Alimentation : Stokelp s'attaque au gaspillage astronomique des industriels

Avec sa plateforme, la startup française Stokelp offre aux industriels de l'agroalimentaire une débouchée pour leurs surstocks de viande, poissons ou encore légumes. Son objectif : réduire de moitié les 1,6 million de tonnes de matières premières gaspillées chaque année en Europe. La startup lève 3 millions d’euros afin d'accélérer son déploiement en Europe.
Stokelp s'est spécialisée dans la gestion de surplus de matières premières chez les industriels de l’agro-alimentaire.
Stokelp s'est spécialisée dans la gestion de surplus de matières premières chez les industriels de l’agro-alimentaire. (Crédits : Pixabay / CC)

Si la problématique du gaspillage alimentaire en bout de chaîne est maintenant bien connue du grand public grâce à des applications comme Too Good To Go ou Phénix, elle reste peu adressée en début de chaîne, chez les industriels de l'agroalimentaire. C'est ici qu'intervient Stokelp, une startup française lancée en 2020. Sa mission : faciliter la vente des « surstocks » de légumes, viandes et autres poissons qui partiraient autrement à l'incinération.

Pour remplir cet objectif, la startup a levé ce jeudi 3 millions d'euros auprès de AFI Ventures (le fonds impact d'amorçage de Ventech), OneRagtime, Better Angle et Rothschild & co. Cette somme doit financer son développement en Europe, et plus particulièrement sur le marché allemand, et lui permettre de doubler ses effectifs à plus de 24 employés d'ici à la fin de l'année.

Le surstock, « une aberration écologique et financière »

« Il y a une aberration écologique et financière dans l'industrie agroalimentaire » constate Tanguy de Cottignies, cofondateur de Stokelp, interrogé par La Tribune. « Tous les industriels sont confrontés au problème des surstocks. Parce qu'il n'y a pas de réseau de distribution entre eux, ils détruisent des quantités faramineuses de matières premières [viande, poisson, légumes, fruits...] » déplore-t-il. En tout, 1,6 million de tonnes de surstocks de matières premières finissent incinérés chaque année en Europe. Les raisons invoquées sont diverses : aléas de production, mécanismes qui poussent à garder du surplus pour garder un bon référencement sur le marché, chute de la demande...

Pour adresser cette situation, Stokelp a mis en place une plateforme de vente et d'achat en ligne, où les industriels peuvent revendre leur surplus de matières premières au lieu de les jeter. Les acheteurs -d'autres industriels- profitent quant à eux de prix environ 30% moins chers que ceux du marché, d'après le dirigeant. La plateforme prend également en charge la partie administrative de l'échange, souvent très lourde lorsqu'il s'agit de produits périssables, mais aussi les négociations et le transport des surplus. « Nous voulons nous attaquer au début de la chaîne de production, au début du problème du gaspillage alimentaire. Les quantités en jeu sont astronomiques et tout reste à optimiser », développe le dirigeant.

Réduire de moitié le gaspillage des industriels

Stolkelp compte à terme réduire de moitié le gaspillage de matières premières grâce à son écosystème de revente. Le chemin à parcourir reste long : à ce jour, l'entreprise réunit plus de 2.000 industriels, dont 10% à l'étranger, en Allemagne et aux Pays-Bas essentiellement. L'entreprise commence à peine à effleurer le potentiel de son marché, qui compte plus de 300.000 industriels de l'agroalimentaire. D'où la nécessité de lever à nouveau des fonds, un an après un tour d'amorçage de 500.000 euros.

Pour Tanguy de Cottignies et son associé William Launay, ce second tour de table valide les premiers pas de leur plateforme, qui a profité de la longue période d'inflation et des pénuries sur les matières premières pour attirer ses premiers clients. Mais à peine lancé, l'entrepreneur pense déjà à l'étape d'après : « Il faut aller encore plus loin qu'une plateforme qui fait de la gestion de surstocks. S'ils existent, c'est parce que les méthodes d'achat des industriels ne sont pas adaptées aux méthodes de consommation actuelles ». Pour y parvenir, il songe à repenser les relations avec les fournisseurs, « en proposant aux industriels des alternatives à leurs fournisseurs classiques, qui puissent être locales. » En plus de ces objectifs de réduction du gaspillage, la startup ambitionne de multiplier par six son chiffre d'affaires pour atteindre 20 millions d'euros dès 2024.

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Commentaire 1
à écrit le 14/07/2023 à 9:24
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coquille "une débouchée pour leurs surstocks de viande" un débouché ?

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