Escalade de la tension autour de la loi Travail

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Tentatives d'elargissement de la contestation contre la loi travail[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - La tension est montée d'un cran lundi dans la contestation syndicale de la réforme du Code du Travail, des tirs à l'arme automatique d'origine inconnue contre le siège de la fédération socialiste de l'Isère venant ajouter au malaise social.

Douze impacts de balles de calibre 9 mm ont été retrouvés dans la nuit de dimanche à lundi sur la devanture de ce bâtiment situé à Grenoble et une enquête a été ouverte.

"Depuis des semaines, nous appelons l'ensemble de la classe politique et des responsables syndicaux à réagir à cette dérive funeste inconnue depuis les années 30. Un nouveau seuil a été franchi cette nuit", peut-on lire dans un communiqué du premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.

Le chef de l'Etat, le gouvernement et le principal parti de la majorité sont confrontés depuis deux mois à une vigoureuse contestation du projet de loi réformant le marché du travail.

Cette contestation a donné lieu à de nombreux débordements violents, le plus souvent imputés à des "casseurs" qui ont saccagé à plusieurs reprises des centre-villes et s'en sont pris violemment aux forces de l'ordre, mais jamais par balles.

Sur le terrain, la situation reste difficile sur le plan de l'approvisionnement pétrolier avec une pénurie partielle, notamment dans le nord et l'ouest de la France.

"Cela va durer au moins la semaine", a déclaré sur RMC Emmanuel Lépine, responsable de la branche pétrole de la CGT.

"Il n'y a qu'une manière de débloquer la situation, c'est de retirer la loi Travail, c'est très simple", a-t-il ajouté en indiquant que, sur les huit raffineries françaises, "six sont arrêtées ou en phase d'arrêt".

"DÉSORDRE"

La CGT, fer de lance de la contestation qui comprend également FO, tente d'élargir le mouvement à d'autres secteurs avant la nouvelle journée de mobilisation prévue jeudi prochain, qui sera également une journée de grève à la SNCF.

Premier syndicat à la RATP, elle appelle à une grève illimitée à partir du 2 juin prochain dans les transports franciliens pour réclamer l'ouverture de négociations salariales et protester contre le projet de loi Travail.

Pour des analystes, la CGT, en perte de vitesse et de repères, joue à quitte ou double son avenir dans un bras de fer avec le gouvernement et agit comme si elle pariait sur une défaite de la gauche aux élections de 2017.

Le ministre des Finances, Michel Sapin, a estimé sur iTELE que ces actions n'étaient pas "dans les conditions où elles se déroulent des actions légitimes".

"Quand quelque chose n'est plus légitime, il n'y a plus de soutien et il n'y aura évidemment pas la moindre indulgence de la part du gouvernement", a-t-il ajouté en justifiant l'action des forces de l'ordre pour débloquer lundi les accès au dépôt Total de Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme).

Dans un communiqué, le Medef a demandé au gouvernement de rétablir d'urgence l'Etat de droit et de garantir aux salariés et aux entrepreneurs leur capacité à travailler.

"Nous ne pouvons plus tolérer qu'une poignée de militants irresponsables prennent la France en otage", a déclaré Pierre Gattaz, président de la principale organisation patronale.

La CGPME, syndicat patronal des PME, a également demandé au gouvernement d'agir pour lever les blocages.

"Le blocage des dépôts pétroliers et les grèves des transports viennent aujourd'hui parachever l'impression de désordre", dit-elle dans un communiqué, ajoutant que "c'est désormais l'ensemble de l'activité économique de notre pays qui risque de subir l'impact de mouvements qui pénalisent aussi bien les PME que leurs salariés".

(Service France, édité par Yves Clarisse)