Prix 10.000 startups 2021 : Water Horizon transforme la chaleur perdue des usines en énergie

Lauréat dans la catégorie Start du concours "10.000 Startups pour changer le monde" organisé par La Tribune, Water Horizon développe une batterie thermique capable de stocker la chaleur fatale, c'est-à-dire la chaleur perdue des usines, et de la restituer sous forme d'énergie, dans une logique d'économie circulaire.
Après sa victoire lors de la sélection régionale de Toulouse, Water Horizon est le grand lauréat national dans la catégorie Start du prix 10.000 startups pour changer le monde 2021.
Après sa victoire lors de la sélection régionale de Toulouse, Water Horizon est le grand lauréat national dans la catégorie Start du prix 10.000 startups pour changer le monde 2021. (Crédits : DR)

À l'heure où le réchauffement climatique se transforme en urgence climatique, la chaleur fatale, qui signifie la chaleur générée et perdue au cours d'un procédé industriel, représente un gisement d'énergie important. "En Europe, c'est l'équivalent de l'énergie produite par 100 réacteurs nucléaires chaque année. Mais aujourd'hui, cette chaleur ne sert qu'à réchauffer les petits oiseaux 365 jours par an", ironise Jean-Emmanuel Faure, le CEO de la startup Water Horizon.

Le nom de cette dernière n'a rien à voir avec la problématique pour une bonne raison. "L'idée de base au départ était de se consacrer au dessalement d'eau de mer", raconte le diplômé de l'INP-Enseeiht à Toulouse, sur la mécanique des fluides. Pour développer son idée, Jean-Emmanuel Faure profite alors du nouveau statut de l'époque au sein de l'établissement, à savoir celui de l'étudiant-entrepreneur. "Pendant trois ans, comme les athlètes de haut niveau, j'ai bénéficié d'un emploi du temps aménagé pour concilier mes études avec le développement de mon projet entrepreneurial", raconte-t-il. Seulement, quelques mois après son intégration au sein de l'incubateur Nubbo et son diplôme en poche, le jeune ingénieur doit se rendre à l'évidence. Les débouchés commerciaux et la rentabilité de sa valeur-ajouté sont loin d'être garanties.

Même batterie qui récupère et redistribue la chaleur, sous forme de froid ou chaud

Finalement, une période de recherche et de réflexion, couplée à une rencontre avec des représentants de Dalkia, la filiale d'EDF chargée notamment du développement des énergies renouvelables, amène Jean-Emmanuel Faure sur la voie de la chaleur fatale dès 2018.

"Nous proposons désormais une technologie de stockage de la chaleur. Pour cela, nous avons développé une batterie thermique qui repose sur une technologie thermochimique. Concrètement, nous stockons la chaleur sous forme chimique et il n'y a donc aucune déperdition de chaleur tant que nous ne provoquons la réaction chimique nécessaire à son extraction", explique le dirigeant.

Dans les faits, la batterie se présente sous la forme d'un container équipé de tuyaux et transportable par camion. Avantage de la technologie développée par Water Horizon, c'est la même batterie qui récupère la chaleur sur un site industriel et qui la redistribue chez un autre, sous forme de chaud, de froid, ou les deux.

"Nous partons du principe que nous ne paierons pas la chaleur récupérée et ce, pour deux raisons. Tout d'abord, nous allons permettre à l'entreprise en question de réduire sa taxe CO2 et surtout, elle n'a pas à investir dans l'équipement de récupération puisque que c'est nous qui apportons la solution. Après tout dépendra du modèle économique souhaité par le site industriel concerné. Par la suite, nous revendrons cette énergie renouvelable à un prix concurrentiel à d'autres entreprises pour faire en quel que sorte de l'économie circulaire. Nous sommes davantage une solution de distribution d'énergie renouvelable qu'un équipement", expose Jean-Emmanuel Faure.

Pour alimenter ses batteries, la startup installée à Toulouse vise uniquement la chaleur fatale entre 100 et 200 degrés. Au-dessus, elle rentrerait en concurrence directe avec les turbines ORC. "Sur la valorisation de la chaleur fatale comprise entre 100 et 200 degrés, il y a un trou dans la raquette. La seule solution reste le réseau de chaleur urbain mais en construire un kilomètre coûte environ un million d'euros. De plus, les industriels se trouvent généralement éloignés des centres-villes", explique le fondateur de Water Horizon. C'est en ce sens qu'est née le partenariat de R&D avec Dalkia, où l'intérêt est de récupérer la chaleur fatale sur des sites industriels pour la réinjecter dans des réseaux de chaleur urbains.

Une première unité industrielle dès la fin de l'année 2021

Néanmoins, la jeune pousse travaille également avec d'autres partenaires industriels, dont Jean-Emmanuel Faure tait le nom par souci de confidentialité, pour des nouvelles gammes de batteries sur différentes températures. Trois années après le début de l'aventure qui consiste à donner un intérêt à cette chaleur perdue, Water Horizon et ses sept salariés disposent de deux démonstrateurs opérationnels d'une puissance chacun de 10 kilowatts, soit de quoi répondre aux besoins annuels en énergie d'une maison d'environ 200 mètres carrés. À terme, les batteries auront une capacité de 1 à 5 mégawatts.

"Nous sommes en phase de finalisation d'une levée de fonds de plusieurs millions d'euros. En plus de neuf recrutements, celle-ci doit nous permettre de passer ce cap industriel sur notre technologie. Nous voulons avoir la première unité à usage industriel dès la fin de l'année 2021", annonce le CEO.

Cette ligne sera installée à Toulouse ou à La Rochelle, lieux d'implantation d'entreprises partenaires. Au regard des enjeux et de l'intérêt suscité par son innovation, notamment depuis sa distinction au dernier concours "EDF Pulse", Water Horizon compte bien commercialiser trois batteries dès 2022.

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Le prix "10.000 startups pour changer le monde" est le plus grand concours de startups en France. Il est organisé par La Tribune en partenariat avec BNP Paribas, la Mission French Tech, Bpifrance, Business France, le cabinet de conseil en propriété intellectuelle Germain Moreau, Enedis, le secrétariat d'Etat à l'Economie Sociale et Solidaire et le ministère de l'Outre-Mer.

"10.000 startups pour changer le monde" récompense depuis 9 ans les startups françaises les plus prometteuses dans six catégories qui incarnent les défis de demain : Environnement & Energie, Industrie du futur, Data & IA, Smart tech -innovations d'usage-, Santé et Start -pépites en phase d'amorçage. Lors d'un tour de France entre janvier et mars dans 8 métropoles françaises (Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Paris, Strasbourg et Lille), son jury d'experts et de journalistes a récompensé dans chaque région 6 startups, une par catégorie, soit 48 lauréats régionaux.

Ces gagnants se sont affrontés en finale le 15 mars en Paris, pour désigner parmi eux 8 grand prix nationaux : un par catégorie, ainsi qu'un prix Coup de Coeur et un prix Impact. Un 9è prix a également été décerné à une startup des Outre-Mer, parmi quatre finalistes primés à La Réunion et en Guadeloupe. Les 9 prix ont été remis le 29 mars 2021 au Grand Rex de Paris. Après sa victoire lors de la sélection régionale de Toulouse, Water Horizon est le grand lauréat national dans la catégorie Start.

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Commentaire 1
à écrit le 01/04/2021 à 23:17
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La France regorge de talents. Les américains achètent des cerveaux, nous ont en est.

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