La question des fonds brouille l'image d'Hillary Clinton

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La question des fonds brouille l'image d'hillary clinton[reuters.com]
(Crédits : © Brendan Mcdermid / Reuters)

par James Oliphant

WASHINGTON (Reuters) - Hillary Clinton, candidate à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle américaine de 2016, a peut-être un "problème Bill Clinton", mais son mari ne semble pas le voir.

Affirmant que sa fondation avait aidé 43 millions de personnes dans 180 pays, l'ancien président démocrate a déclaré lundi qu'il continuerait à donner des conférences rémunérées à 100.000 dollars et qu'il restait le pivot de la fondation familiale en matière de levée des fonds.

"Je ne pense pas avoir fait quoi que ce soit contre les intérêts des Etats-Unis", a déclaré Bill Clinton dans un entretien à la chaîne de télévision NBC News. "Je ne suis pas responsable de la perception qu'en ont les autres."

Bill Clinton devrait prendre sans attendre ses distances avec la fondation, estime Doug White, spécialiste des questions caritatives à l'université Columbia de New York.

"Je ne pense pas qu'il doive rester au conseil d'administration, en raison d'un réel conflit d'intérêt", dit-il. Et, jusqu'à ce qu'il se décide en ce sens, Hillary Clinton sera "dans une position très dangereuse".

Même si Bill Clinton les a démenties sur NBC, les allégations selon lesquelles des étrangers, par leurs dons à la fondation, ont cherché à s'attirer les faveurs du département d'Etat quand Hillary Clinton était à la tête de la diplomatie américaine font du tort à sa campagne.

Depuis trois semaines qu'elle est en campagne, la candidate Clinton tente de se montrer moins distante, plus proche de ses électeurs potentiels, en mettant l'accent sur les thèmes qui intéressent les classes moyennes et l'Américain de la rue.

JET PRIVÉ

Or, les articles de la presse au sujet des déplacements de Bill Clinton en jet privé, fréquentant les élites internationales sont à l'exact opposé de ce message.

Les républicains se sont emparés de l'affaire.

"Entendre les Clinton, qui sont multimillionnaires, se plaindre de payer leurs impôts et d'être 'complètement fauchés' ne fait que souligner aux yeux des Américains ordinaires combien ils sont devenus inaccessibles", a déclaré Allison Moore, secrétaire chargée de la presse pour le Comité national républicain.

Selon un sondage NBC News-Wall Street Journal publié lundi, les Américains en âge de voter sont de moins en moins bien disposés envers Hillary Clinton. Ils sont 42% à avoir une opinion défavorable de l'ancienne secrétaire d'Etat, contre 36% en mars.

Bill Clinton a suggéré lundi qu'il pourrait envisager de se mettre en retrait de la fondation à un certain moment si cela pouvait aider son épouse, mais il n'a pas laissé entendre qu'un tel changement soit imminent.

Bill Burton, ancien porte-parole de Barack Obama et spécialiste de la stratégie des démocrates, estime qu'une telle décision ne fera pas taire les critiques envers les Clinton tout en risquant de compromettre l'efficacité de la fondation.

"Il y a des avantages à rester", souligne Bill Burton. "Ils ne gagneront rien à partir. La droite ne va pas cesser d'en parler".

Leslie Lenkowsky, spécialiste des questions de philanthropie à l'université d'Indiana, estime que la fondation ne serait peut-être pas aussi efficace sans Bill Clinton aux manettes.

"Sa capacité à réunir les gens, à lever des fonds et ce genre de choses ont joué un grand rôle dans le succès considérable de cette organisation en matière de collecte de fonds", dit-il.

(Danielle Rouquié pour le service français)