« Je ne suis pas déprimé » (Fabio Quartararo, pilote de moto)

Le champion du monde 2021 traverse avec discernement une période de disette au guidon de sa Yamaha.
Fabio Quartararo, vendredi à Portimão (Portugal).
Fabio Quartararo, vendredi à Portimão (Portugal). (Crédits : © LTD / JOAO RICO/DEFODI IMAGES/ICON SPORT)

Onzième de la première course de la saison à Lusail (Qatar), le pilote niçois s'attend à ne pas jouer pas les premiers rôles. Il apprend la patience, goûte les moindres progrès de sa Yamaha et ne désespère pas de remonter sur un podium. Dès cet après-midi, sur le circuit de Portimão, où il a déjà remporté deux fois le Grand Prix du Portugal (2021 et 2022) ?

Lire aussiFormule 1 : à Bahreïn, Verstappen est déjà seul au monde

LA TRIBUNE DIMANCHE - Que s'est-il passé le 19 juin 2022 ?

FABIO QUARTARARO - C'était ma dernière victoire, sur le circuit de Sachsenring, au Grand Prix d'Allemagne. J'ai l'impression que ça remonte à dix ans. C'est comme ça, il faut travailler pour effacer cette date et gagner une course en 2024. Ça tombe bien, j'adore le circuit de Portimão. Un podium serait un résultat incroyable, mais pour la victoire on n'est pas encore prêts.

Craignez-vous une saison morose ?

Non, parce que c'est un défi important de faire évoluer la moto et de se battre pour une meilleure position à chaque course. Ce sera difficile, mais on pense qu'on va avancer. C'est une démarche intéressante car le moindre progrès augmente la confiance de tous les membres de l'équipe. C'est un ingrédient indispensable. Je ne suis pas du tout déprimé.

Faites-vous toujours un travail psychologique ?

Non, j'ai arrêté. L'année dernière, j'en avais ressenti le besoin, et ce que j'ai appris est acquis. À présent, je ne veux penser à rien d'autre qu'à essayer d'améliorer les performances de la moto et mes sensations. Le challenge est de rester à 100 %, quels que soient les résultats et les circonstances de course, et finir le plus près possible des pilotes de devant. Mentalement, je me sens prêt à affronter cette épreuve qui consiste à ramener, pas à pas, Yamaha au sommet.

Estimez-vous, à 24 ans, qu'il vous reste beaucoup de temps pour revenir dans les premières positions ?

Il y a deux ou trois ans, j'étais vraiment impatient. La saison 2023 m'a enseigné la patience. Désormais, je suis capable de penser étape par étape. En devenant à 22 ans le premier champion du monde français de MotoGP, j'ai généré une forme d'impatience à mon égard. Je veux que les fans sachent que je donne le maximum. Ça doit être frustrant pour eux autant que pour moi, mais j'ai confiance, ça va finir par marcher. Je suis encore jeune et je ne me suis jamais senti aussi bien physiquement. En matière de pilotage, je suis au top.

En formule 1, les coéquipiers se tirent dans les pattes. Le vôtre, Álex Rins, est-il un adversaire ou un soutien ?

Sur la piste, nous sommes rivaux, mais dès que les essais ou la course sont terminés, on doit vraiment travailler ensemble. On essaie de se pousser. À la fin du premier Grand Prix, à Lusail, on a parlé ensemble et fourni aux ingénieurs des données qui peuvent être vraiment utiles. On a tout intérêt à collaborer pour finir premier et deuxième plutôt que quinzième et seizième.

Le double champion du monde Francesco Bagnaia (Ducati Lenovo) est-il le Max Verstappen de la MotoGP ?

La grande différence, c'est qu'un seul pilote a la même voiture que Verstappen, alors que huit Ducati prennent le départ de chaque course en MotoGP. Ça veut bien dire que « Pecco » est très fort et qu'il est plus que jamais l'homme à battre.

Au retour de Portimão, j'irai me renseigner pour l'examen du permis moto

Pourquoi les constructeurs européens ont-ils tant d'avance sur les Asiatiques ?

J'ai l'impression que, depuis la pandémie de Covid, les ingénieurs japonais n'ont pas voulu prendre de grands risques, alors que les marques européennes ont vraiment élevé le niveau de développement sur la rapidité, les ailerons, l'électronique. Yamaha s'est lancé un peu trop tard, Honda également, alors que ce sont les deux constructeurs mythiques. De mon côté, je n'ai pas énormément de marge sur la prise de risque. C'est même l'un de mes points forts.

Avez-vous toujours un ballon de foot partout avec vous ?

Oui, je m'en sers à l'échauffement. Je tape dans le ballon et j'écoute de la musique, ça m'aide pas mal à me concentrer. Mais j'ai le même depuis trois ou quatre ans, il est usé, je vais devoir en changer.

En janvier, Emmanuel Macron vous a fait chevalier de la Légion d'honneur à l'Élysée. Vous a-t-il donné l'impression de s'y connaître ou d'avoir été briefé quelques minutes avant ?

Il avait quelques bases. Mais ce qui m'a touché le plus pendant la cérémonie, c'est la présence d'un soldat qui avait eu un accident pendant une mission et perdu en partie l'usage de ses jambes. Il marchait à l'aide d'orthèses. Il participe au championnat moto handisport. Je l'ai invité pour le Grand Prix de France, au Mans, le 12 mai prochain.

Au fait, vous n'avez toujours pas votre permis moto ?

Non, mais c'est pour bientôt. J'aime beaucoup le scooter TMAX de Yamaha, donc j'ai décidé de passer le permis, peut-être le mois prochain. En tout cas, au retour de Portimão, j'irai me renseigner pour l'examen. J'espère que je l'aurai du premier coup.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.