Dati : «Si je suis élue, j’adopterai en urgence un plan de relance économique»

INTERVIEW. Si elle accède à l'Hôtel de Ville, la candidate des Républicains entend notamment exonérer et annuler les taxes et les charges municipales qui pèsent sur les acteurs économiques.
César Armand
Je créerai une cellule d'anticipation et de gestion des crises qui sera chargée de préparer Paris à ce type de risques et de réagir beaucoup plus agilement que nous ne l'avons fait, déclare Rachida Dati à La Tribune.
"Je créerai une cellule d'anticipation et de gestion des crises qui sera chargée de préparer Paris à ce type de risques et de réagir beaucoup plus agilement que nous ne l'avons fait", déclare Rachida Dati à La Tribune. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Vous voulez faire de Paris « une grande place économique ». N'est-ce pas déjà le cas ?

RACHIDA DATI - Paris a perdu entre 60.000 et 66.000 habitants, soit en moyenne 10 à 12.000 Parisiens par an, sous la mandature d'Anne Hidalgo. Une grande métropole, aussi peu attractive pour ses habitants, ne peut pas l'être économiquement. La Covid-19 est venue amplifier les problèmes qui existaient déjà. La saleté, l'insécurité, la dégradation du cadre de vie, des retards importants en matière de modernisation des transports collectifs et des embouteillages de plus en plus importants.
Tout cela asphyxie l'activité économique. Tout est fait pour compliquer la vie des Parisiens et de tous de ceux qui viennent travailler chaque jour à Paris. Ce sont 900.000 Franciliens qui viennent travailler chaque jour à Paris et 300.000 Parisiens qui, eux, travaillent à l'extérieur de Paris. A force de bloquer les déplacements et les échanges, Paris va devenir une ville sous cloche.

Le plan de relance économique que vous appelez de vos vœux suffira-t-il ?
Si je suis élue maire de Paris, j'adopterai en urgence un plan de relance économique se déclinant selon trois axes. Le premier axe portera sur l'exonération et l'annulation de toutes les taxes et de toutes les charges municipales qui pèsent sur les acteurs économiques. Cela concernera tous les acteurs de la culture, du commerce y compris les 200.000 travailleurs indépendants. J'annulerai également la taxe de séjour pour les hôteliers.
Le deuxième axe portera sur la création d'un fonds de soutien de 300 millions d'euros pour tous les acteurs en difficulté. Je veillerai particulièrement à ce que ce fonds soit réellement accessible aux acteurs économiques en difficulté, ce qui veut dire que tout dossier déposé sera traité et donnera lieu à une décision dans un délai de trois semaines maximum.
Le dernier axe portera sur l'attractivité de la capitale, c'est-à-dire une amélioration de tout l'écosystème : une réforme de la politique du logement pour retenir les familles, la création d'une police municipale armée et l'installation de 4.000 caméras de vidéoprotection pour une ville plus sûre et un service de propreté 24h sur 24 et 7 jours sur 7 pour une ville propre.

L'attractivité passe aussi par le tourisme, que vous entendez « raisonner » dans votre programme. Concrètement, qu'est-ce que cela signifie ?
Les vingt arrondissements ont chacun des identités différentes et, depuis des années, la dégradation de Paris, contribue à tuer ces identités patrimoniales, culturelles et économiques. Si je suis élue maire de Paris, je réunirai tous les acteurs du tourisme - avec qui j'entretiens un dialogue régulier - pour poser un cadre à l'activité touristique, éviter les dérives et les nuisances pour les Parisiens.
Je lancerai notamment un partenariat avec la Caisse des Dépôts pour obtenir des prêts à taux zéro destiné aux commerçants afin que leurs vitrines et leurs devantures soient en harmonie avec le cadre architectural des différents quartiers.

Encore faudra-t-il résoudre la crise du logement pour libérer le pouvoir d'achat des ménages. Pourquoi misez-vous sur un chèque « Paris d'avenir » ainsi que sur la rénovation ?
Paris n'est pas une ville de passage. C'est une ville où l'on venait pour s'enraciner. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Je souhaite donc aider les familles à avoir envie de rester vivre à Paris en créant un chèque Paris d'Avenir qui leur permettra de financer un logement plus grand. L'aide sera de 1.200 euros par an pendant trois ans.
Cela s'accompagnera d'une mesure de pouvoir d'achat sur tous les services aux familles, avec par exemple un prix de la cantine plafonné à 3,50€ contre 7€ aujourd'hui. Concernant le parc social totalement dégradé avec de nombreuses malfaçons, je proposerai un plan de réhabilitation et d'isolation thermique de l'ensemble des logements.

Lire aussi : [3/6] Municipales: ce que proposent les rivaux d'Hidalgo sur le logement

Quid de votre politique de construction ? Vous ne parlez pas de production de logements neufs.
Anne Hidalgo n'a jamais autant bétonné Paris, malgré la constitution de nombreux collectifs de Parisiens demandant la préservation des dernières friches parisiennes, dans des zones déjà très denses et, pour certaines, très tendues socialement et avec très peu d'espaces verts.
J'annulerai tous les projets de constructions prévus par Anne Hidalgo que ce soit au TEP Ménilmontant dans le 11e arrondissement, à la ZAC Bercy-Charenton dans le 12e arrondissement, au jardin de l'Atlantique, sur le projet immobilier Saint-Vincent de Paul dans le 14e arrondissement, ou sur la friche Ordener-Poissonniers dans le 18e arrondissement. Je m'oppose également à la centrale à béton prévue sur les voies sur berges dans le 15e arrondissement.
Paris est très dense et son espace public de plus en plus conflictuel ! Sa superficie est de 102 km² quand Londres fait 1.600 km² et Berlin 900 km². Nous ne pouvons pas continuer à densifier toujours plus. Il faut penser le logement à l'échelle du Grand Paris et, dans Paris, se donner une ambition écologique et architecturale.
Dès le lendemain de mon élection, je lancerai un concours d'architecture pour intégrer les effets du changement climatique dans les parcs de logements sociaux et privés. J'aurai notamment une attention particulière pour les EHPAD et les résidences seniors, qui sont régulièrement fragilisés par les canicules récurrentes.

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Que ferez-vous en termes de travaux publics et de transport, sachant que ces politiques dépendent surtout de la région Île-de-France ?
Je veux mettre fin à la jungle dans l'espace public en donnant une place à chacun et en pensant les déplacements dans leur ensemble via un schéma global de mobilité pensé à l'échelle du Grand Paris. Anne Hidalgo avance sans vision d'ensemble et de manière autoritaire.
Après avoir piétonnisé les voies sur berge, sans étude d'impact notamment pour les véhicules d'urgence ou prioritaires, et sans considérer les reports de circulation dans les rues adjacentes qui génèrent pollutions atmosphériques et sonores, elle ferme la rue de Rivoli et va bientôt fermer le pont d'Iéna et tout le quai Branly.
Toutes ces fermetures sont à l'image du bilan de Madame Hidalgo qui n'a cessé d'opposer les Parisiens les uns aux autres, les mobilités les unes aux autres et les arrondissements les uns aux autres. Je referai l'ensemble des trottoirs et des chaussées afin d'enrayer les accidents sur la voie publique. Rappelons qu'il y a eu 26 décès depuis janvier sur la voie publique malgré le confinement.
Enfin, je veux ouvrir la porte à l'innovation, avec un véritable plan d'électrification du parc automobile. Cela implique de mettre des bornes de recharge dans tout Paris. Et, comme membre du conseil d'administration et contributrice d'Île-de-France Mobilités, Paris doit défendre les intérêts des Parisiens en matière de modernisation des transports collectifs.

Pour le périphérique, vous octroierez des aides à l'isolation sonore pour les 40.000 riverains exposés au bruit. Le collectif « Routes du Futur », un travail collectif impulsé par la Région, la Métropole et la Ville préconise, lui, d'y créer dès 2023 une voie de chaque côté pour le covoiturage, les transports collectifs et les véhicules propres.
La mobilité ne peut être pensée qu'à l'échelle du Grand Paris et de la Région. Les préconisations à cette échelle ont toujours favorisé la mobilité, la fluidité et la protection de l'environnement. Anne Hidalgo ne conçoit la mobilité que par la punition, les embouteillages, le blocage et, au final, les nuisances sonores.
En imposant sans concertation, sans projection, la Maire de Paris et son équipe ont fini par écœurer les Parisiens. Ils ont le sentiment qu'ils ne peuvent rien faire contre cet urbanisme sans vision qui détériore leur qualité de vie. Quand je vois que 59% pensent s'abstenir dimanche 28 juin je suis inquiète. Je veux leur dire qu'il est encore possible de changer.
Il est encore possible de mettre en place une politique différente pour revivre à Paris. Les Parisiens veulent une ville sûre, une ville propre, une ville bien gérée, où l'on circule et l'on peut élever ses enfants. Je leur dis qu'avec moi, ils verront le changement dès mon élection.

A cet égard, que proposez-vous de différent pour préparer la Ville face aux futures crises type Covid-19 ?
Cette crise a montré que la Mairie n'était pas préparée à réagir rapidement. Mais ce n'est pas la première fois. Paris a traversé plusieurs crises ces dernières années : épisodes de crues et de canicules, épidémie, terrorisme. À chaque fois, des réponses ont été bricolées en urgence, mais jamais la gestion de ces risques n'a été pensée dans la durée.
Je créerai une cellule d'anticipation et de gestion des crises qui sera chargée de préparer Paris à ce type de risques et de réagir beaucoup plus agilement que nous ne l'avons fait. Nous ne pouvons pas prédire ce qui nous arrivera, mais une métropole du XXIe siècle doit être capable de s'adapter et de réagir avec agilité et rapidité.
L'anticipation des crises implique bien évidemment aussi la gestion du réchauffement climatique. Plutôt que de promettre des forêts urbaines à des endroits où il est impossible de planter des arbres, parce qu'il y a le métro ou des canalisations en sous-sol, je préfère des solutions pragmatiques.
Je réhabiliterai les bois de Boulogne et de Vincennes, qui occupent 20% de la surface de la capitale. Je souhaite aussi multiplier des dispositifs qui ont fait leur preuve, comme les voilages venant couvrir des rues étroites, ou un miroir d'eau sur la place de l'Hôtel de ville qui permettrait de préserver la perspective tout en créant un espace de fraîcheur.

César Armand

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Commentaires 6
à écrit le 25/06/2020 à 21:57
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Ben voyons, elle fera rien du tout oui, comme tout les politiques.

à écrit le 23/06/2020 à 10:56
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C'est une experte en plan de financement , elle l'a prouvé ces dernières années avec les révélations sur ses "rentes".

à écrit le 23/06/2020 à 9:32
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Comme si on avait encore envie de se la farcir.

à écrit le 22/06/2020 à 19:47
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Dati, elle est redevenu tellement "jeune" qu'elle n'a aucune chance. Pas crédible.

à écrit le 22/06/2020 à 9:25
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Génération Gérard Lanormal: "Si j'étais président de la république heu... "

à écrit le 22/06/2020 à 7:39
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Si elle est élue elle file chez Lauboutin toutes affaires cessantes.

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