Le feu vert au rachat de SFR par Numericable menacé ?

Le gendarme de la concurrence ouvre une procédure contre Numericable, qu’elle soupçonne de ne pas respecter les engagements pris au moment de la fusion. En cause, une hausse de tarifs risquant de pénaliser l’opérateur mobile Outremer Telecom, qu’il est censé vendre dans les pus brefs délais.
Delphine Cuny
Patrick Drahi, le président de Numericable SFR.

L'arme atomique. L'Autorité de la concurrence vient de brandir un de ses pouvoirs les plus massifs, en évoquant la possibilité d'un retrait du feu vert donné au rachat de SFR par Numericable en novembre dernier. Le gendarme de la concurrence annonce ce jeudi l'ouverture d'une procédure sur le respect des engagements pris par le câblo-opérateur, plus précisément celui de la cession des activités mobiles d'Outremer Telecom, à la Réunion et à Mayotte, où le nouveau numéro deux français des télécoms serait devenu trop dominant (66% de part de marché à la Réunion, 90% à Mayotte).

Numericable-SFR a bien lancé un processus de cession et reçu des offres de reprise  : on parle de Free notamment, du FAI réunionais Zeop de la famille Goulamaly, de Digicel et de fonds d'investissement. Mais il vient d'augmenter au 1er janvier les tarifs de ses forfaits, ouvrant la possibilité aux abonnés de résilier de façon anticipée. De quoi conduire les sages de la rue de l'Echelle à « s'interroger » sur cette décision à la veille d'une cession, censée se conclure dans les plus brefs délais, d'ici à la fin février.

« Afin d'examiner la compatibilité de cette décision avec les obligations souscrites par Numericable de préserver la viabilité économique, la valeur marchande et la compétitivité des activités de téléphonie mobile d'Outremer Télécom jusqu'à leur cession, le collège de l'Autorité a décidé de se saisir pour vérifier le respect de cet engagement » explique le gendarme de la concurrence dans un communiqué.

Affaiblir son futur concurrent

Il craint en effet que Numericable affaiblisse volontairement la société qu'il est en train de vendre, en réduisant la taille de son parc d'abonnés, afin que la filiale qu'il conserve, le SFR local (SRR, SMR) n'affronte pas un concurrent trop redoutable.

L'Autorité prend les précautions oratoires nécessaires, soulignant que l'ouverture de cette procédure « ne préjuge en rien des suites qui pourraient être données. » Mais elle rappelle qu'en cas de « manquement à des engagements pris à l'occasion d'une fusion », elle a le pouvoir de prononcer une sanction pécuniaire, pouvant aller jusqu'à 5% du chiffre d'affaires France de l'entreprise - soit théoriquement la coquette somme de 575 millions euros ! - de l'enjoindre sous astreinte de respecter ses engagements, et même de « retirer la décision ayant autorisé la réalisation de l'opération », comme elle l'avait fait dans le cas du rachat de TPS par Canal Plus. Un avertissement feutré mais ferme.

Interrogé, Numericable-SFR assure que « le processus de vente est bien avancé. Nous allons répondre aux questions en toute transparence. »

Article mis à jour à 15h.

Delphine Cuny

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Commentaires 2
à écrit le 23/01/2015 à 7:43
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Wow voila qui est prometteur si l'autorité de la concurrence s'intéresse à l'outremer !

à écrit le 22/01/2015 à 15:40
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N'importe quoi ! C'est vrai qu'il faut bien remplir des journaux...

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