Arrestation aux Philippines de la principale opposante à Duterte

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La police aux philippines arrete une senatirce critique de duterte[reuters.com]
(Crédits : © Erik De Castro / Reuters)

MANILLE (Reuters) - Une sénatrice philippine, qui s'est opposée à la "guerre" sanglante déclarée par le président Rodrigo Duterte contre la drogue, a été arrêtée vendredi après des accusations portées devant la justice affirmant qu'elle avait reçu de l'argent de trafiquants emprisonnés.

Leila de Lima, son ancien chauffeur, son garde du corps et un ancien responsable des prisons ont été arrêtés après qu'un juge a estimé valables les charges portées la semaine dernière par le département de la Justice.

"La vérité verra la jour et j'obtiendrai justice. Je suis innocente", a dit Leila de Lima à des journalistes avant que des agents de police ne l'escortent hors de son bureau. Elle doit faire face à deux autres accusations liées à la drogue.

La sénatrice, qui avait mené l'an passé une enquête parlementaire sur des exécutions sommaires pratiquées lors de la lutte contre les narcotrafiquants, a expliqué que son arrestation était motivée par des raisons politiques.

Leila de Lima, qui a qualifié Duterte de "tueur en série sociopathe", a estimé qu'elle payait sa campagne contre un président qu'elle considère comme un dictateur.

En raison des charges retenues contre elle, la sénatrice ne peut bénéficier d'une remise en liberté sous caution et risque une peine de réclusion à perpétuité si elle est reconnue coupable. Elle a qualifié ces charges de "mensonges".

La plainte pénale déposée devant la justice affirme que Lima a reçu cinq millions de pesos (environ 100.000 dollars) de la part d'un ancien responsable pénitentiaire lorsque était ministre de la Justice entre 2010 et 2016. Les accusations de collusion avec des trafiquants de drogue avaient été portées lorsqu'elle menait l'enquête parlementaire sur les exécutions sommaires.

Depuis le lancement par le président philippin après son arrivée au pouvoir en juin dernier d'une "guerre" à la drogue, plus de 7.700 personnes ont été tuées dans le pays, dont environ 2.500 lors d'opérations anti-drogue menées par la police.

Des groupes de défense des droits de l'homme estiment qu'un grand nombre d'homicides sur lesquels des enquêtes sont en cours ont été commis par des milices ou des tueurs à gage bénéficiant du soutien de la police.

Rodrigo Duterte a dirigé un "escadron de la mort" lorsqu'il était maire de Davao, distribuant argent et instructions à la police ou à des tueurs pour éliminer des criminels, a affirmé lundi un ancien policier impliqué dans ces exécutions clandestines. [nL8N1G535V]

(Karen Lema et Manuel Mogato, Benoît Van Overstraeten pour le service français)