Lexilens, les lunettes qui aident les dyslexiques à lire

C’est la journée mondiale du handicap, ce lundi 9 octobre. Une occasion de mettre en lumière une innovation développée par Abeye, la startup de la French Care incubée sur la plateforme logistique d’Atol, à Beaune : des lunettes intelligentes destinées aux dyslexiques, commercialisées depuis 2021, dans le monde.
(Crédits : Amandine Ibled)

10% des enfants scolarisés sont touchés par ce trouble cognitif sans déficience intellectuelle, autrement appelés « dys ». Au total, cela représenterait 700 millions de personnes touchées selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). 7 millions en France, selon le ministère de l'Éducation nationale. Et plus localement, en Bourgogne, quelque 300.000 personnes dyslexiques parmi lesquelles 54.000 enfants de moins de quinze ans.

En 2017, une découverte scientifique française majeure change le regard sur ce handicap. Jusqu'à présent, la cause de ce trouble était orientée sur le neurologique. Albert Le Floch et Guy Ropars, récompensés depuis par l'Académie nationale de médecine, découvrent qu'il s'agit en réalité, d'un problème physique. Les deux chercheurs rennais affirment que les récepteurs de lumière des personnes souffrant de dyslexie ont une particularité. Ils sont complètement symétriques, contrairement à la normale. Cette caractéristique crée des « images miroirs » dans le cerveau des concernés. Plus simplement, certaines lettres se posent les unes au-dessus des autres.

De la recherche aux innovations

Cette découverte scientifique inspire alors les entrepreneurs. À l'image de la startup rouennaise qui a créé la lampe Lili for life, « qui aide les dyslexiques à lire », la deeptech, Abeye, a lancé, après deux ans de R&D, les Lexilens. « La dyslexie, c'est comme un tableau noir sur lequel on écrirait encore et encore. Les lunettes viennent effacer le tableau », explique Michael Kodochian, CEO d'Abeye. Grâce à ses verres, les lunettes font disparaître une des deux images à l'origine du trouble, ce qui permet à ceux qui les portent de lire distinctement chaque caractère. Les verres sont pilotés par un dispositif électronique logé dans les branches, activable par une simple pression sur un bouton de mise en marche.

Lors de la première prise en main chez l'opticien Atol, la lunette se connecte à une application smartphone en Bluetooth qui guide l'utilisateur dans le paramétrage de Lexilens. Après ce réglage rapide et facile, l'effet est immédiat : les lettres se détachent mieux, les lignes se séparent et la lecture devient plus facile avec moins d'efforts. « Lexilens peut également intégrer un clip pour une mise à la vue, en cas de besoin de correction visuelle », précise Michael Kodochian. Pour les lunettes commandées à l'étranger, les utilisateurs reçoivent un guide et peuvent les paramétrer eux-mêmes, grâce à une application.

Les verres sont pilotés par un dispositif électronique logé dans les branches, activable par une simple pression sur un bouton de mise en marche.

[Les verres sont pilotés par un dispositif électronique logé dans les branches, activable par une simple pression sur un bouton de mise en marche.]

Une fabrication 100% française

Dès le départ, la volonté de produire en France était fortement présente au sein de la startup. « Avant même que le gouvernement ne parle de réindustrialisation, nous avions décidé de rester en France pour maîtriser notre chaîne d'approvisionnement et notre savoir-faire de A à Z », explique Michael Kodochian. L'avantage d'être incubé sur le site de la plateforme logistique d'Atol permet des synergies. « Non seulement nous bénéficions des équipements puisque nous sommes au cœur du dispositif d'expédition, mais également des expertises de la coopérative dans la conception des lunettes », souligne Michael Kodochian.

« Les équipes nous ont aidés à concevoir des lunettes confortables, jolies et qui durent dans le temps. Ce ne sont pas des lunettes gadgets ! », poursuit-il.

L'engagement bleu blanc rouge d'Abeye, dont les Lexilens, confectionnées entre Toulouse et Beaune, en passant par l'Ile-de-France, ont été certifiées Origine France Garantie, en juin 2023, pour les modèles taille S. « Abeye s'appuie sur un réseau de partenaires français. Par exemple, l'électronique vient d'Occitanie, la monture du Jura, l'assemblage, le conditionnement, les tests qualités et le SAV se font ici », précise Michael Kodochian.

La ligne de production des Lexilens a été conçue pour pouvoir doubler sa capacité de production si nécessaire et pour être clonable dans d'autres pays. « Notre objectif est de produire 24.000 unités dans les 18 mois à venir », confie l'entrepreneur. Les lunettes intelligentes vendues 449 euros, se sont déjà écoulées « à plus de 5.000 exemplaires dans 36 pays ». Commercialisées depuis deux ans en direct, elles sont aussi distribuées chez les 800 opticiens du groupe Atol.

Les équipes nous ont aidé à concevoir des lunettes confortables, jolies et qui durent dans le temps. Ce ne sont pas des lunettes gadgets !

Les équipes nous ont aidé à concevoir des lunettes confortables, jolies et qui durent dans le temps », indique Michael Kodochian]

Un diagnostic en 15 minutes

La startup a également développé un instrument de mesure de la dyslexie qui permet de poser un diagnostic en 15 minutes. Une véritable révolution puisqu'aujourd'hui, il en faut plusieurs années aux professionnels.

« Ce handicap est détecté par les enseignants, généralement, en fin de CP ou de Ce1. Ensuite, l'enfant se lance dans plusieurs cours d'orthophonistes et c'est seulement à la fin, qu'un diagnostic précis est posé. Entre temps, celui-ci peut cumuler entre 2 et 3 ans parfois de retard sur les apprentissages et la lecture », souligne Michael Kodochian.

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