Le procès du coup d'Etat manqué de 2016 s'ouvre en Turquie

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Le proces du coup d'etat manque de 2016 s'ouvre en turquie[reuters.com]
(Crédits : Murad Sezer)

par Gulsen Solaker

ANKARA (Reuters) - Le procès de plus de 200 instigateurs présumés du putsch manqué de juillet dernier - dont des militaires de haut rang - s'est ouvert lundi dans un tribunal spécialement aménagé dans la prison de Sincan, près d'Ankara.

Le procès s'est ouvert sous haute sécurité, avec déploiement de 1.500 membres des forces de l'ordre autour du tribunal, d'après l'agence de presse publique Anadolu.

L'un des principaux accusés, Fethullah Gülen, un prédicateur musulman exilé aux Etats-Unis, sera jugé par contumace. Le président turc Recep Tayyip Erdogan l'accuse d'avoir orchestré la tentative de putsch du 15 juillet.

Parmi les 221 accusés, plus de 200 sont des militaires, et plus de la moitié d'entre eux sont des officiers. Mis à part douze suspects en fuite - dont Fethullah Gülen -, tous comparaissent devant le tribunal.

L'ancien aide de camp du président Erdogan, l'ancien chef d'état-major de l'armée de l'air, des dizaines de généraux, de colonels et de commandants font partie des accusés. Des manifestants les ont accueillis lundi en réclamant la peine de mort - abolie en 2004 par la Turquie mais qu'Erdogan se dit prêt à rétablir.

Des familles de victimes étaient présentes pour assister au procès, dont une mère de famille dont le fils a été tué durant les incidents, et qui s'est effondrée dans la salle d'audience. "Tuez ces traîtres, les assassins de mon fils", a-t-elle crié avant de s'évanouir et d'être prise en charge par une équipe médicale.

Le 15 juillet dernier, plus de 240 personnes, principalement des civils, ont été tuées lors de la tentative de coup d'Etat au cours de laquelle les putschistes ont utilisé des chasseurs et des hélicoptères, mais aussi des chars, pour bombarder le Parlement et d'autres édifices officiels à Ankara et tenter de s'emparer du pouvoir.

Les autorités turques ont rapidement interpellé plus de 15.000 personnes, dont plus de 10.000 militaires, et ont fermé plusieurs médias présentés comme des soutiens de Gülen. Ils ont aussi annoncé la suspension de milliers de fonctionnaires et enseignants.

Dans cette affaire judiciaire hors norme, le parquet a demandé des peines allant jusqu'à la prison à perpétuité. Les audiences dureront jusqu'au 16 juin.

(Hélène Dauschy pour le service français, édité par Henri-Pierre André)