Israël s'alarme de la présence d'Al Nosra à sa frontière

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(Crédits : Reuters.com)

par Luke Baker

JERUSALEM (Reuters) - La frontière entre Israël et la Syrie est dans la ligne de mire des islamistes et Israël en tant que tel est désormais visé, ont estimé mardi le ministre israélien de la Défense et des analystes spécialisés.

Le Front al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda, détient 45 casques bleus fidjiens depuis la semaine dernière dans la zone démilitarisée du plateau du Golan entre Israël et la Syrie. Pour les libérer, le groupe radical exige que son nom soit retiré de la liste de l'Onu des organisations terroristes.

Selon certains analystes, le Front al Nosra, qui fait partie des groupes islamistes qui cherchent à renverser le pouvoir syrien, est désormais bien implanté dans le secteur, et s'apprête à mener des attaques dans la zone aride aux confins des frontières syrienne, israélienne et jordanienne.

Parallèlement, l'Iran cherche à développer son influence dans la région en soutenant le président syrien Bachar al Assad et le Hezbollah chiite libanais, tous alliés contre l'insurrection sunnite contre le président Assad, estime le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon.

"On voit l'empreinte de l'Iran en Syrie, notamment sur le plateau du Golan, dans les tentatives d'utilisation de brigades terroristes contre nous", a déclaré Moshe Yaalon lors d'une conférence économique mardi en exposant la menace islamiste en Syrie.

Pour Aviv Oreg, retraité des services de renseignements israélien et spécialiste d'Al Qaïda, ce n'est qu'une "question de temps" avant que les groupes islamistes qui combattent en Syrie ne s'intéressent davantage à Israël.

"Nous avons maintenant le Front al Nosra, qui est en fait Al Qaïda, à la frontière avec Israël et Israël est une cible légitime pour les activistes musulmans partout", a déclaré Aviv Oreg.

"Je ne peux pas vous dire exactement quand, mais c'est très dangereux. Il suffit d'un kamikaze pour traverser la barrière et attaquer une patrouille militaire israélienne ou un tracteur plein d'agriculteurs allant travailler dans les champs", a-t-il ajouté.

En cas d'attaque grave contre Israël, la riposte sera sans doute très forte, l'insurrection sunnite en Syrie sera repoussée et les forces de Bachar al Assad pourraient reprendre l'initiative.

Les forces israéliennes ont été renforcées sur le plateau du Golan, pris à la Syrie lors de la guerre des Six-Jours (1967). Des patrouilles de blindés surveillent étroitement la frontière, passant parfois à moins de 300 mètres des combattants d'Al Nosra.

La frontière entre Israël et la Syrie est sous gestion onusienne depuis 1974. Elle est constituée d'une zone de séparation, une étroite bande de terre d'environ 70 km qui va du mont Hermon à la frontière libanaise jusqu'à la rivière Yarmouk qui sépare Israël et la Jordanie et forme la limite sud du plateau du Golan.

Cette zone de séparation, qui a été pendant 40 ans une des missions de maintien de la paix les plus calmes de l'Onu, s'est transformée en zone d'instabilité avec le soulèvement contre le président Assad.

Pour Stephane Cohen, ancien chef de liaison entre l'armée israélienne et la Force des Nations unies chargée d'observer le désengagement (Fnuod), le mandat de l'Onu n'a plus de sens avec le retrait prévu des Philippines, de l'Irlande et d'autres pays contributeurs.

"La Fnuod est en train de s'effondrer et le mandat n'est plus pertinent depuis au moins deux ans", estime Stephane Cohen, qui est aujourd'hui analyste spécialisé dans la défense pour Israël Project, un lobby pro-israélien.

"Quatre-vingt pour cent de la zone frontière est actuellement dans les mains des forces d'opposition (syriennes)", affirme-t-il. Et si de nouveaux pays se retirent, la présence des islamistes ne fera que s'accroître."

Pour l'heure, Israël se contente de rester vigilant.

"Nous devons être très prudents au sujet de notre politique de représailles", déclare Aviv Oreg. La priorité, dit-il, doit être de surveiller de près le Front al Nosra et les forces des autres groupes. Et de partager d'éventuels renseignements à bon escient.

(Danielle Rouquié pour le service français)

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