Lemaitre Demeestere rend un avenir au lin

L'une des plus anciennes entreprises textiles de France s'impose à l'international en misant sur le haut de gamme "made in France" et la créativité. Avec l'aide du MIT de Boston.
Le choix récent de l'entreprise de se spécialiser dans le lin, en visant le haut de gamme et l'international, lui permet de réaliser déjà 20% de ses ventes hors de France. / DR

En 2008, quatre jours avant la faillite de Lehman Brothers, Olivier Ducatillion rachetait le tisseur Lemaitre Demeestere installé depuis 1835 à Halluin, près de Lille. L'année suivante, les ventes chutaient de 30%. Il fallait donc que l'entreprise trouve un nouvel élan.

Avant la crise, elle fabriquait des tissus d'ameublement en fibres naturelles sur le segment moyen et haut de gamme, ainsi que des tissus en polylaine pour les marchés publics. La PME décide alors de se retirer des marchés publics, ne pouvant lutter contre les concurrents venus des pays à faible coût de main-d'oeuvre. Et elle se spécialise dans le lin, en visant le haut de gamme et en misant sur l'international.

Forte de ce nouveau positionnement, Lemaitre Demeestere voit ses ventes repartir à la hausse. En 2013, le chiffre d'affaires remonte à 4,5 millions d'euros avec un effectif de 30 personnes dont 23 en production. Alors qu'elle n'avait jamais été positionnée à l'export, la PME réalise 20% de ses ventes hors de France, pour l'instant principalement en Europe et aux États-Unis.

« Je vise les 50% dans les trois ans à venir », avance OIivier Ducatillion alors qu'il se prépare à partir en prospection aux Émirats.

Un savoir-faire presque unique au monde

Toutes les collections sont produites à Halluin et l'ennoblissement sous-traité dans un rayon de 20 km autour de l'usine nordiste.

« Nous sommes passés maîtres dans le tissage de gros fils de lin. Certains de nos tissus pèsent 1,1 kg au mètre carré tout en ayant un tombé très souple et une sensation douce au toucher. Nous ne sommes que deux ou trois dans le monde à savoir le faire », détaille le patron de Lemaitre Demeestere.

Commercialisé depuis deux ans, après une année de mise au point, ce type de tissu est devenu une des signatures de l'entreprise. Pas de risque de se voir concurrencer là-dessus par des entreprises asiatiques ou du Moyen-Orient.

Membre de l'Union des industries textiles (UIT), président du Club Masters of Linen qui regroupe une trentaine de filateurs, tisseurs et tricoteurs européens, président du Centre de formation CIA-Gafit de Tourcoing, Olivier Ducatillion fait feu de tout bois pour maintenir et développer les savoir-faire des industriels du lin en Europe. Un engagement qui le place aussi en première ligne pour détecter les initiatives collectives pouvant profiter à son entreprise.

La PME participe ainsi au programme de recherche et d'innovation « Tech & Design » lancé par le réseau national R3iLab d'innovation immatérielle pour l'industrie dans le monde du textile, de la mode et des activités connexes. L'occasion pour elle de réfléchir sur un nouveau produit avec des designers, en l'occurrence ceux de l'agence Sismo Design.

Les échanges ont démarré en 2012 et se sont poursuivis jusqu'à donner naissance à un rideau en lin à la fois voilage et occultant dont la commercialisation va prochainement démarrer.

« En visitant l'usine d'Halluin beaucoup de nos a priori sur l'industrie textile française sont tombés. Nous nous sommes retrouvés devant des machines très performantes et un savoir-faire technique très pointu », raconte Frédéric Lecourt, designer cofondateur de Sismo Design.

C'est d'ailleurs à partir de la connaissance des outils de production de Lemaitre Demeestere que l'agence a eu l'idée de créer un rideau multifonctions.

En mars 2013, toujours dans le cadre du R3iLab, Olivier Ducatillion a participé à un voyage d'étude au MIT (Massachusetts Institute of Technology) à Boston. Il y a trouvé de nouvelles pistes de développements, porteurs de valeur pour son entreprise.

« En partenariat avec une société française de distribution, nous allons faire appel à un chercheur du MIT pour sortir un nouveau produit d'ameublement à base de lin », confie l'entrepreneur.

En juin 2013, la PME a été labellisée Entreprise du patrimoine vivant. Et le 16 janvier 2014, Olivier Ducatillion a été promu au grade de chevalier de l'Ordre national du Mérite sur proposition du ministre du Redressement productif. Il vient d'ouvrir un magasin d'usine et lancé un site Internet marchand, histoire de bien ancrer le lin dans le XXIe siècle.

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