Lors de sa première tentative au concours d'innovation i-Lab, en 2018, Christian Chapelle avait décidé de tout faire « in house ». Raté... « Nous étions déçus, mais bien décidés à recommencer, dit-il. Pour mettre toutes les chances de notre côté, nous avons repris notre dossier de A à Z, refait la vidéo de présentation - loupée la première fois - et demandé à des experts, en particulier de la SATT Pulsalys, de revoir l'ensemble, ce qui nous largement aidé et permis de mieux structurer notre dossier et le rendre beaucoup plus lisible ». « Au total, la rédaction de ce deuxième dossier i-Lab nous a pris beaucoup plus de temps que le premier », poursuit-il. Autant d'efforts couronnés de succès...
Aller plus vite grâce à i-Lab
Lauréat du concours i-Lab 2019, le président de Polyvalan, fondée en décembre 2016, après avoir travaillé 15 ans dans l'industrie chimique et six à Pulsalys, se réjouit des 170 000 euros qu'il a reçu du concours i-Lab. « Le concours est un vrai accélérateur pour la suite, au sens où des experts reconnus ont validé la pertinence de notre projet, et cela d'autant qu'un grand nombre de dossiers déposés viennent de la biotech. La concurrence est âpre », assure-t-il. Les fonds vont lui permettre de développer une nouvelle génération de produits. « Nous avons pu embaucher une ingénieure chimiste et avançons désormais beaucoup plus vite dans ce sens », se félicite-t-il.
Commercialisée depuis le printemps 2017, la technologie socle, brevetée, issue du laboratoire de chimie de l'ENS Lyon et de l'Institut de Biologie Structurale à Grenoble, est unique au monde. Elle résulte de la découverte d'une nouvelle famille d'additifs qui permettent de résoudre la structure 3D des protéines. « Quasiment tous les médicaments interagissent avec une protéine cible, 'responsable' de la maladie. Savoir identifier et déchiffrer de nouvelles cibles est donc un enjeu majeur pour la médecine de demain », explique le nouvel entrepreneur.
La technologie est déjà commercialisée dans le monde entier, majoritairement auprès des acteurs de la recherche biomédicale (groupes pharmaceutiques, CROs, laboratoires académiques) pour aider au design de médicaments. Elle s'adresse également au monde des biotechs pour d'abord comprendre, puis s'inspirer de procédés naturels et les adapter à des problématiques environnementales (captation du Co2, dégradations des plastiques, chimie verte...) « Nous nous positionnons en amont de tous ces travaux de recherche sur une étape qui leur est néanmoins cruciale », poursuit Christian Chapelle. D'autant que la tâche est immense. « Il existe environ 10 millions de structures de protéines distinctes mais la science n'en a déchiffré que 160 000 à ce jour », indique-t-il.
Un ancrage territorial
Aujourd'hui, Polyvalan continue à se développer grâce à ses ventes, « d'autant que nous entamons désormais une 2è phase commerciale, la vente en direct, pour mieux interagir avec nos utilisateurs, précise le dirigeant, alors que nos produits étaient auparavant exclusivement vendus par un revendeur ». S'il s'intéresse à une levée de fonds, Christian Chapelle sait que la crise du COVID va forcément impacter les opérations. En outre, il veut pouvoir choisir le fonds qui l'épaulera, sans devoir, comme c'est parfois le cas, dénaturer le projet. « Nous aimerions rester en Auvergne-Rhône Alpes », proclame-t-il. Pour ce chercheur/entrepreneur, c'est une évidence, puisqu'il a profité de l'écosystème français et du soutien fort de la Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation et de sa région...
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