Les Gafam ont désormais tous ralenti ou gelé leurs recrutements

Cette semaine, Google a annoncé à ses employés qu'il ralentissait la voilure sur le recrutement. C'était le dernier des Gafam -Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft : le quintette chef de file de la tech américaine- à ne pas avoir annoncé de mesure de la sorte. Ces ralentissements font écho aux difficultés des valeurs tech à Wall Street, ainsi qu'à un retour à la normale après des années Covid particulièrement profitables aux Gafam.
François Manens
(Crédits : CHARLES PLATIAU)

La tech américaine passe en pleine zone de turbulences. Habituée à recruter à tour de bras à des salaires très élevés, les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) annoncent l'un après l'autre le ralentissement voire le gel des recrutements. Dernier du quintette à prendre cette décision, Google. Dans un mémo interne relayé par The Information mercredi 20 juin, le vice-président Prabhakar Raghavan évoque un arrêt du recrutement pour deux semaines -sauf pour certaines positions techniques-, le temps de "faire le point sur les besoins en effectif" et de "se positionner sur un nouvel ensemble demandes prioritaires".

Prudence plus que panique (pour l'instant)

Dès le mois de mai, Meta (ex-Facebook) avait commencé à geler le recrutement pour les équipes moins essentielles à son modèle économique, comme son app de rencontre (Facebook Dating), ou sa division dédiée au jeu vidéo (Facebook Gaming), ce qui a mené à une baisse de 30% de ses recrutements sur les postes d'ingénieurs. Twitter, Spotify et bien d'autres ont suivi des plans de ralentissement similaires, tandis que certains, comme Netflix, ont même licencié pour réduire leurs coûts. Microsoft a également licencié 1% de ses effectifs (1.800 emplois), une première en 5 ans, en se justifiant par des besoins de réorganisation.

Pour autant, le secteur ne tire pas encore la sonnette d'alarme. Les entreprises présentent ces ralentissements comme des mesures de prudence, face au spectre d'une éventuelle récession. Pour rappeler que ce gel n'est pas contraint, Google a d'ailleurs mis en avant qu'il a recruté pas moins de 11.000 employés rien qu'au dernier trimestre, pour un total de 164.000 personnes dans ses effectifs.

Mais entre la guerre en Ukraine, les hausses du prix des processeurs (qui semble  ralentir) et des matières premières, et l'inflation généralisée qui réduit le pouvoir d'achat des ménages, l'atmosphère économique n'est évidemment pas au mieux. "Comme toute entreprise, nous ne sommes pas immunisés comme les turbulences de l'économie", a d'ailleurs rappelé un peu plus tôt le CEO de Google, Sundar Pichai.

Des conséquences de l'après-Covid ?

Malgré des résultats toujours au beau fixe, les valeurs tech sont les premières sanctionnées à la Bourse, notamment car l'écart entre leur valorisation et leur chiffre d'affaires est historiquement bien plus élevé que sur les autres marchés en raison de leur potentiel de croissance. Résultat, depuis le début de l'année, le Nasdaq-100, l'indice qui regroupe les 100 entreprises technologiques les mieux cotées à Wall Street, a perdu près de 25%. Toutes les têtes d'affiches du secteur, de Apple à Google en passant par Microsoft ont perdu au moins 15% de leur valeur, soit des dizaines de milliards de dollars. D'autres se sont carrément effondrées, comme Meta (ex-Facebook) à -45% ou Netflix à -66%.

Cependant, il ne faut pas oublier que ce mauvais passage de la tech fait suite à deux années marquées par le Covid dont ont grandement profité les champions du numérique.

« Alors que le variant Omicron a reculé dans la seconde partie du premier trimestre et que les employés sont revenus de congés, nous sommes rapidement passés d'une situation de sous-effectif à une situation de sureffectif », expliquait en avril le directeur financier d'Amazon, Brian Olsavsky, pour expliquer le ralentissement du recrutement.

Les analystes voient donc dans le coup de froid du secteur plus une correction après un pic qu'une réelle tendance de fond. Et pour cause : la révolution numérique est toujours en cours et devrait même s'intensifier dans les années à venir. De plus, le marché des emplois de la tech reste en tension. Ces ralentissements pourraient donc soulager les entreprises qui peinent à recruter. Les seuls perdants de ces mesures sont pour l'instant les profils les plus recherchés, qui ne pourront plus profiter autant des salaires tirés vers le haut par les Gafam.

François Manens

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Commentaire 1
à écrit le 22/07/2022 à 1:09
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Des licenciements financiers pour gonfler la taille des enveloppes de rachats d'actions destinés à soutenir les valorisations spéculatives des GAFAM qui rémunèrent grassement leurs cadres dirigeants via des stock-options non méritées...

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