La bombe. S'il annonce son retrait officiel du championnat du monde des rallyes, Ford n'abandonne pas pour autant les ultra-sportives dont il est un grand spécialiste. Pour jouer les pilotes de rallye, voici la Focus ST. Une calandre plus mordante signée « ST », des grandes roues spécifiques et des pneus à taille très basse (235 40 R 18), un becquet à l'arrière et une belle double sortie d'échappement jumelée, distinguent cette GTI des autres compactes Focus. Comme la silhouette générale de cette berline était déjà plutôt agressive, la ST se remarque. Surtout dans la belle livrée jaune métallisé de notre modèle d'essai.

Superbes sièges baquets

A l'intérieur, on retrouve l'habitacle de la  berline, mis à part quelques cadrans supplémentaires et surtout de superbes sièges baquets qui maintiennent parfaitement le corps en virage. Avec une position de conduite idéale. On fait vraiment corps avec sa voiture. De quoi se prendre pour Sébastien Loeb... en famille. En revanche, nous apprécions moins la planche de bord massive, intrusive, aux extrémités saillantes - pour mieux se cogner en entrant et sortant de la voiture ? - et aux plastiques pas toujours raffinés. La visibilité demeure en outre réduite. L'énorme masse en plastique sur le pare-brise, qui prolonge le rétroviseur intérieur et dissimule de nombreux capteurs, rend ainsi la vision des feux rouges quasi-impossible quand on s'approche trop d'eux ! Enfin, pestons toujours contre des commandes peu intuitives et trop complexes ! Certains gadgets sont d'ailleurs aléatoires, comme le lecteur de panneaux de limitation de vitesse. Le système lit indistinctement le dernier panneau... Vous êtes ainsi à 130 sur autoroute, une sortie est annoncée, limitée, elle, à 90 ou 70, et hop, le système vous indique que la vitesse limite sur l'autoroute est de... 90 ou 70. Pas fiable !

Moteur fantastique

Mais, malgré les défauts, une fois calé dans le siège baquet, on s'y croit. Moteur... Et là, c'est la béatitude. Disons-le tout net : les ingénieurs ont concocté une mécanique formidable. Ce quatre cylindres à injection directe suralimenté (turbo à faible inertie et double distribution indépendante à calage variable) de 1.999 cm3 développe... 250 chevaux. Remarquable d'élasticité, il est capable d'évoluer sur un filet de gaz dans les embouteillages comme de s'envoler en haut du compte-tours, avec une linéarité formidable. Quelle bonne volonté, avec de magnifiques accélérations, quel que soit le style de conduite ! Tout juste peut-on lui reprocher un creux à très bas régime. Une réussite, secondée efficacement par une boîte de vitesses précise et rapide ainsi qu'un embrayage juste comme il faut ! Le moteur émet en outre un beau bruit rauque, même si celui-ci est largement artificiel, en partie reconstitué par l'électronique. Un système sonore actif optimisé transmet en effet les bruits du moteur provenant de l'admission directement dans l'habitacle. La vitesse de pointe, que nous n'avons pas atteinte (nous sommes arrivés à 220 sur circuit), atteint les 250 kilomètres-heure.

Attention au train avant

L'enthousiasme retombe malheureusement un peu dès que le sol est gras, humide et (ou) déformé. Car cette traction avant se révèle incapable de passer aux roues cette trop forte puissance. Il faut donc faire attention et doser soigneusement l'accélérateur - même sur le sec d'ailleurs. Car, si l'on appuie trop fort, le train avant vibre, hésite, patine, téléphonant des réactions désagréables, voire un peu inquiétantes, dans le volant. Dommage ! Car on ne peut pas jouir pleinement du potentiel mécanique. Mais, pour conserver un prix d'attaque abordable, Ford n'a pas pu monter une transmission aux quatre roues, qui, seule, aurait résolu le problème. L'américain a pourtant renforcé le train avant. Mais ça ne suffit pas. A part ce (gros) point noir, la voiture est parfaitement conduisible. Une telle voiture est forcément ferme, très ferme, de suspensions. Mais le châssis se révèle d'une telle qualité que la voiture reste collée à la chaussée et le pilote à son siège. La ST ne tressaute pas, ne secoue jamais ses occupants. Elle est juste ferme dans ses réactions. Mais on connaît des familiales diesel bien plus inconfortables ! Disons que, pour un tel véhicule aussi typé, le confort est même bon. Les bruits de roulement sont  toutefois très présents. Mais, vu la monte pneumatique, c'est normal.

Très abordable

A part ce fichu train avant, la ST est une sportive plaisante à piloter, dotée d'une superbe mécanique, utilisable au quotidien et en famille tant elle demeure civilisée, qui plus est habitable et dotée d'un coffre carré assez spacieux. La consommation est certes élevée en utilisation extrême, mais la voiture incite à cela. En profitant des belles ressources du moteur, nous avons consommé en effet 11 litres aux cent sur route (avec de l'autoroute) et jusqu'à 15 en ville ! Mais on ne peut demander à une mécanique ouvertement orientée vers la performance de consommer comme un petit diesel ! La ST émet 169 grammes de C02 au kilomètre. Elle se voit donc affublée d'un malus de 750 euros, en attendant que celui-ci ne grimpe fortement l'an prochain. Mais, à part cette taxe, l'amateur ne se ruinera pas. Car, la Ford Focus ST est abordable. Le rapport prix-performances se révèle même exceptionnel. Comptez 30.750 euros en berline à cinq portes et 31.600 en break ! Evidemment, il y a pas mal d'options. Pour 260 euros, vous avez les étriers de freins rouges, des jantes grises et le seuil des portes avant qui s'allume en rouge (ambiance boîte de nuit garantie). Le toit ouvrant est à 450, le GPS à 960. Avec la très utile caméra de recul, l'option navigation passe à 1.510 euros. Si vous voulez trois ans de plus en garantie (ou 100.000 kilomètres), il faut ajouter 695 euros. Mais tout cela demeure raisonnable, comme d'habitude chez Ford.
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Ford Focus ST : 30.750 euros (+750 euros de malus)

Puissance du moteur : 250 chevaux (essence)

Dimensions : 4,36 mètres (long) x 1,82 (large) x 1,48 (haut)

Qualités : Moteur remarquable, ensemble boîte-embrayage efficace, plaisir de pilotage, bonne position de conduite, polyvalence d'usage, prix abordable

Défauts : Train avant incapable de passer la puissance, certains plastiques envahissants et toc, ordinateur de bord complexe, mauvaise visibilité

Concurrente : Renault Mégane RS : 30.550 euros

Note : 14,5 sur 20