À Roubaix, une dynamique qui aimante les entreprises « vertes »

À travers son initiative "zéro déchets", lancée en 2014, Roubaix compte bien séduire des entreprises écologiques.
La mairie de Roubaix.
La mairie de Roubaix. (Crédits : AFP)

« Les projets attirent les projets », résume Guillaume Delbar (ex-LR), le maire de Roubaix. Car l'élu n'en oublie pas ses principaux chevaux de bataille, l'économie et l'emploi, et compte bien sur le zéro déchet pour séduire des entreprises écolos. « Ce qui attire à Roubaix, ce sont les acteurs déjà présents : c'est cette communauté que nous essayons d'animer pour créer un véritable écosystème », explique le maire.

Le consommateur est prêt

Dans cette ville à l'activité industrielle historiquement liée au textile, existaient déjà des entreprises comme Wecosta, équipementier automobile développant des tissus éco-conçus ou encore Ferlam qui réemploie des fibres textiles pour des produits d'isolation thermique.

« Un porteur de projet dans le développement durable peut ainsi se dire qu'il va bénéficier d'un environnement favorable s'il teste son innovation à Roubaix », dit encore le maire. D'autant que Guillaume Delbar s'est battu pour faire aboutir le projet Blanchemaille, 2.000 mètres carrés dédiés au e-commerce réunissant un incubateur, un accélérateur et un hôtel d'entreprise, dans une ville qui a vu naître les catalogues de La Redoute et des 3 Suisses.

Lire aussi : Roubaix, territoire zéro déchet : quel bilan ?

« Nous avons saisi l'opportunité du renouvellement urbain pour faire une proposition digne du passé industriel de Roubaix », souligne le maire. Le premier édile en est certain : « La ville n'en est qu'au début de l'histoire, la prise de conscience autour des déchets est une tendance lourde, qui permettra la relocalisation d'activités économiques, maintenant que le consommateur est prêt. »

Du mobilier responsable

En 2017, la municipalité organisait un premier chantier de mobilisation des acteurs économiques engagés de près ou de loin dans l'économie circulaire. Depuis, Roubaix a attiré Niiji, d'abord incubée à Cré'Innov, à Villeneuve d'Ascq, près de Lille, qui commercialise une lunchbox consignée pour la restauration à livrer ou à emporter. « À la manière des bentos japonais, ces boîtes s'empilent verticalement pour s'adapter aux divers repas », explique Céline Scavennec, la créatrice. L'innovation réside dans la matière plastique végétale, mise au point par Saadia Ouchart, docteur en sciences des matériaux.

Concrètement, la lunchbox est consignée 10 euros au client via une appli numérique, les professionnels n'ayant à débourser seulement 2,50 euros par mois pour bénéficier du service. Etnisi, une jeune pousse capable de créer des objets du quotidien, comme un tabouret ou du carrelage, à partir de coquilles de moules, de balles de tennis ou de marc de café mais aussi de pierre bleue et de verre de bouteille grâce à un procédé de fabrication unique. Espérance Fenzy, le créateur, a choisi Roubaix pour y implanter sa première micro-usine, le but étant de valoriser les matières au plus près de leur lieu de production, tout en faisant travailler du personnel en insertion.

Implanté à Blanchemaille, navire de l'e-commerce placé sous l'égide d'Euratechnologies, à Lille, Dizi, créé par Vianney Sauvage et Augustin Poncelet, propose du mobilier responsable, design et modulable, grâce à une palette de 36 éléments interchangeables. Le leitmotiv de la marque ? Créer ses propres meubles sans outil, selon ses envies. Tout en sachant qu'une lampe pourra devenir une table, une fois remontée autrement. Dernier arrivé à Roubaix, Fibr' & Co est un nouveau tiers-lieu, inauguré en juin dernier. Portée par l'Association roubaisienne de coordination d'action, de développement et d'insertion sociale (Arcadis), Fibr' & Co propose une formation en ébénisterie, afin que des jeunes en insertion confectionnent du mobilier à base de bois recyclé. La boutique propose du coup des objets forcément étiquetés « éthique, écologique et durable ».

Tiers-lieu et "Cluster"

Pour mettre en relation l'ensemble de ces acteurs émergents, la municipalité a créé un club des entrepreneurs zéro déchet et économie circulaire mais aussi un « groupe des futurs », rassemblant les porteurs de projets, et même un regroupement réunissant les responsables RSE des principales entreprises du territoire.

Et pour créer un navire-amiral du zéro déchet, la Ville a choisi l'association Zerm, spécialisée dans la production et l'information concernant les techniques de réhabilitation en architecture, pour transformer l'ancien couvent des Clarisses en une maison de l'économie circulaire, à la fois tiers-lieu et cluster d'entreprises. La nouvelle place-to-be accueillera des expérimentations, un démonstrateur d'éco-rénovation, mais aussi des formations, des conférences, des expositions, etc. Le projet a été baptisé « Laboratoire de la frugalité appliquée. » Joli clin d'oeil aux soeurs clarisses qui y avaient fait voeu... de pauvreté.

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