Bard, le concurrent de ChatGPT signé Google, débarque dans une cinquantaine de nouveaux pays dont la France

Google a annoncé, ce jeudi, le lancement de Bard, son outil d'intelligence artificielle, dans une cinquantaine de nouveaux pays dont les Etats de l'Union européenne et le Brésil, jusqu'ici évités pour des raisons de réglementation. L’UE avait précédemment fait part de son ambition de réguler les IA génératives face au risque de malveillance et de désinformation.
Google a annoncé jeudi le lancement de Bard, son outil d'intelligence artificielle concurrent dans une cinquantaine de nouveaux pays l'Union européenne inclue.
Google a annoncé jeudi le lancement de Bard, son outil d'intelligence artificielle concurrent dans une cinquantaine de nouveaux pays l'Union européenne inclue. (Crédits : Reuters)

« Bard est maintenant disponible dans la plupart des pays du monde et dans les langues les plus parlées », a indiqué dans un post de blog le géant américain, qui avait présenté en février cet outil pour répondre à ChatGPT, le logiciel phare d'OpenAI financé principalement par Microsoft.

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Trilingue jusqu'ici (anglais, japonais et coréen), Bard pourra désormais s'exprimer dans une quarantaine de langues dont l'arabe, l'allemand, le chinois, l'espagnol, le français et l'hindi, selon Google. Il pourra également énoncer ses réponses à l'oral, adapter le style de ses réponses dans un langage professionnel ou informel, ou extraire des informations à partir d'une image. Enfin, il sera possible de reprendre d'anciennes conversations avec l'intelligence artificielle, une fonctionnalité déjà disponible sur ChatGPT.

Google veut rester dans la course

Les robots conversationnels, présentés comme une alternative à la recherche en ligne traditionnelle, ont connu un succès fulgurant depuis la sortie de ChatGPT en novembre 2022. Celui-ci est même intégré au moteur de recherche Bing et à d'autres outils du géant américain Microsoft, qui finance la startup californienne.

Pour rester dans la course, Google a dû accélérer ses propres activités dans l'IA. Son patron Sundar Pichai a annoncé en mai de nouvelles fonctionnalités pour le moteur de recherche et pour la suite de services en ligne (Google Maps, Gmail, Google Docs), permettant aux utilisateurs d'échanger directement avec le modèle de langage de la firme, baptisé PaLM 2.

Google et Microsoft rivalisent d'annonces dans un but affiché : que leurs plateformes dotées de l'IA générative deviennent les assistants personnels privilégiés des utilisateurs. Ces robots, qui fonctionnent de manière statistique à partir d'un gigantesque corpus d'apprentissage, ont toutefois tendance à se tromper régulièrement, faute de capacités de raisonnement. Bard est ainsi présenté comme un « outil créatif », « expérimental », qui « peut afficher des informations inexactes ou choquantes ». Un avertissement également présent chez son concurrent.

Prudence, toutefois

« Nous avons collaboré de manière proactive avec des experts, des décideurs et des régulateurs pour mener cette expansion », a précisé Google. « Google a effectué un certain nombre de modifications préalablement au lancement, en particulier en améliorant la transparence et en modifiant certains mécanismes de contrôle pour les utilisateurs », a également précisé Graham Doyle, porte-parole de l'Autorité irlandaise de protection des données(DPC pour « Data Protection Commission »), au site Politico. « Google a accepté de procéder à un examen et de fournir un rapport à la DPC trois mois après que Bard soit devenu opérationnel dans l'UE », a-t-il poursuivi.

Le lancement retardé de Bard dans l'UE avait été interprété comme une précaution de Google face à la volonté de Bruxelles de réguler les algorithmes d'intelligence artificielle, qui suscitent de nombreuses craintes en matière de vie privée, de désinformation ou de respect de la propriété intellectuelle. En Europe, ce sont surtout des chercheurs, des experts et des régulateurs qui avaient tiré la sonnette d'alarme. En début d'année, les tribunes anti-IA se sont multipliées, appelant à une forte régulation.

« La génération de fausses images et vidéos par l'IA fait courir un risque inédit aux prochaines élections », avait souligné, en mai, des consultants du cabinet Vae Solis. « Il est urgent de reprendre le contrôle de l'intelligence artificielle, qui recèle de quoi provoquer des désordres sociaux sans précédent », avait renchéri le chercheur en IA, Hugues Bersini. Au Brésil, Alphabet (la société mère de Google) avait lancé au printemps une campagne de communication contre un projet de régulation des contenus sur internet.

Vers une plus forte régulation

Face à ces craintes, la Commission européenne a tenu à ce que les plateformes en ligne identifient clairement les contenus - images, sons, textes... - générés par l'intelligence artificielle (IA) pour lutter contre les risques de désinformation. La commissaire tchèque chargée des Valeurs et de la Transparence a adressé cette demande aux signataires du code de bonnes pratiques de l'UE contre la désinformation. Ce code, non-contraignant, regroupe sur une base volontaire une quarantaine d'organisations, dont des plateformes majeures comme Facebook, Google, YouTube, TikTok - tandis que Twitter l'a récemment quitté.

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« Les signataires qui intègrent l'IA générative dans leurs services comme Bing Chat pour Microsoft, Bard pour Google devraient intégrer les garanties nécessaires pour que ces services ne puissent pas être utilisés par des acteurs malveillants pour générer de la désinformation », avait déclaré Vera Jourova, vice-présidente de la Commission européenne, début juin lors d'un point presse. « Et deuxièmement, les signataires qui ont des services susceptibles de diffuser de la désinformation générée par l'IA devraient mettre en place une technologie pour reconnaître ce contenu et l'indiquer clairement aux utilisateurs », avait-elle ajouté.

Plusieurs fausses photographies produites avec de l'IA générative ont récemment été largement relayées sur les réseaux sociaux, comme celle du pape en doudoune ou celle d'une arrestation de l'ancien président américain Donald Trump.

Les très grandes plateformes qui comptent plus de 45 millions d'utilisateurs actifs dans l'UE seront soumises à partir du 25 août à des obligations en la matière dans le cadre de la législation sur les services numériques (DSA). Cette réglementation prévoit « le recours à un marquage bien visible » pour garantir qu' « une image, contenu audio ou vidéo généré ou manipulé (...) est reconnaissable ».

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L'UE négocie par ailleurs une législation spécifique sur l'IA, qui prévoit des obligations de transparence pour les générateurs de contenus rédactionnels type ChatGPT, mais ces discussions entre les Etats membres et les eurodéputés traînent en longueur. Si le texte devait être adopté avant la fin de l'année, il entrerait en vigueur « au plus tôt fin 2025 », selon le commissaire européen pour le Numérique Thierry Breton, qui a convenu avec le patron de Google, Sundar Pichai, de travailler d'ici là sur des règles avec les entreprises volontaires.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 14/07/2023 à 10:34
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Un peu plus original déjà comme nom mais ça ne claque toujours pas.

à écrit le 13/07/2023 à 13:38
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"Intelligence Artificielle ". Franchement cette dénomination me "gonfle". L'intelligence est du domaine du vivant, pas de celui des machines.

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