Verizon, aux avants-postes pour racheter Yahoo !

L’opérateur télécoms a exprimé son intérêt pour les activités Internet du groupe de Marissa Mayer, qui doit présenter ce mardi des résultats trimestriels peu reluisants.
Les spéculations sur un rachat ont dopé l'action Yahoo de plus de 30% sur les deux derniers mois, donnant à l'ensemble du groupe une valorisation de presque 35 milliards de dollars lundi soir à la clôture.

La patronne de Yahoo!, Marissa Mayer, devrait présenter mardi des résultats trimestriels ternes, peu susceptibles d'atténuer la pression sur l'ex-fleuron internet américain, alors que s'accélèrent les maneuvres pour de possibles rachats de ses actifs. Les résultats du premier trimestre, attendus après la clôture de Wall Street, devraient confirmer que le coeur de métier, à savoir les services en ligne comme la messagerie Yahoo Mail ou le portail Yahoo News, restent à la traîne: les analystes tablent en moyenne sur des revenus en recul d'environ 12%.

Une baisse de cette ampleur, alors même que le secteur de la publicité en ligne est en forte croissance et que Yahoo! a investi "des milliards de dollars" dans des acquisitions censées le renforcer ces dernières années, "ce n'est pas une bonne feuille de score", souligne Colin Gillis, analyste chez BGC Partners. Une question selon lui est "quelle pression les résultats peu reluisants vont mettre sur le désir des investisseurs de voir ces actifs vendus et gérés différemment".

Manque de résultats

Les actionnaires s'impatientent du manque de résultats de Marissa Mayer, qui tente depuis maintenant plus de trois ans de relancer la croissance du groupe. Le fonds d'investissement Starboard Value mène même l'offensive pour faire tomber le conseil d'administration lors de la prochaine assemblée générale. Yahoo! a tenté de gagner du temps en annonçant début février une restructuration qui va réduire ses effectifs de 15%, et en n'écartant plus la cession d'aucun actif, y compris dans son coeur d'activité. Yahoo!, qui acceptait des offres préliminaires jusqu'à lundi, est resté jusqu'ici muet sur l'avancée du processus.

Le journal britannique The Daily Mail a toutefois confirmé la semaine dernière des discussions avec des repreneurs potentiels, tandis que l'opérateur de télécoms américain Verizon, qui cherche à muscler ses activités numériques, a exprimé dans le passé un intérêt potentiel pour les actifs internet de Yahoo! D'après le Wall Street Journal, Verizon reste l'un des principaux prétendants en lice, avec une série de fonds d'investissement (Bain Capital, Advent International, TPG et peut-être KKR). Bloomberg parle aussi d'un intérêt potentiel pour une fusion de YP Holdings, qui réunit les activités numériques des anciennes pages jaunes américaines.

"Un candidat logique"

Contactés par l'AFP, ni Verizon et YP, ni aucun des fonds d'investissement n'a voulu faire de commentaire. Verizon, qui pourrait fusionner Yahoo avec sa nouvelle filiale AOL sous la houlette du patron de ce dernier, Tim Armstrong, est actuellement "le préféré des bookmakers", mais le groupe japonais SoftBank serait aussi "un candidat logique", car il a comme Yahoo! des participations dans les sociétés asiatiques Alibaba et Yahoo Japan, relevait la maison de courtage R.F. Lafferty & Co dans une note vendredi. Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Market, plaide plutôt pour un rappel aux commandes du co-fondateur Jerry Yang et une réduction d'échelle drastique. "Yahoo! peut avoir du succès, mais sur quelques marchés" et avec "probablement un tiers de la taille de l'entreprise actuelle", avance-t-il.

Les dépôts d'offres ne sont "pas des enchères où le cœur de métier sera nécessairement vendu au plus offrant", a aussi prévenu Brian Wieser, analyste chez Pivotal Research Group, n'excluant pas que le conseil d'administration n'opte pour cette solution que s'il reçoit "une offre très élevée". Il reconnaît toutefois que l'absence de vente à court terme augmenterait les chances de victoire de Starboard à l'assemblée générale, avec pour conséquence prévisible "le renvoi de la direction et/ou une vente du coeur de métier".

Une valorisation de 35 milliards

La procédure aura dans tous les cas l'avantage de mettre un prix sur les différents actifs de Yahoo. "La première série d'offres pourrait ne pas représenter tout l'éventail de vainqueurs potentiels, mais devrait au moins fixer un plancher pour le cours de Bourse de Yahoo", juge ainsi R.F. Lafferty. Les spéculations sur un rachat ont dopé l'action Yahoo de plus de 30% sur les deux derniers mois, donnant à l'ensemble du groupe une valorisation de presque 35 milliards de dollars lundi soir à la clôture. Cela continue toutefois de refléter presque uniquement la valeur de ses participations asiatiques.

(avec AFP)

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