Musique : bilan en demi-teinte pour le marché français malgré une nouvelle hausse du chiffre d'affaires en 2023

Le marché français de la musique enregistre une hausse de son chiffre d'affaires pour la septième année consécutive en 2023 (968 millions d'euros, +5,1% sur un an). Un bilan général « satisfaisant », qui ne saurait toutefois cacher des résultats contrastés.
Le marché français de la musique progresse de 5,1% en 2023 (photo d'illustration).
Le marché français de la musique progresse de 5,1% en 2023 (photo d'illustration). (Crédits : © Eduardo Munoz / Reuters)

Le marché musical français reste audible, mais peut mieux faire. Avec 968 millions d'euros de chiffre d'affaires, il progresse de 5,1% sur un an en 2023, selon les chiffres du Syndicat national de l'édition phonographique (Snep) dévoilés ce mardi. Il s'agit de la septième année consécutive de hausse. En comparaison, le chiffre d'affaires du marché français de la musique avait enregistré une hausse de 6,4% en 2022.

Dans son communiqué, le Snep observe « une relative stabilité (-1%) des revenus générés par les supports physiques, qui représentent toujours près d'un quart des ventes ». Le chiffre d'affaires des exploitations numériques, qui représente les trois autres quarts, augmente pour sa part de 8,8%. Tous formats confondus, les ventes de musique sont en hausse de 6,2% par rapport à 2022. Mais derrière ce bilan « satisfaisant », les résultats du marché musical français sont toutefois contrastés.

Des résultats en demi-teinte

En effet, le revenu du secteur atteint « tout juste 53% du niveau historique de 2002 », selon les chiffres du Snep. En outre, comparée au Top 10 des marchés mondiaux, la croissance numérique est en retard en France, note par ailleurs le Syndicat national de l'édition phonographique.

Autre point négatif : « la progression de 10% des revenus du streaming par abonnement reste trop faible pour nourrir pleinement le développement du marché, alors que c'est la première source de création de valeur ».

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« Quant au streaming financé par la publicité, il présente des résultats contrastés avec l'audio en hausse de 15% et les usages vidéo stables, indique le Snep. Dans les deux cas, ces segments participent de façon marginale au chiffre d'affaires total : seulement 9% chacun ». Le syndicat recense enfin 12 millions d'abonnements en France, « soit un taux de pénétration de 16% pour l'abonnement payant, un des plus faibles parmi les principaux territoires de la musique ».

La menace TikTok

Selon le Snep, le streaming musical est directement concurrencé par TikTok, « plateforme dont la popularité s'appuie sur la musique, qui nourrit 85% de ses contenus, sans pour autant la rémunérer à la hauteur de cette contribution ».

« Ces vidéos courtes qui avaient au départ créé une nouvelle source de visibilité et de découverte pour les nouveautés, captent et détournent désormais l'attention des fans des services de streaming audio, lesquels sont pourtant de loin la principale source de revenus des artistes et des producteurs », déplore le Syndicat national de l'édition phonographique.

Ce constat résonne avec le conflit actuel entre le géant américain de l'industrie musicale Universal Music Group (UMG) et TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, au sujet de la rémunération des artistes. Ce bras de fer s'est encore durci début mars avec le retrait de la plateforme de plusieurs stars dont Harry Styles, après ceux de Taylor Swift et des Beatles.

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Pour le Snep, le développement du streaming payant est « un enjeu de taille dans un contexte inflationniste ». Spotify France, leader mondial du marché du streaming musical, envisage d'ailleurs une augmentation prochaine de son abonnement. La plateforme se justifie par les coûts supplémentaires « imposés » par la taxe streaming entérinée dans le pays.

(Avec AFP)

« Mention spéciale » aux rap, hip-hop, R&B

Le Snep met en avant un point positif de ce bilan annuel très attendu : « la dynamique et les succès de la production musicale française (ou produite en France au sens plus large) », avec 17 des 20 meilleures ventes d'albums. Le Snep décerne une « mention spéciale » aux rap, hip-hop, R&B. L'organisme représentatif remarque que 24 premiers albums produits en France intègrent le top 200 annuel dont « Mélo » de Tiakola qui s'invite directement en 4ème position.

À noter que Aya Nakamura, star du R&B, est la « seule femme présente dans les 20 premières places pour un projet solo » en France pour les ventes en 2023. Une donnée à rappeler alors que la Franco-Malienne, qui pourrait chanter en ouverture des Jeux olympiques de Paris (26 juillet-11 août), est ciblée par l'extrême droite française, qui la juge illégitime pour cette exposition mondiale.

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Commentaires 2
à écrit le 12/03/2024 à 16:41
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J'achète des CD de temps en temps, et écoute France-Musique le matin, c'est mon streaming. Sans doute une question de génération. Streaming = accès à tout, au fil de l'eau, et quand on ne paie plus, accès à rien. Vivent les CD ! :-) (on me dit que c'...

à écrit le 12/03/2024 à 16:04
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cela ne change rien pour les indépendants, mais pour toutes les boites de musiques oui j'imagine qu'il y a moins de rond a se faire ! et comme ce sont les mêmes qui sont en com qui tractent l'ensemble de l'oseille, il n'y a que les majors qui pleuren...

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