. En cause, une trop faible lisibilité du fonctionnement de ces produits dont les clients ont de toute manière une perception défavorable après les mauvais résultats obtenus par la plupart d'entre eux.
 

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