Le Centre-Val de Loire veut carburer à l'hydrogène vert

Encore peu d’entreprises et de collectivités du Centre-Val de Loire utilisent ou fabriquent de l’hydrogène décarboné. La donne devrait changer à l'horizon de deux ans, notamment grâce au plan de création d’une nouvelle filière industrielle, annoncé par Agnès Pannier-Runacher le 8 septembre et accompagné d’un financement de 7 milliards d’euros.
Toyota et Renault sont les constructeurs les plus avancés concernant les moteurs alimentés par de l’hydrogène vert.
Toyota et Renault sont les constructeurs les plus avancés concernant les moteurs alimentés par de l’hydrogène vert. (Crédits : Reuters)

Plus propre et moins coûteux Depuis 2015, le logisticien Prelocentre, filiale de l'enseigne alimentaire Grand frais basée près d'Orléans dans le Loiret, a équipé ses quelque 80 chariots de manutention de réservoirs à hydrogène. A la clé, une empreinte CO2 de ces engins réduite au minimum et des économies sensibles grâce à l'absence de salle de charge pour les batteries électriques classiques. Première plate-forme européenne fonctionnant entièrement à l'hydrogène, Prelocente réfléchit désormais à s'équiper en interne d'un poids lourd de transferts de marchandises également alimenté par ce biais.

C'est en tablant sur le futur développement exponentiel des camions mais aussi des véhicules de tourisme fonctionnant à l'hydrogène, synonyme de ravitaillement rapide et d'autonomie importante, que la société de moulages industriels Raigi, située en Eure-et-Loir à Rouvray-Saint-Denis, a développé des prototypes d'intérieurs de réservoirs. Six salariés (sur 60) ont été affectés depuis 2019 à la recherche et développement sur ce type de produits au sein de l'entreprise familiale (9 millions d'euros de chiffre d'affaires). Les « liners », en cours d'homologation, viendront équiper les contenants fabriqués par Ullit à Châteauroux dans l'Indre. Le leader mondial des réservoirs pour gaz à haute pression a été racheté l'année dernière par l'équipementier Faurecia.

L'exemple vient de Châteauroux

L'implantation d'Ullit dans l'Indre s'inscrit dans un environnement favorable à l'hydrogène. La métropole de Châteauroux est ainsi la première collectivité (et la seule) de la région Centre Val de Loire à avoir commencé à déployer un véritable écosystème autour du gaz issu des énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien, biomasse, hydro-électricité). Son projet de production et de stockage d'hydrogène, réalisé en partenariat avec le département de l'Indre, le Syndicat départemental de l'énergie, et douze entreprises dont Storengy (Engie), a ainsi été déclaré recevable par l'antenne régionale de l'Agence de la transition numérique (Ademe), suite à son dernier appel à projet national lancé fin 2019. A la clé, un financement de quatre millions d'euros sur les 17 millions représentant le coût total du chantier. Le Conseil régional prendra aussi 1,7 million d'euros à sa charge. Les travaux comprennent l'installation en 2021 d'une station de production et d'une autre installation de distribution à Châteauroux. Opérationnel en 2022, le dispositif alimentera les 98 véhicules des collectivités participantes ainsi que six bus de la métropole. A partir de 2024, il sera ouvert aux autres collectivités et entreprises du département. Les poids lourds en transit dans l'Indre pourront aussi s'approvisionner dans les stations.

Rattrapage à marche forcée

La montée en puissance de la production et la distribution d'hydrogène décarboné reste encore à l'état embryonnaire en région Centre Val de Loire, par rapport à d'autres collectivités bien plus avancées comme l'Occitanie et Auvergne Rhône Alpes. A l'origine du lancement en avril 2019 d'une des premières Cop sur le climat, le Centre Val de Loire s'est fixé de rattraper son retard sur la question d'ici deux ans. Concomitamment à la sortie d'un audit précis sur les acteurs et les initiatives, un plan de développement de l'hydrogène sera ainsi lancé le 5 octobre avec l'ambition de coordonner à l'échelle du territoire les différents projets en cours (notamment Sorigny en Indre et Loire et Artenay dans le Loiret). Objectif, le mailler systématiquement de stations. Pour ce faire Annie Besnier, vice-présidente de la région déléguée à l'enseignement supérieur et à la recherche, table sur le déblocage en 2021 de 10 millions d'euros via un nouveau Fonds européen de développement régional (FEDER), mais surtout des montants qui seront alloués par Bercy.

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Commentaire 1
à écrit le 18/09/2020 à 17:52
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"utilisent ou fabriquent de l’hydrogène décarboné." = vert, le nucléaire est donc vert, ils ont assez d'énergie électrique renouvelable pour électrolyser de façon 'verte' ? Hydrogène électrique, ça donne du futur à sa production par du renouvelable ...

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