Al Qaïda revendique l'attaque meurtrière d'un hôtel proche de Bamako

reuters.com  |   |  619  mots
Deux morts dans l'attaque d'un hotel proche de bamako[reuters.com]
(Crédits : Reuters Tv)

par Adama Diarra et Idrissa Sangare

DAKAR (Reuters) - La filiale malienne d'Al Qaïda a revendiqué lundi l'attaque, survenue dimanche, d'un lieu de villégiature prisé des expatriés occidentaux, situé juste en dehors de Bamako, qui a fait au moins cinq morts, dont deux binationaux français.

Des hommes armés ont pris d'assaut cet hôtel dans l'après-midi du dimanche, ouvrant le feu sur les clients de l'établissement et échangeant des tirs avec des forces maliennes et françaises déployées pour secourir les personnes prises au piège à l'intérieur des locaux.

L'organisation SITE, spécialisée dans la surveillance des groupes islamistes sur internet, a dit que l'attaque a été revendiquée par Nusrat al Islam wal Muslimin, la filiale malienne d'Al Qaïda.

Le communiqué du groupe dirigé par l'ancien émir d'Ansar Dine, Iyadh Ag Ghali, diffusé sur la messagerie cryptée Telegram, prévient les "Croisés" qu'ils ne seront jamais en sécurité au Mali, indique SITE.

Le ministère de la Sécurité malien a précisé lundi soir qu'il y avait quatre clients parmi les victimes - un franco-malien, une franco-gabonaise, un chinois et un soldat portugais membre de la mission de l'Union européenne - et un soldat malien.

Une soixantaine de clients, dont 13 Français, ont pu être secourus en deux temps, a précisé lundi lors d'une conférence de presse le ministre malien de la Sécurité, Salif Traoré.

Au micro de Radio France Internationale, il a ajouté que les autorités n'avaient plus aucun doute sur la nature terroriste de l'attaque contre "Le Campement Kangaba", un complexe touristique à l'est de la capitale malienne où des ressortissants étrangers ont l'habitude de passer le week-end.

Le ministère de la Sécurité a ajouté que les forces de l'ordre avaient tué quatre assaillants et qu'elles en avaient arrêté cinq autres.

CERTAINS COMPLICES DES ASSAILLANTS TOUJOURS EN FUITE

Plus tôt dans la journée, Salif Traoré a dit que certains des complices des assaillants étaient toujours en fuite, notant au passage que certains membres des forces de sécurité étaient soignés pour des blessures sérieuses.

Un témoin proche de l'hôtel a dit avoir vu des Occidentaux s'enfuir de l'hôtel "pendant que des policiers en civil échangeaient des tirs avec des assaillants qui semble t-il étaient à l'intérieur".

La France a lancé, sous la présidence de François Hollande, l'opération Serval en janvier 2013 pour contrer l'avancée de groupes armés touaregs et islamistes qui menaçaient de s'emparer de la capitale Bamako, opération qui a été remplacée en 2014 par l'opération Barkhane qui couvre cinq pays de la région.

Si l'intervention française a permis de chasser en grande partie les groupes armés, ces derniers ont multiplié ces derniers mois les attaques à l'engin explosif contre les forces locales et internationales, notamment dans le Nord.

Al Qaïda au Maghreb islamique et le groupe Al Mourabitoune ont aussi revendiqué la responsabilité de l'attaque d'un hôtel de Bamako, le Radisson Blu, qui a fait 20 morts en novembre 2015, en plus des deux assaillants.

Aux militaires français du dispositif Barkhane, déployés dans tout le Sahel, s'ajoute la force de l'Onu au Mali, la Minusma, qui compte plus de 10.000 hommes.

Le groupe Nusrat al Islam wal Muslimin est le résultat d'un regroupement, intervenu plus tôt dans l'année, des plusieurs organisations terroristes de taille plus modeste. Il a ensuite été intégré à Al Qaïda au Maghreb islamique.

(Avec la contribution de Tim Cocks à Dakar; Jean-Stéphane Brosse, Benoît Van Overstraeten et Arthur Connan pour le service français)