La prochaine loi de programmation militaire sur les rails

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La prochaine loi de programmation militaire sur les rails[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

par Sophie Louet

PARIS (Reuters) - Florence Parly lancera vendredi la préparation de la prochaine loi de programmation militaire avec l'objectif réaffirmé de porter le budget de Défense de la France à 2% du PIB d'ici 2025.

Emmanuel Macron a confié à la nouvelle ministre des Armées le soin de conduire "une revue stratégique de défense et de sécurité nationale" en vue de la rédaction du texte qui couvrira la période 2019-2025, annonce le ministère jeudi dans un communiqué.

"La discussion budgétaire qui s'ouvre va éclairer la suite, mais il y a une trajectoire" vers l'objectif fixé par le chef de l'Etat, dit-on de source gouvernementale.

"Plus la trajectoire est régulière, plus elle sera crédible. Avoir tout maintenant ou envoyer tout à la fin, ce n'est pas crédible. Une injection de cinq milliards d'euros, personne n'a jamais vu ça", souligne-t-on, en prenant acte d'un "contexte budgétaire contraint".

L'eurodéputé Arnaud Danjean, nouvelle "prise de guerre" d'Emmanuel Macron chez les Républicains, présidera un comité de rédaction de la revue stratégique de 16 membres qui se réunira pour la première fois vendredi, sous l'égide de Florence Parly.

Ancien de la DGSE, spécialiste des questions de Défense européennes et internationales, Arnaud Danjean avait été recommandé par la précédente ministre, Sylvie Goulard, pour mener à bien cette mission.

"HIÉRARCHISER NOS INTÉRÊTS"

La revue stratégique sera présentée au chef de l'Etat en octobre prochain puis au Parlement "dans le courant du mois de novembre afin de démarrer au plus vite les travaux d'élaboration de la prochaine loi de programmation militaire".

L'objectif du comité est de faire le point des évolutions stratégiques mondiales, d'évaluer les menaces et les options militaires afin de fixer le cadre de la future LPM. "On ne va pas aller dans le capacitaire, ce sera après", précise-t-on de source gouvernementale.

Le chef de l'Etat a fait de la lutte antiterroriste, sur le territoire national et les théâtres extérieurs, l'une des priorités de son mandat.

"La volonté du président, c'est d'aller vite, de regarder rapidement le contexte stratégique, d'examiner nos intérêts, de les hiérarchiser, de définir nos ambitions", le tout dans une perspective européenne, souligne-t-on de source gouvernementale.

Le ministère des Armées fait état dans son communiqué d'"un contexte marqué par "une menace terroriste durablement élevée", "des stratégies de puissance pouvant nuire à nos intérêts", référence notamment au conflit entre la Russie et l'Ukraine, et "l'émergence de nouveaux risques".

"Des incertitudes demeurent aussi sur des partenaires-clés, dit-on de source gouvernementale, comme la Grande-Bretagne avec le Brexit ou les Etats-Unis de Donald Trump. La menace cyber prend aussi une acuité croissante comme on a pu le voir mardi", jour de la cyberattaque mondiale contre des entreprises et services publics de plusieurs pays.

Les paramètres ne sont pas que négatifs, "il y a aussi une fenêtre d'opportunité européenne, numérique", fait-on valoir.

UN PROJET DE LOI AU PREMIER SEMESTRE 2018

Une revue stratégique est une procédure plus rapide qu'un "Livre blanc" fixant le cadre des LPM, qui ont une durée d'application de six ans depuis 2003. L'actuelle LPM, adoptée en 2013 et actualisée depuis, porte sur la période 2014-2019. Le dernier Livre blanc datant de 2013, l'exécutif a jugé plus efficace d'en adapter le cadre aux impératifs du moment.

La commission de la Défense du Sénat plaidait pour un nouveau projet de loi de programmation militaire d'ici à la fin de l'année afin de combler au plus vite "les lacunes capacitaires" des armées françaises et éviter que les arbitrages militaires ne soient "préemptés" par la future loi de programmation des finances publiques.

"Le projet de loi de programmation militaire devrait être prêt pour le premier trimestre 2018 avec une adoption prévue à la fin du premier semestre", précise-t-on de source gouvernementale.

La nomination de Florence Parly, ancienne secrétaire d'Etat au Budget de Lionel Jospin, une "techno" inconnue des milieux de Défense, inquiète la communauté militaire qui s'interroge sur ses visées gestionnaires. Dans le communiqué, la ministre assure qu'elle ne "transigera" pas sur les moyens alloués à la Défense.

A l'heure d'arbitrages difficiles pour ramener les finances françaises dans les "clous" européens, les plus sceptiques redoutent un report de l'effort.

Emmanuel Macron s'est engagé à porter les ressources de la Défense à 2% du PIB en 2025, soit plus de 50 milliards d'euros, hors pensions et surcoûts des opérations extérieures (Opex). Le budget de la Défense représente actuellement 1,79% de la richesse nationale (32,4 milliards d'euros).

(Edité par Yves Clarisse)