Un « Davos des banlieues » en septembre pour lever 100 millions d'argent public et privé pour les TPE-PME

L'association Quartiers d'affaires, en première ligne sur l'inclusion économique, organisera, les 17 et 18 septembre, le premier « Davos des banlieues » avec, notamment, des ateliers sur la croissance des entreprises. Explications.
Aziz Senni (photo) est président de Quartiers d'Affaires.
Aziz Senni (photo) est président de Quartiers d'Affaires. (Crédits : Reuters)

Quel est le point commun entre Bernard Tapie, Simone Veil et Jean-Louis Borloo ? Tous les trois ont été ministres de la Ville depuis l'apparition de ce sujet dans les intitulés ministériels en 1991 sous François Mitterrand. La présidence Macron n'échappe pas à la règle. En sept ans, quatre personnalités politiques ont occupé ce portefeuille: Julien Denormandie, Nadia Hai, Olivier Klein et Sabrina Agresti-Roubache depuis le 20 juillet 2023. A leur actif: un plan Borloo dévoilé et aussitôt enterré, le lancement de « Marseille en grand » ou encore le financement de quartiers dits « productifs ».

Des politiques de la ville qui se multiplient donc depuis trente-trois ans, mais qui peinent à apporter des réponses économiques pérennes pour ces quartiers prioritaires (QPV). « Chaque gouvernement a chacun, à sa façon, répondu à la question "Qu'est-ce qu'il faut faire de ces territoires d'un point de vue social / sécuritaire / urbanistique", mais n'a jamais réellement posé la question du développement économique », relève ainsi Aziz Senni, fondateur de l'association Quartiers d'affaires, en première ligne sur l'inclusion économique, et organisateur du premier « Davos des banlieues ».

Un « Davos des Banlieues » les 17 et 18 septembre

Cet événement, qui se tiendra les 17 et 18 septembre prochain au Conseil économique et social et environnemental (CESE), vise à réunir 100 millions d'euros de commandes potentielles, publiques et privées pour les 250.000 TPE-PME des 1.362 QPV. L'entrepreneur annonce déjà la venue du Premier ministre Gabriel Attal, du patron de Bercy Bruno Le Maire, de la maire (PS) de Vaulx-en-Velin (Rhône), Hélène Geoffroy [et ministre de la Ville sous François Hollande] ou encore du maire (Horizons) de Mantes-la-Jolie (Yvelines), Raphaël Cognet. Le maire (PS) de Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) Karim Bouamrane a, lui, confirmé, à La Tribune, sa présence.

Du côté des responsables économiques, sont prévus Xavier Niel, PDG d'Iliad, Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française, Virginie Calmels, patronne de Futurae, Alexandre Viros, PDG d'Adecco, Denis Ferrand, directeur général de Rexecode, ou encore Geoffroy Roux de Bézieux, désormais président de l'alliance des patronats francophones. Et pour cause: lorsque ce dernier était président du Medef, le mouvement patronal avait déjà noué un partenariat national avec le réseau Les Déterminés.

Lire aussiBanlieues, ruralité... les fractures vues par Moussa Camara (Les Déterminés)

 L'exemple des Déterminés

Association créée en 2015 par Moussa Camara, elle vise à encourager l'entrepreneuriat dans les quartiers prioritaires. Si le Marseillais a déjà accompagné 1.500 porteurs de projets, il souligne la difficulté des pouvoirs publics à aller vers ces jeunes « et à porter à leur connaissance les aides existantes ». Et ce alors que ces derniers « doivent s'intégrer dans les réseaux existants. C'est comme cela que naissent les synergies », poursuit-il.

.« La création d'un fonds d'investissement dédié aux entrepreneurs issus de la diversité accélérerait l'accès à l'entreprenariat », plaide encore Moussa Camara, saluant le volet entrepreneuriat du plan « Marseille en Grand », qui vise précisément à faire émerger les initiatives des quartiers en apportant l'oxygène financier souvent nécessaire aux premiers pas avec une aide forfaitaire de 3.000 euros.

Les Déterminés se sont également alliés avec le Medef de Haute-Garonne. « Nous nous devons d'accompagner la dynamique entrepreneuriale dans ces quartiers. Nous observons que ces jeunes des quartiers se fixent beaucoup moins de limites que chez les jeunes bourgeois pour faire simple. Ils foncent parce qu'en quelque sorte car ils n'ont rien à perdre », déclare, à La Tribune, Pierre-Olivier Nau, président du Medef 31.

Chaque année, une vingtaine de candidats sont ainsi sélectionné au sein de l'antenne toulousaine avec des projets très hétéroclites :  pyjama absorbant pour les enfants et les adolescents atteints d'énurésie nocturne (Peelou), collection de prêt-à-porter en fibre d'algues (Kear), dispositif de soutien des personnes en situation d'insertion dans le bâtiment... Le mouvement patronal joue sur son réseau pour mettre en relation les entrepreneurs en herbe avec des chefs d'entreprise qui peuvent les coacher dans le montage du business plan, pour trouver des lieux de fabrication ou encore préparer un bilan prévisionnel pour convaincre les banques.

Des ateliers opérationnels axés sur la croissance des entreprises

Telle est aussi la promesse du « Davos des banlieues ». Après une première journée de débats théoriques, le deuxième jour de ce grand raout s'organisera autour d'« ateliers opérationnels axés sur la croissance des entreprises ». Par exemple, le Médiateur des Entreprises, rattaché au ministère de l'Economie et des Finances, va animer deux grands formats, confie à La Tribune, Pierre Pelouzet, le haut-fonctionnaire à sa tête.

« Il y aura des ateliers à destination des entrepreneurs pour les aider à répondre aux appels d'offres, à parler à un acheteur de grand groupe ou encore à signer un contrat, mais également des rencontres acheteurs-fournisseurs. C'est notre savoir-faire que de faire se rencontrer des acteurs économiques et bâtir des relations de confiance et de business. »

D'autant que l'urgence est là: dans les banlieues, le taux de chômage est de 23%, de pauvreté de 40% alors même que 42% des habitants ont moins de 25 ans. Aziz Senni rêve, lui, déjà des deux prochaines étapes: une rubrique Choose banlieue au prochain sommet Choose France, et un label made in Banlieue sur le modèle du made in France.

L'exemple de Soraya Rahal à La Mosson (Montpellier)

Vingt-cinq ans que Soraya Rahal travaille avec les femmes du quartier de la Mosson (26.000 habitants), à Montpellier. Elle connaît par cœur leurs difficultés, leurs freins, leurs empêchements, leurs petits boulots, leur précarité. Leurs envies aussi.

« Quelques-unes se positionnent sur la création d'entreprise à partir de savoir-faire de la sphère domestique, cuisine ou couture, mais leur démarche ne va pas loin par manque de moyens, de professionnalisation et de réseaux professionnels », raconte Soraya Rahal qui a créé (en 2011) et dirige la structure associative Institut Méditerranéen d'études d'ingénierie et de formation (IMEIF).

Outre l'accompagnement de femmes vers des formations sur les métiers en tension du médico-social (aide-soignante, accompagnante éducative et sociale, auxiliaire de puériculture) ou vers un parcours professionnalisant dans les métiers du textile, Soraya Rahal et son équipe de dix salariés s'arc-boutent sur le projet de création d'une coopérative d'activité et d'emploi (CAE) féminine et solidaire en restauration.

Première étape : une couveuse d'activité, baptisée Shake Mama. Après un parcours semé d'embûches mais aussi d'entraide, elle vient de s'installer, en février, dans l'Espace Gisèle Halimi, réhabilité par la Métropole de Montpellier et vitrine de l'opération de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) Mosson.

« Le modèle de la couveuse repose sur deux axes. Un restaurant collectif géré par l'IMEIF où une dizaine de femmes travaillent cinq jours par semaine le midi, encadrées par une équipe qui les fait monter en compétence. Viennent y manger des salariés du bâtiment, de la métropole, du CCAS, des associations du quartier et quelques habitants. Le 2e axe, c'est la possibilité pour ces femmes d'accéder aux cuisines le reste du temps pour tester leur propre activité de restauration à emporter. C'est un modèle rare mais qui marche ! C'est une rampe de lancement énorme pour elles... En quittant la couveuse, elles pourront lancer leur food-truck ou aller travailler dans un restaurant ».

La couveuse est financée par l'Etat, la Métropole, la Région Occitanie et le Conseil départemental de l'Hérault. Un équilibre toutefois fragile qui a amené Soraya Rahal à faire une demande de prêt à France Active.

Cécile Chaigneau

Commentaires 6
à écrit le 28/03/2024 à 10:19
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Des davos des grenelle des hautes commissions et des comités theodule, alors qu'on vient de te dire que quand la dette aura roulé il manquera 100 milliards

le 28/03/2024 à 13:18
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l'etat farais mieux de sanctionner les consommateur de drogue et de doubler l'amende chaque infraction sans limite de somme

à écrit le 28/03/2024 à 8:22
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Ça ne veut rien dire "davos des banlieues". Certainement que cela se veut d'abord ironique mais pour cela il faudrait déjà comprendre de quoi Davos est le nom. Vous avez associé Davos à argent certes c'est indéniable mais ce osnt également les propri...

le 28/03/2024 à 8:38
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qui vas etre l'interlocuteur des banlieues les freres musulmans c'est aussi vrai que ce sont eux qui définissent la vision futur de l'education national mettre un proviseur en retraite plutôt que de dégager un recteur pour faute grave

le 28/03/2024 à 9:25
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C'est Sarkozy qui a interdit aux policiers et gendarmes d'avoir des activités avec les jeunes des banlieue alors que cela fonctionnait très bien alors que cela apaisait tous les acteurs. Mais comme nos politiciens ont abandonné la lutte contre la cri...

le 28/03/2024 à 9:26
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Et si je peux pas répondre à chatgpt et-c... merci.

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