Les représentants infligent un camouflet à Trump sur l'Obamacare

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(Crédits : © Carlos Barria / Reuters)

WASHINGTON (Reuters) - Les représentants américains ont infligé vendredi un cuisant camouflet à Donald Trump en refusant de lui accorder la majorité dont il avait besoin pour réformer le système de santé des Etats-Unis et abroger l'Obamacare, mesure dont il avait fait un de ses chevaux de bataille électoraux.

Après un report du vote à la Chambre des représentants jeudi, le président américain avait mis les parlementaires en demeure de voter ce texte au plus tard ce vendredi, démontrant sa volonté d'aller vite sur ce sujet qui cristallise ses critiques depuis des mois.

Tout au long de la journée, des tractations ont eu lieu pour réunir une majorité à la chambre basse du Congrès parmi des élus républicains très divisés sur cette question et des démocrates qui y étaient opposés.

Le camp des "modérés" redoutait que ce texte revienne à accroître le nombre d'Américains sans couverture maladie tandis que celui des conservateurs, affiliés au Freedom Caucus, jugeaient que les choses n'allaient pas assez loin.

Le président de la chambre, Paul Ryan, a rapidement compris qu'il n'obtiendrait pas la majorité des voix pour approuver le projet de loi abrogeant l'Obamacare et le remplaçant par l'American Health Care Act.

Ce projet républicain annulait par exemple l'amende infligée à ceux qui ne souscrivent pas à une couverture santé, réduisait le financement de Medicaid, le programme pour les pauvres et les handicapés, et modifiait les subventions qui aident les particuliers à s'assurer.

Quelques minutes avant l'heure prévue pour le vote à 15h30 (19h30 GMT), Donald Trump a demandé à Paul Ryan de retirer le texte et de ne pas le soumettre aux voix, évitant ainsi une humiliation publique.

Le report du vote de la Chambre des représentants pose la question de l'avenir de ce texte et de cette réforme que Donald Trump avait portée comme un étendard tout au long de sa campagne électorale.

Selon un journaliste du Washington Post s'exprimant sur MSNBC, le président des Etats-Unis aurait affirmé que les initiatives sur ce sujet étaient terminées pour le moment mais qu'elles pourraient reprendre plus tard dans l'année.

S'exprimant depuis le Bureau ovale, Donald Trump a reconnu que sans l'appui des démocrates, il était impossible de faire adopter son projet mais a prédit que le système lancé voilà sept ans à l'initiative de barack Obama allait imploser. Il a regretté qu'il ait manqué 10 ou 15 voix pour réussir son pari.

LES DÉMOCRATES SALUE UNE VICTOIRE DU PEUPLE

S'exprimant devant la presse, Paul Ryan a reconnu qu'il n'avait pas été en mesure de rassembler une majorité à la chambre où les républicains ont 237 élus contre 193 aux démocrates.

Le président de la chambre basse a précisé que renoncer au vote était "la chose censée à faire" car les opposants au texte étaient plus nombreux que ses partisans dont le nombre n'atteignait pas la barre fatidique des 216. "Nous allons devoir vivre avec l'Obamacare à l'avenir", a-t-il ajouté tout en promettant de ne pas renoncer.

Le représentant Barry Loudermilk a dit que ses collègues républicains allaient continuer à travailler sur cette réforme du système de santé mais il n'a pas voulu donner de calendrier concernant la suite de la procédure.

"Cette loi est morte", a jugé pour sa part Greg Walden, président de la Commission de l'Energie et du Commerce, affirmant qu'elle ne serait pas réexaminée à une date ultérieure.

Cette position a été reprise par plusieurs représentants républicains qui ont affirmé qu'ils en avaient fini avec l'abrogation de l'Obamacare.

Pour la chef de file des représentants démocrates Nancy Pelosi, "il s'agit d'un grand jour" pour les Etats-Unis et "d'une grande victoire pour le peuple américain".

A terme, la réforme voulue par Donald Trump risquait de priver 24 à 26 millions de personnes supplémentaires d'une assurance maladie.La séance de la Chambre des représentants a été suspendue pour la journée de vendredi. Il n'a pas été précisé quand elle reprendrait, ont annoncé des parlementaires républicains.

Paul Ryan a toutefois précisé que les représentants allaient maintenant se pencher sur la réforme de la fiscalité tout en reconnaissant que le revers subi vendredi allait rendre les choses compliquées.

Selon le représentant républicain Kenny Ewell Marchant, une période de six à huit semaines devrait être nécessaire avant que ne soit examiné le projet de réforme fiscale.

(Susan Cornwell; Pierre Sérisier pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)