Jeux vidéo : le japonais Sega s'apprête à racheter le créateur d'« Angry Birds »

Sega va lancer une offre amicale de rachat de Rovio, connu pour sa franchise au succès planétaire, Angry Birds, ont annoncé les deux entreprises dans un communiqué commun. La direction du groupe finlandais a recommandé aux actionnaires d'accepter l'offre de 9,25 euros par action.
Rovio est connu pour sa franchise au succès planétaire, Angry Birds, au tournant des années 2010.
Rovio est connu pour sa franchise au succès planétaire, Angry Birds, au tournant des années 2010. (Crédits : <small>DR</small>)

[Article mis à jour le 17 avril à 12h40]

« Combiner les forces de Rovio et de Sega représente un avenir incroyablement excitant », s'est réjoui Alexandre Pelletier-Normand, patron canadien du groupe finlandais Rovio, cité dans un communiqué. Il réagissait à l'annonce commune des deux entreprises, ce lundi 17 avril, du lancement par le japonais Sega d'une offre amicale de rachat de Rovio.

L'offre, qui représente une prime de 19% par rapport au cours de clôture de l'action Rovio vendredi, s'inscrit dans le cadre de « l'objectif de long terme » de la marque du hérisson Sonic de se développer dans le jeu vidéo sur mobile, indiquent Sega et Rovio dans leur communiqué.

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Sega, qui compte mener l'acquisition entre début mai et juillet, entend finaliser le rachat au cours du troisième trimestre. Grand acteur du jeu vidéo dans les années 1980 et 1990 avec ses consoles Mega Drive, le japonais est connu pour son célèbre personnage de Sonic, hérisson bleu rapide comme l'éclair. Mais la firme a ensuite sérieusement décliné, ayant échoué à imposer ses consoles face à Nintendo et son Super Mario, ainsi que Sony et ses Playstation.

Planche de salut pour Sega

Au-delà de la création de jeux vidéo, le groupe - qui s'appelle Sega Sammy Holdings depuis 2004 - est aussi très présent dans les jeux d'arcade et les machines de pachinko (croisement entre flipper et machine à sous) au Japon. Or, le déclin de ce domaine d'activité s'est accéléré ces dernières années à cause de la pandémie de Covid-19.

Les jeux sur smartphones sont donc perçus comme une planche de salut par le groupe, qui a réalisé l'an passé un chiffre d'affaires annuel de 381,5 milliards de yens (environ 2,6 milliards d'euros), pour un bénéfice net de 31,5 milliards de yens (214 millions d'euros).

Avec Rovio, Sega met aussi la main sur la plateforme pour jeux sur mobiles du finlandais, Beacon, l'autre actif principal de Rovio.

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Fin de l'indépendance des fleurons finlandais du jeu vidéo sur mobile

Rovio a été créée en 2003 par trois étudiants en informatique à Helsinki. Cette petite société finlandaise avait été propulsée à la notoriété mondiale en lançant Angry Birds six ans plus tard. Mais depuis le succès planétaire de ce jeu au tournant des années 2010, Rovio était resté très dépendant de sa licence faute d'avoir réussi à signer un autre jeu-phare.

Spécialisé dans les jeux sur mobile, le groupe a réalisé, l'an dernier, un chiffre d'affaires modeste de 317,7 millions d'euros, pour un bénéfice net d'environ 31 millions. Sa croissance avait plafonné ces dernières années, malgré une suite donnée à son jeu vidéo et des déclinaisons au cinéma, et même en parc d'attractions et livres jeunesse. Ainsi qu'une introduction en Bourse en 2017. Sa capacité à rééditer un succès mondial semble toutefois incertaine aux yeux des analystes.

La direction de Rovio, qui emploie environ 500 personnes, a en tout cas recommandé aux actionnaires d'accepter l'offre de 9,25 euros par action. Vers 09h30 GMT à la Bourse d'Helsinki, le titre Rovio bondissait de 17,8%, à 9,16 euros.

Après le rachat de Supercell (Clash of Clans, Hay Day...) par des entreprises japonaises puis par le Chinois Tencent en 2016, l'acquisition marque la fin de l'indépendance des fleurons finlandais du jeu vidéo sur mobile. La Finlande conserve toutefois un éditeur indépendant de jeux vidéo de taille significative, avec le spécialiste de jeux pour consoles Remedy Entertainment et la franchise Alan Wake.

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Concurrence: le rachat d'Activision Blizzard par Microsoft face à une triple menace

Microsoft est lancé dans la dernière ligne droite d'une campagne pour convaincre les autorités de concurrence de l'UE, du Royaume-Uni et des États-Unis d'approuver son offre de rachat d'Activision Blizzard, propriétaire des jeux à succès Candy Crush et Call Of Duty.

Bruxelles a ouvert une enquête en novembre, disant craindre que Microsoft puisse « verrouiller l'accès aux jeux vidéo d'Activision Blizzard » pour consoles et PC dont le célèbre Call of Duty et qu'il soit tenté de mettre en place « des stratégies d'éviction des distributeurs concurrents ».

L'exécutif européen s'inquiète aussi d'un impact sur le marché des systèmes d'exploitation, estimant que les consommateurs pourraient être découragés d'acheter des PC ne fonctionnant pas sous Windows, le produit phare du géant américain devenant encore plus attractif grâce à l'accès aux jeux d'Activision Blizzard.

Les inquiétudes ne sont pas moins vives au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Sony, fabricant de la PlayStation, la console la plus vendue du marché, affirme que l'accord donnera à Microsoft le pouvoir de limiter l'accès de ses rivaux à la célèbre franchise. Le géant américain rétorque qu'ériger des barrières n'aurait aucun sens pour lui d'un point de vue financier.

L'institution la plus difficile à convaincre pourrait être l'autorité britannique (CMA) qui a estimé en février que le rachat pourrait nuire aux consommateurs, dans des conclusions préliminaires.

Il reste quelques semaines au propriétaire de la Xbox pour persuader les trois régulateurs que son projet de fusion à 69 milliards d'euros ne constitue pas une menace pour ses rivaux. Des décisions sont attendues au printemps.

(Avec AFP)

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