C'est une des priorités du gouvernement. A ses yeux, la 5G est un élément déterminant de la compétitivité du pays pour les années à venir. Elle est perçue comme un catalyseur, qui « permettra notamment le déploiement de la maintenance prédictive et la mise en place de chaînes de production automatisées plus efficace », relève Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée en charge de l'industrie. C'est la raison pour laquelle l'exécutif vient de confier, ce mardi, une mission sur la 5G industrielle à Philippe Herbert, notamment membre fondateur du Pass French Tech qui vise à accompagner et à épauler les startups prometteuses.
Sa mission? Déterminer les moyens d'encourager les industriels, petits et grands, à tirer profit, sans traîner, de la nouvelle génération de communication mobile. Parmi ses objectifs, le gouvernement cite, dans un communiqué, « la mise en place d'un dialogue continu entre acteurs industriels et télécoms afin de développer les usages de la 5G, et d'en accélérer l'appropriation par les professionnels ». Mais un des grands enjeux sera surtout d'« identifier les freins au déploiement de la 5G », souligne l'exécutif.
« Les grands groupes ne sont pas venus »
Il faut dire que, jusqu'à présent, les industriels français n'ont pas franchement montré une forte appétence concernant la 5G. Et ce, malgré les efforts du gouvernement pour inciter le tissu économique à se convertir sans traîner à cette technologie. Le sujet n'est pas nouveau. Début 2019, l'exécutif et l'Arcep, le régulateur des télécoms, avaient lancé un appel à la création de « plateformes d'expérimentation 5G ». Mais en face, bien peu d'acteurs économiques ont répondu présent. Au point que Sébastien Soriano, l'ancien président de l'Arcep, a tiré la sonnette d'alarme quelques mois plus tard.
« On peut se dire les choses entre nous : les grands groupes ne sont pas venus, a-t-il déploré en conférence de presse. On a tendu la main aux "verticaux" [les industriels spécialisés dans des branches comme la santé, les transports ou l'énergie, Ndlr] en leur disant : "Les gars, c'est maintenant (que ça se joue) !" Ils ne sont pourtant pas venus. »
- Lire aussi : 5G : le régulateur tacle les industriels
Quelques projets expérimentaux ont toutefois vu le jour. La SNCF teste notamment la 5G dans les gares, et en particulier un « service de téléchargement quasi-instantané » de films ou de séries. Idem pour le port du Havre pour lequel la 5G pourrait permettre de gagner en compétitivité. Icade, de son côté, travaille sur des applications innovantes pour l'immobilier. Autant de projets qui ont le mérite d'exister. Mais qui ne sont pas assez nombreux au regard de Bercy.
Le gouvernement espère un déclic. C'est dans cette logique qu'il a promis 1,7 milliard d'investissements dans la 5G en juillet dernier. Du côté des opérateurs, l'optimisme reste malgré tout de mise. Interrogé dans nos colonnes sur le peu d'intérêt des entreprises française pour la 5G en juin dernier, Michael Trabbia, le patron de l'innovation d'Orange, a estimé que cette « impression » était « fausse ». « Il y a un vrai intérêt des entreprises et des industriels pour la 5G, a-t-il jugé. Il faut garder en tête que la transformation numérique des entreprises ne peut se faire en quelques mois. Il faut laisser le temps à la 5G d'arriver sur le marché. Nous ne sommes pas en retard. »
Parmi les cas d'usage qui ont le vent en poupe, le dirigeant a cité les « usines intelligentes », connectée en 5G via des réseaux privés. « Cette technologie permet de passer un cap en termes de fiabilité et d'efficacité », a-t-il ajouté.
Pour le gouvernement, tout retard dans la 5G industrielle pourrait se payer cash, et déboucher sur un déclassement des entreprises françaises vis-à-vis de leurs rivales aux États-Unis ou en Chine. Voilà pourquoi Cédric O, le secrétaire d'État en charge du Numérique, qualifie la mission confiée à Philippe Herbert de « critique ».
Sujets les + commentés