Compétitivité : le gouvernement ne veut pas rater le coche de la 5G industrielle

Alors que jusqu’à présent, les industriels n’ont pas montré d’appétence particulièrement forte à l’égard de la prochaine génération de communication mobile, l’exécutif, qui voit cette technologie comme un catalyseur de l'économie du pays, lance une mission à ce sujet.
Pierre Manière
Pour le gouvernement, tout retard dans la 5G industrielle pourrait se payer cash et déboucher sur un déclassement des entreprises françaises vis-à-vis de leurs rivales aux Etats-Unis ou en Chine.
Pour le gouvernement, tout retard dans la 5G industrielle pourrait se payer cash et déboucher sur un déclassement des entreprises françaises vis-à-vis de leurs rivales aux Etats-Unis ou en Chine. (Crédits : Tingshu Wang)

C'est une des priorités du gouvernement. A ses yeux, la 5G est un élément déterminant de la compétitivité du pays pour les années à venir. Elle est perçue comme un catalyseur, qui « permettra notamment le déploiement de la maintenance prédictive et la mise en place de chaînes de production automatisées plus efficace », relève Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée en charge de l'industrie. C'est la raison pour laquelle l'exécutif vient de confier, ce mardi, une mission sur la 5G industrielle à Philippe Herbert, notamment membre fondateur du Pass French Tech qui vise à accompagner et à épauler les startups prometteuses.

Sa mission? Déterminer les moyens d'encourager les industriels, petits et grands, à tirer profit, sans traîner, de la nouvelle génération de communication mobile. Parmi ses objectifs, le gouvernement cite, dans un communiqué, « la mise en place d'un dialogue continu entre acteurs industriels et télécoms afin de développer les usages de la 5G, et d'en accélérer l'appropriation par les professionnels ». Mais un des grands enjeux sera surtout d'« identifier les freins au déploiement de la 5G », souligne l'exécutif.

« Les grands groupes ne sont pas venus »

Il faut dire que, jusqu'à présent, les industriels français n'ont pas franchement montré une forte appétence concernant la 5G. Et ce, malgré les efforts du gouvernement pour inciter le tissu économique à se convertir sans traîner à cette technologie. Le sujet n'est pas nouveau. Début 2019, l'exécutif et l'Arcep, le régulateur des télécoms, avaient lancé un appel à la création de « plateformes d'expérimentation 5G ». Mais en face, bien peu d'acteurs économiques ont répondu présent. Au point que Sébastien Soriano, l'ancien président de l'Arcep, a tiré la sonnette d'alarme quelques mois plus tard.

« On peut se dire les choses entre nous : les grands groupes ne sont pas venus, a-t-il déploré en conférence de presse. On a tendu la main aux "verticaux" [les industriels spécialisés dans des branches comme la santé, les transports ou l'énergie, Ndlr] en leur disant : "Les gars, c'est maintenant (que ça se joue) !" Ils ne sont pourtant pas venus. »

Quelques projets expérimentaux ont toutefois vu le jour. La SNCF teste notamment la 5G dans les gares, et en particulier un « service de téléchargement quasi-instantané » de films ou de séries. Idem pour le port du Havre pour lequel la 5G pourrait permettre de gagner en compétitivité. Icade, de son côté, travaille sur des applications innovantes pour l'immobilier. Autant de projets qui ont le mérite d'exister. Mais qui ne sont pas assez nombreux au regard de Bercy.

Le gouvernement espère un déclic. C'est dans cette logique qu'il a promis 1,7 milliard d'investissements dans la 5G en juillet dernier. Du côté des opérateurs, l'optimisme reste malgré tout de mise. Interrogé dans nos colonnes sur le peu d'intérêt des entreprises française pour la 5G en juin dernier, Michael Trabbia, le patron de l'innovation d'Orange, a estimé que cette « impression » était « fausse »« Il y a un vrai intérêt des entreprises et des industriels pour la 5G, a-t-il jugé. Il faut garder en tête que la transformation numérique des entreprises ne peut se faire en quelques mois. Il faut laisser le temps à la 5G d'arriver sur le marché. Nous ne sommes pas en retard. »

Parmi les cas d'usage qui ont le vent en poupe, le dirigeant a cité les « usines intelligentes », connectée en 5G via des réseaux privés. « Cette technologie permet de passer un cap en termes de fiabilité et d'efficacité », a-t-il ajouté.

Pour le gouvernement, tout retard dans la 5G industrielle pourrait se payer cash, et déboucher sur un déclassement des entreprises françaises vis-à-vis de leurs rivales aux États-Unis ou en Chine. Voilà pourquoi Cédric O, le secrétaire d'État en charge du Numérique, qualifie la mission confiée à Philippe Herbert de « critique ».

Pierre Manière

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Commentaires 7
à écrit le 21/10/2021 à 7:38
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Ben tu parles, l'usine piratable rançonnable ou qu'on peut saboter avec un simple brouilleur, ça fait rêver. Si même les industriels n'en veulent pas (pour telechqarger des films?), ça vaut pas le "coût" d'insister.

à écrit le 20/10/2021 à 20:40
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Inutile, complètement à coté de la plaque : seul les lieux éloignés pourraient avoir besoin de ce type de technologie mais qui va coller des antennes en pleine pampa ? Pour le reste, une bonne connexion (comprendre qui correspond aux besoins) et un r...

à écrit le 20/10/2021 à 10:11
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Arrêtez de parler de "compétitivité" qui est l'art de vouloir faire comme les autres! L'essentiel c'est d'avoir une autonomie et de distribuer le surplus!

à écrit le 19/10/2021 à 21:26
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La 5G, parait-il, permet de créer des "réseaux" privés, comme avec le réseau éthernet mais sans fil. Y a donc juxtaposition avec le réseau grand public, et les autres réseaux des autres entreprises. A voir ensuite quel usage il peut en être fait. Les...

à écrit le 19/10/2021 à 20:59
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Tout ça c'est la faute à Macron et aux actionnaires qui s'en mettent plein les poches et aussi aux patrons qui nous gouvernent ils sont vraiment pas gentils et en plus j’y connais rien mais quand même c’est leur faute et les russes ils sont nuls en P...

à écrit le 19/10/2021 à 20:50
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Encore du baratin pour faire croire qu'on fait quelque chose. A propos, on en est où du problème des pêcheurs ?

à écrit le 19/10/2021 à 19:37
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C'est dans les usines que la 5G pourra apporter le plus d'avantages compétitifs à court terme et des pays comme le Portugal ou l'Allemagne sont bien plus en avance

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