Bol d'Air invite aux loisirs dans les arbres

SÉRIE D'ÉTÉ - Filière bois vosgienne 5/5 | En pleine forêt vosgienne, l'école de parapente s'est transformée en base de loisirs et en résidence hôtelière dans les sapins. Ses promoteurs rêvent de franchiser leur concept ailleurs en France.
(Crédits : Olivier Mirguet)

Les touristes accèdent à leur cabane en bois par une passerelle de 50 mètres, suspendue entre les sapins. Bol d'Air a aménagé six hébergements perchés dans la forêt. On y profite d'une salle de bains, d'une terrasse, d'un poêle à bois pour se chauffer en hiver et d'une vue imprenable sur les montagnes environnantes. Sept autres maisonnettes en bois sont posées à même le sol, au fil des chemins. Chacune est différente, équipée d'un sauna, d'un jacuzzi. La décoration évoque la pêche, l'exploration, la photographie animalière. Sur son site de 10 hectares à La Bresse, dans les Hautes-Vosges, Bol d'Air peut héberger 200 personnes, dont 66 dans les cabanes. L'exploitant affiche 70% de taux d'occupation avec un prix moyen de 160 euros pour une nuitée.

"Tout a commencé en 1987, mais rien n'a jamais été calculé", raconte Régis Laurent, 59 ans, gérant et fondateur de Bol d'Air. Diplômé de l'ENSTIB, l'école d'ingénieurs bois d'Épinal, cet enfant du pays a initié sa vie professionnelle chez un fabricant vosgien de fenêtres. Son expérience malheureuse dans l'industrie n'aura duré que neuf mois. Guidé par son flair, et sans avoir réalisé aucune étude de marché, Régis Laurent a bifurqué vers les métiers des loisirs et obtenu un monitorat de parapente et créé une école dédiée à ce sport.

Sa base de sports de plein air répondait à l'esprit d'aventure des années 1990. Une tyrolienne a été tendue entre les sapins. Un parc acrobranche et une base de saut à l'élastique ont été aménagés au fond de la vallée où la famille avait exploité une ferme et un magasin de location de skis. Il a fallu construire des hébergements, agrandir le camp de base sur le lieu-dit de la Vertbruche, à 700 mètres d'altitude.

boldair

"Nous développons des activités, nous investissons"

Le tournant nature est arrivé en 2014, après un an et demi de travaux et un investissement de 1,6 million d'euros. Les nouvelles cabanes dans les sapins ont été réalisées par les équipes de bol d'Air (80 salariés) et conçues pour se fondre dans le paysage. Traversée par un ruisseau, la forêt de sapins, de hêtres et d'épicéas a gardé son aspect sauvage. Les activités de loisirs se sont une nouvelle fois enrichies avec un sentier où l'on déambule pieds nus, et un simulateur de parapente en vidéo et en réalité virtuelle. Le parc attire ainsi 100.000 visiteurs par an. Des panneaux ont été installés sur le bord des chemins. Bol d'Air s'ingénie à y faire passer des messages sur la conservation de la forêt.

"A chaque fois que nous développons des activités, nous investissons la même somme dans l'hôtellerie. Cela rassure les banquiers", observe Régis Laurent.

Pour optimiser sa fiscalité, Bol d'Air a aussi aménagé des appartements sous le régime de l'hôtellerie : la TVA y est plus favorable sur certaines prestations.

"Je pensais que l'activité se concentrerait à 90% sur la saison d'hiver. C'était faux : nous sommes à l'équilibre entre l'hiver et l'été. Et ce sont les cabanes les plus chères qui sont toujours louées en premier", déclare-t-il.

Sur 30 exercices annuels, 20 ont été déficitaires. Les cabanes en bois ont finalement apporté le coup de pouce et la régularité qui faisaient défaut. Avec 4 millions d'euros de chiffre d'affaires, l'entreprise a rétabli une trésorerie positive à 1 million d'euros.

"Elle n'est pas placée, mais elle rapporte quand nous payons au comptant nos fournisseurs, avec l'escompte. Bol d'Air affiche aussi 2 millions d'euros de dettes", détaille Régis Laurent.

L'entreprise cherche encore à s'agrandir. Le site va augmenter sa surface de 40%, au bénéfice de l'acquisition d'une parcelle de forêt cédée par la commune. Quatre nouvelles cabanes en bois, des lodges pour six à huit personnes, vont être construites l'année prochaine pour un investissement de 360.000 euros. Une usine textile en friche de 3.400 mètres carrés vient d'être reprise pour 300.000 euros et intégrée au complexe de loisirs, dans le but d'y aménager des activités à l'abri des intempéries. Un spectacle nocturne y a déjà été représenté, au début de l'été.

L'idée du parc à thème sur le bois et la forêt rappelle les concepts défendus, ailleurs en France, par Futuroscope ou le Puy du Fou. "Ils sont un peu notre modèle", reconnaît Régis Laurent, qui envisage désormais de développer son Bol d'Air en franchise. Son savoir-faire vosgien, estime-t-il, pourrait être déployé dans d'autres forêts en France.

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