La CGT mobilise peu pour sa troisième manifestation

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(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - Une manifestation "d'honneur" : c'est ainsi que des experts du dialogue social qualifient la troisième journée de mobilisation de la CGT, jeudi, contre la réforme désormais adoptée du Code du travail, qui a été marquée par une faible participation.

La CGT avait annoncé la semaine dernière la tenue d'une nouvelle journée de manifestation contre les ordonnances sans être parvenue à convaincre FO et la CFE-CGC, des syndicats pourtant prêts à rejoindre le mouvement de contestation, à se mobiliser sur le plan confédéral.

Elle a compté toutefois, encore cette fois-ci, sur le soutien de Solidaires, de la FSU, du syndicat étudiant Unef, ainsi que de 13 fédérations de la CFE-CGC.

"Des dizaine de milliers" de personnes, selon la CGT, qui n'a pas donné de chiffre précis, ont défilé.

Le ministère de l'Intérieur a recensé 37.700 manifestants dans le pays contre 132.000 le 21 septembre et 223.000 le 12 septembre.

Ils étaient 5.500 à Paris, soit 11.000 de moins que le 21 septembre. La CGT a fait état de 25.000 personnes.

Le cortège a défilé dans le calme mais un groupe d'une trentaine de personnes cagoulées à la tête du cortège a commis des dégradations le long du parcours, a précisé la préfecture dans un communiqué. Une personne a été interpellée et placée en garde à vue pour transport de substances ou produits incendiaires.

A Marseille, où le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a défilé, la centrale a dénombré 20.000 participants et la police 3.000. Le syndicat en avait recensé le double le 21 septembre.

Déjà, le 12 septembre, le directeur de recherche associé au Cevipof de Sciences Po, Guy Groux, avait qualifié la mobilisation de "marée basse" par rapport aux mouvements de foule de 2010 au moment de la réforme des retraites.

Pour Raymond Soubie, consultant en stratégie sociale et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, "il s'agit d'une manifestation d'homme d'honneur".

"UNE JOURNÉE TREMPLIN"

"C'est la volonté de la CGT de maintenir la pression. Elle veut montrer qu'elle est à la pointe des combats. Elle ne se fait pas d'illusions sur l'impact de la manifestation car les ordonnances ont été publiées", a-t-il dit à Reuters.

Même discours du côté de Jean Grosset, directeur de l'Observatoire du dialogue social de la Fondation Jean Jaurès et questeur au Conseil économique social et environnemental (CESE).

"La CGT a dit qu'elle s'opposerait aux ordonnances dès le début. Elle est cohérente avec son image. Elle n'est pas aussi frileuse que d'autres organisations sur l'impact d'une faible participation", a-t-il dit à Reuters.

Pour la CGT, il s'agit de créer un mouvement qui s'inscrit dans la durée. "C'est une journée tremplin", a dit le secrétaire confédéral de la CGT, Fabrice Angéï, dans le cortège parisien.

"Il y aura d'autres journées qui feront converger différents types de professionnels, au mois de novembre notamment".

Les organisations syndicales doivent se retrouver pour une intersyndicale le 24 octobre prochain afin de discuter des réformes à venir et éventuellement fixer une date pour une journée d'action en commun à la mi-novembre.

La dernière rencontre sur le sujet, le 9 octobre, s'était soldée par un échec, ce qui avait incité la CGT à proposer la nouvelle journée de manifestation.

La CGT ne voudrait pas non plus, selon Raymond Soubie, laisser à Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise (LFI), "le soin de mener lui-même des mouvements sociaux".

Le chef du parti d'opposition, qui a organisé des manifestations le 23 septembre et des "casserolades" le 30 contre la réforme du Code du travail, a qualifié lundi dans son blog la rencontre intersyndicale de "décevante", et le milieu syndical de "'vieux monde' impuissant à vouloir et à changer quoi que ce soit".

Certains députés de La France insoumise étaient présents lors de la manifestation, mais pas Jean-Luc Mélenchon, contrairement aux précédentes mobilisations.

(Caroline Pailliez avec Elizabeth Pineau, Cyril Camu et Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)