
Mardi 27 juin, en fin de matinée, la conférence inaugurale du Salon de l'Association des Maires d'Ile-de-France (AMIF) a permis de crever l'abcès avant le début des festivités. Car avant de parler de Jeux Olympiques et Paralympiques, d'égalité femmes/hommes ou de politique de l'eau, il fallait rappeler que plus de 1 000 maires ont démissionné depuis trois ans en France et qu'un maire sur deux envisage de ne pas se représenter, alors même que les violences contre les élus locaux augmentent d'année en année. Une situation préoccupante qui inquiète Stéphane Beaudet, maire d'Évry-Courcouronnes (91) et président de l'AMIF, au plus haut point : « Dans un monde qui change, les maires sont en prise directe avec la population, qui nous demande des comptes de façon de plus en plus exigeante a-t-il expliqué. Pourtant, nous n'avons plus les moyens de mener à bien nos missions de service public car nos budgets ont été considérablement réduits par la rupture du rapport fiscal avec nos administrés, alors même que l'État nous transfère toujours plus de nouvelles compétences. »
Une crise de la décentralisation
Un point de vue partagé par Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris en charge de l'urbanisme, de l'architecture, du Grand Paris, des relations avec les arrondissements et de la transformation des politiques publiques , qui ne voit plus de cohérence entre la fiscalité et le niveau de compétences des collectivités locales et regrette qu'il n'y ait pas de cadre de discussion pour revoir la répartition des missions entre l'État et les élus locaux. « Le pari philosophique de la décentralisation consistait à dire que la bonne décision devait être prise avec les citoyens, au plus proche du local, a-t-il analysé. Mais aujourd'hui plus personne n'y croit ni à Bercy ni au gouvernement, et ce manque de confiance crée un climat d'incertitude qui est le pire ennemi de la trajectoire d'investissement. » Vice-président de la métropole du grand Paris, Éric Césari regrette également que les communes soient dépendantes de subventions accordées par l'État sans garantie de pérennité et déplore que les élus locaux aient appris par la presse la revalorisation des salaires de la fonction publique, qui impacte le budget métropolitain à hauteur de 30 millions d'euros.
Pour Philippe Laurent, maire de Sceaux (92) et vice-président de l'Association des Maires de France (AMF), la situation actuelle reflète un point de blocage majeur entre l'état et les collectivités, qui nécessite un changement de culture afin de réaligner la fiscalité sur les compétences, car l'autonomie fiscale est selon lui la condition sine qua non de la responsabilité politique, et donc de la confiance des électeurs. Vice-président de la région Ile-de-France, Othman Nasrou a quant à lui déploré un état d'esprit de vassalisation des collectivités et proposé qu'un système de bonification vienne compléter l'actuel système de pénalisation... Mais si différentes pistes ont été abordées mardi, elles se résumaient toutes en une phrase : pour les maires d'Ile-de-France, le dialogue avec l'État a été rompu, et il est urgent de le renouer pour éviter une crise démocratique.
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