Chassé de Wall Street, China Mobile fait une entrée fracassante à la Bourse de Shanghai

Le plus grand opérateur télécoms du monde a gagné plus de 9% dans les premiers échanges. Il envisage de lever près de 7 milliards d’euros. Une manne qu’il consacrera, en partie, au déploiement de la 5G. L'opération intervient un an après que China Mobile a été chassé de Wall Street par l'administration américaine.
Pierre Manière
Selon l'agence d'information financière Bloomberg, il s'agit de la plus grosse levée de fonds en Chine continentale depuis une décennie.
Selon l'agence d'information financière Bloomberg, il s'agit de la plus grosse levée de fonds en Chine continentale depuis une décennie. (Crédits : Reuters)

C'est une entrée en matière aussi remarquée que réussie. China Mobile a fait un carton, ce mercredi, pour son entrée à la Bourse de Shanghai. Son titre a gagné plus de 9% dans les premiers échanges. Le plus grand opérateur du monde compte lever, au total, près de 7 milliards d'euros. Selon l'agence d'information financière Bloomberg, il s'agit de la plus grosse levée de fonds en Chine continentale depuis une décennie.

Cette manne doit notamment permettre à l'opérateur de mettre les bouchées doubles dans le déploiement de la 5G. Cette nouvelle technologie de communication mobile est considérée comme éminemment stratégique par le gouvernement chinois. Il perçoit la 5G comme un catalyseur de premier choix pour accélérer la numérisation du pays et de ses entreprises. L'empire du Milieu espère, ainsi, damer le pion aux Etats-Unis en matière de technologie, et leur chaparder, par ce biais, leur leadership économique.

Pied de nez à l'administration Biden

Avec cette levée de fonds, China Mobile fait aussi un joli pied de nez à l'administration américaine. Le groupe avait, en effet, été chassé de Wall Street en janvier dernier, dans un contexte de fortes tensions entre Pékin et Washington. Peu avant son départ de la Maison Blanche, l'ancien président Donald Trump avait pris un décret interdisant aux Américains d'investir dans des entreprises soupçonnées de collaborer avec l'armée chinoise.

Outre China Mobile, les deux autres grands opérateurs de l'empire du Milieu ont quitté les Etats-Unis. Il y a d'abord China Telecom. Celui-ci s'est également introduit à la Bourse de Shanghai cet été, et a levé quelque 6,5 milliards d'euros. China Unicom, pour sa part, était déjà côté sur cette place financière par l'intermédiaire d'une de ses filiales.

« Risques pour la sécurité nationale »

Les Etats-Unis ont longtemps mené la vie dure à China Mobile. A l'été 2018, l'Administration nationale des télécommunications et de l'information (NTIA), qui dépend du département du Commerce, s'était notamment opposée à la demande du géant chinois de proposer des services de télécommunications entre les Etats-Unis et d'autres pays.

« A l'issue d'un long examen avec China Mobile, les inquiétudes concernant les risques accrus en matière de respect du droit américain et des intérêts de la sécurité nationale n'ont pu être levé », a alors affirmé David Redl, secrétaire adjoint aux communications et à l'information du département du Commerce. Dans sa recommandation, la NTIA a argué que son évaluation reposait « en grande partie sur le bilan des activités de renseignement et d'espionnage économique de la Chine ciblant les Etats-Unis, ainsi que sur la taille et les ressources techniques et financières de China Mobile ». En outre, l'administration a jugé que l'opérateur était « assujetti à l'exploitation, à l'influence et au contrôle du gouvernement chinois ». Selon elle, sa demande posait donc « des risques importants et inacceptables pour la sécurité nationale et l'application de la loi dans l'environnement [...] actuel ».

Les géants chinois de la tech dans le viseur de Washington

Cette petite musique, les cadors chinois de la tech l'ont désormais bien en tête. Ils suscitent aujourd'hui la plus grande méfiance de l'administration américaine. Sur ce front, Joe Biden a conservé la ligne dure de Donald Trump à l'égard de l'empire du Milieu. Le mois dernier, c'est le chinois DJI, géant des drones, qui a essuyé des sanctions de Washington. Les Etats-Unis redoutent notamment que ses produits soient utilisés à des fins d'espionnage sur le sol américain.

Autre champion de la tech, le géant des télécoms et des smartphones Huawei pâtit depuis longtemps de violentes sanctions du pays de l'Oncle Sam. Les Etats-Unis mènent une guerre à cette entreprise, soupçonnée d'espionnage pour le compte de Pékin. Ce que Huawei a toujours nié. Quoi qu'il en soit, le groupe de Shenzhen est aujourd'hui à la peine. En 2021, le groupe a récemment fait état d'une dégringolade de ses ventes de 30%, à 634 milliards de yuans (87 milliards d'euros). De quoi alimenter le bras de fer entre les Etats-Unis et la Chine, qui va sans aucun doute se poursuivre en 2022.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 05/01/2022 à 12:38
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Ouais bon enfin c'est un peu comme cette nouvelle vague de sondages qui demande à ceux qui ont voté pour un candidat ce qu'il pense dudit candidat hein ! 85% d'opinion positive vous vous rendez compte !? ^^

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